Consensus sur le Panthéon ? - France Catholique
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Consensus sur le Panthéon ?

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Un étrange consensus semble régner à propos du Panthéon. Ne m’y suis-je pas moi-même rallié dans mon intervention d’hier en reconnaissant le bien-fondé d’un moment d’unanimité nationale ? Ce n’est pas être en règle avec l’histoire de faire croire, pourtant, que ce grand bâtiment mémoriel signifie purement et simplement l’unité substantielle de la nation. Dès l’origine, la sécularisation de l’église Sainte Geneviève marque une sérieuse césure historique. C’est la Révolution française qui veut inventer une nouvelle sacralité qui corresponde à son identité, et il n’est pas anodin que cela se fasse au moyen de la désacralisation d’une église catholique. Les différents régimes qui se succèderont au XIXe siècle marqueront leur différence par leur volonté de revenir à l’église Sainte Geneviève ou de confirmer la rupture révolutionnaire.

On pressent déjà toute l’ambiguïté du concept de laïcisation, puisqu’il y a une dimension métaphysique dans le statut que l’on donne ou on refuse de donner au Panthéon. Cette dimension, Philippe Muray l’a mise en évidence avec force, et presque cruauté, dans son essai mémorable intitulé Le dix-neuvième siècle à travers les âges. Il ne manque pas de rappeler que la croix qui dominait le dôme fut enlevée la veille de la panthéonisation solennelle de Victor Hugo. Le mage de Guernesey avait abondamment, lui aussi, joué avec les symboles et il se retrouvait à l’unisson de tout un courant qui se distingue dans une sourde opposition à l’eschatologie chrétienne. Muray parle de « théophobie dix-neuvièmiste ».

On n’en est plus là ? Je le souhaite sans en être tout à fait sûr. Il y a tout de même un problème pour les familles chrétiennes qui voient les leurs quitter leurs tombes pourvues d’une croix pour une nécropole dépourvue de signes religieux. C’est peut-être pourquoi deux au moins des cercueils d’hier étaient vides, les dépouilles mortelles des deux résistantes honorées demeurant, si j’ose dire, en terre chrétienne. Elles n’en sont pas moins républicainement présentes au Panthéon.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 28 mai 2015.