Conçu seulement pour mourir ? L'avortement et les « grossesses médicalement vaines » - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Conçu seulement pour mourir ? L’avortement et les « grossesses médicalement vaines »

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« Je ne porte cet enfant que pour le porter en terre » disait une femme de Louisiane. L’enfant récemment conçu qu’elle portait avait reçu le diagnostic d’acranie, une malformation prénatale qui empêche le crâne de se développer. Les partisans de l’avortement ont récupéré ces cas déchirants comme moyens de chantage affectif afin de garder légal l’avortement.

« Des grossesses médicalement vaines », c’est l’euphémisme utilisé pour désigner les enfants destinés à mourir in utero ou immédiatement après la naissance. Les partisans de l’avortement prétendent qu’il est mieux pour la mère et l’enfant d’interrompre rapidement la grossesse par un avortement plutôt que prolonger la souffrance physique et émotionnelle qu’une mort à la naissance peut procurer.

La période du début de grossesse reste un des grands mystères de la nature, quelque chose que le pouvoir technocratique humain ne peut résoudre. Les fausses couches du premier trimestre sont fréquentes et nous ne pouvons pas y changer grand chose. Des anomalies fœtales mortelles telles que l’acranie, bien que rares, ne peuvent être soignées par une intervention humaine. Un avortement spontané est traumatisant quel que soit le stade de la grossesse et son inévitabilité génère la question : pourquoi l’Auteur de la Vie permettrait-il que la joie de l’attente soit si rapidement suivie d’une souffrance déconcertante ?

Mon enfant a-t-il été conçu pour mourir ? Sans la foi, il est extraordinairement difficile de faire face à cette réalité. Le non-croyant, qui refuse de voir la providence de Dieu agissant dans le monde, peut répondre de deux manières. Si la mort est inévitable et que la vie de l’enfant n’a pas de raison d’être, il peut bien hâter cette mort par l’avortement.

Mais il pourrait également conclure que si une vie courte n’a pas de raison d’être, il en est de même pour une vie longue. Qu’est-ce qui fait que la vie « vaut la peine » après tout ? Une durée de 80 ans ? La réussite financière et un minimum d’accomplissements humains ? Qu’en est-il si une personne n’est pas à la hauteur de ces critères ? Sa vie « vaut-elle la peine » ? La peine de quoi d’ailleurs ? Et quelle sorte de bien est une réussite mondaine si elle ne peut pas nous suivre dans la tombe ?

Dans un sens, c’est vrai, nous avons tous été conçus pour mourir, certains d’entre nous plus vite que d’autres. Mais les chrétiens savent que la mort est le passage vers la vie. « C’est une chose de vivre comme si on était sur le point de mourir, c’en est une autre de mourir comme si l’on était sur le point de vivre » conseillait Saint Jérôme à son ami endeuillé Héliodore. « L’homme ancien mourra sans gloire ; l’homme nouveau mourra toujours dans la gloire. »

Les croyants, bien que bouleversés par le chagrin de l’avortement spontané ou de l’enfant mort-né, se confient et confient leurs enfants à la miséricorde de Dieu qui leur insuffle l’espérance de pouvoir un jour embrasser au Ciel les tout-petits qu’ils n’ont pu embrasser sur la terre. La joie non réalisée de devenir parents est transformée par la gloire de Dieu en un amour au-delà de toute expression. C’est le sens de notre prière. Dans la providence de Dieu, aucune grossesse, aucune vie n’est futile.

Au plan surnaturel, c’est clair : nous ne devons pas tuer par avortement aucun de ces tout-petits que nous espérons voir au Ciel. Il est préférable que Dieu autorise qu’ils souffrent brièvement plutôt que de souffrir un cruel destin aux mains des hommes. Nous devons céder devant ce que nous ne pouvons contrôler – le pouvoir sur la vie et la mort appartient à Dieu seul. Nous pouvons seulement nous écrier comme Job : « le Seigneur a donné, le Seigneur a repris, que le nom du Seigneur soit béni. » (1:21)

Au plan naturel, s’opposer à l’avortement des fœtus non-viables n’est pas moins évident. Il y a un fait répugnant que les partisans de l’avortement ne veulent pas considérer : l’avortement implique de pénétrer dans la filière génitale et de démembrer l’enfant. Au lieu de descendre avec dignité la filière génitale, comme le ferait même un enfant mort-né, l’enfant avorté est mis en pièces. Au lien d’entrer dans le monde et ensuite dans la tombe avec des funérailles appropriées, l’enfant avorté, méconnaissable au point de ne plus ressembler à un enfant, est évacué avec les « déchets hospitaliers ».

Alors, l’avortement procure-t-il réellement moins de souffrance pour la mère et pour l’enfant assassiné ?

Dans le roman de science-fiction de Walter M. Miller Jr. Un Cantique pour Leibowitz (1959), le père abbé Dom Zerchi conseille à une femme de ne pas euthanasier son enfant empoisonné par les radiations après un désastre nucléaire. Le père abbé lui parle de son expérience d’enfant avec l’euthanasie d’un chat, un processus qui, contrairement aux promesses de ses parents et de ses amis, avait été tout sauf « rapide et sans souffrance » pour le chat – et également pour lui.

La femme n’étant toujours pas convaincue de laisser son enfant mourir de façon naturelle, le père abbé élève la voix et va au cœur du sujet : « Comme prêtre du Christ, je te commande, par l’autorité du Dieu tout-puissant, de ne pas porter la main sur ton enfant, de ne pas offrir sa vie en sacrifice à un faux dieu de miséricorde utilitaire ».

Il y a une différence colossale entre laisser la nature suivre son cours et la contrecarrer pour satisfaire la demande de nos petites personnes égoïstes. Avorter les bébés qui ont une courte espérance de vie est une miséricorde utilitaire destinée à nous dissimuler à nous-mêmes la réalité douloureuse de la perte de la vie. « Si nous en finissons là, tout de suite, nous pourrons oublier et passer à autre chose. »

Nous ne devons pas succomber aux mensonges de la Culture de Mort. Nous ne devons pas croire que c’est l’utilité qui fait qu’une vie est bonne. Nous devons au contraire être des héros face à la tragédie. Nous pouvons accepter la mort comme une réalité de notre monde déchu, même si cela nous déchire intérieurement.

« J’attendrai la mort et la considérerai comme un mal passager puisqu’un grand résultat suivra » écrit Saint Jérôme. L’Auteur de la Vie permet que la mort soit le passage vers la vie éternelle. Supportons notre désarroi et rencontrons le Seigneur à ce moment-là, selon Ses conditions – et non selon les nôtres.