Madame Vallaud-Belkacem, entend que la puissance publique exerce désormais une direction sur le contenu de l’enseignement scolaire dans le but de banaliser l’homosexualité. C’est ainsi que les manuels scolaires devraient être passés en revue pour y vérifier la représentation de ladite homosexualité : « Aujourd’hui, explique la ministre qui est porte-parole du gouvernement, au magazine Têtu, ces manuels s’obstinent à passer sous silence l’orientation LGBT (Lesbienne, Gay, Bi et Trans) de certains personnages historiques et auteurs, même quand elle explique une grande partie de leur œuvre, comme Rimbaud. » J’avoue que ces propos m’ont stupéfié, même si j’ai appris à encaisser des propos encore plus révoltants que ceux-là. Ce qui m’a stupéfié, c’est une prise de position qui se réclame de l’autorité de la puissance publique pour intervenir dans un domaine qui est celui des consciences.
Mais rapidement un mot sur l’exemple proposé. Pour autant que je me fie à mes propres souvenirs scolaires, rien ne nous était caché de la relation entre Rimbaud et Verlaine, à une époque où l’on était sans aucun doute plus pudique. Nous n’ignorions rien des orientations sexuelles d’un Proust ou d’un Gide. Madame Vallaud-Belkacem nous prend donc pour des esprits un peu demeurés. Mais de plus, si l’on s’intéresse au cas de ces deux poètes, même sur le terrain des orientations intimes, les choses sont infiniment plus complexes. Notre ministre ignore-t-elle que le second Rimbaud, l’aventurier qui avait quitté ses Ardennes pour les terres arides d’Abyssinie, s’était trouvé une compagne. Nos lycéens vont-ils être invités à réfléchir à ce changement d’orientation au risque d’un réel trouble dans l’idéologie LGBT ?
Mais j’en reviens au fond. Ce qui est gravissime, c’est ce que le philosophe américain Rawls aurait appelé le dévoiement de l’État impartial au profit d’une action idéologique particulière. Cela commence par une intervention violente en littérature et en histoire. Cela se prolongera-t-il dans l’obligation d’apprendre ce qu’Orwell appelait une novlangue, un nouveau langage obligatoire décrété par la police de la pensée ? Attention danger ! Le défi est grave, pour notre liberté et la défense de notre conscience.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 24 octobre 2012.
Pour aller plus loin :
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