Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ?
Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ?
Les réflexions des mortels sont incertaines,
et nos pensées, instables ;
car un corps périssable appesantit notre âme,
et cette enveloppe d’argile
alourdit notre esprit aux mille pensées.
Nous avons peine à nous représenter ce qui est sur terre,
et nous trouvons avec effort ce qui est à notre portée ;
ce qui est dans les cieux, qui donc l’a découvert ?
Et qui aurait connu ta volonté,
si tu n’avais pas donné la Sagesse
et envoyé d’en haut ton Esprit Saint ?
C’est ainsi que les sentiers des habitants de la terre
sont devenus droits ;
c’est ainsi que les hommes ont appris ce qui te plaît
et, par la Sagesse, ont été sauvés.
Nul ne peut dire quoi que ce soit de Dieu, si cela ne lui est montré d’en haut. Révélation ! Voilà le grand mot : Dieu a parlé, car Dieu seul parle bien de Dieu.
Tout au plus son existence, au vu de l’œuvre qu’il a accomplie dans la création, peut-elle être entrevue par les hommes de bonne volonté. Mais on n’irait pas bien loin, si le Seigneur n’avait décidé de nous rejoindre à travers sa Parole déposée dans l’histoire, dont les écritures se font l’écho avec toute la Tradition de l’église.
Dieu éveille nos cœurs
Mais le passage que nous entendons ce dimanche ne parle pas seulement de la Révélation objective confiée à l’église, il nous dit plus : Dieu nous a fait part de sa Sagesse et de son Esprit Saint. La Sagesse – qui dans la Bible n’a rien à voir avec celle des enfants sages – c’est ce que pense Dieu, sa souveraine connaissance de tout ce qui existe et donc aussi de notre vie. Son Esprit, c’est le mouvement intérieur de son être, qui peut aussi devenir l’hôte de nos âmes, l’inspirateur de notre action. Dieu n’agit pas seulement en nous donnant une loi extérieure, il éveille nos cœurs. Et plus nous sommes proches de lui, plus il nous communique ses pensées.
Cette deuxième révélation est aussi importante que la première, car nous pouvons avoir appris qu’il faut aimer Dieu de tout son être, et ne pas savoir comment faire. Bien sûr, le Seigneur ne va pas dicter le détail de notre conduite par un décret correspondant à chaque décision à prendre.
Mais il jalonnera la route d’appels successifs, comme Jacob qui découvre peu à peu son chemin et dresse au lieu de la rencontre une stèle, qui servira ensuite de témoin. Parfois nous nous éloignons, mais Dieu continue de nous faire désirer cette marche avec lui. D’autres signes viennent nous dire qu’il est toujours là présent. Et nous retrouvons le chemin.
Nous restons des enfants
L’idéal n’est pas l’autonomie. Nous resterons toujours des enfants devant Dieu. Nous aurons toujours besoin de lui, et même de plus en plus. Ce n’est pas comme le modèle humain de la paternité, où l’on quitte un jour la maison familiale pour faire sa vie d’adulte.
C’est pourquoi s’entremêle si souvent, chez les prophètes, le thème nuptial. Le Seigneur a ouvert des possibilités, il fait des dons qui peuvent modeler notre vie – ce qu’on appelle des vertus. Mais cela ne dispense pas de mendier jour après jour la lumière, qui nous aide à conformer notre vie à sa douce et sainte volonté.
Il sera toujours là pour nous inspirer, mais ses appels et son soutien deviendront de plus en plus intérieurs, si nous faisons ce qu’il faut pour lui être fidèle à chaque étape. Une réelle proximité de pensée et de désir se formera progressivement, comme dans un couple très uni. C’est pourquoi le Curé d’Ars, à la fin de sa vie, trouvait que le Bon Dieu lui obéissait toujours. C’était tout simplement que sa volonté s’était si complètement modelée sur la sienne, qu’il le rejoignait à chaque instant.