Conclusion de l'année sacerdotale - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Conclusion de l’année sacerdotale

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S’il fallait retenir une image de la conclusion solennelle de l’année sacerdotale à Rome, ce serait celle de cette assemblée immense de milliers de prêtres en silence dans la nuit de Rome, sur le parvis de Saint-Pierre, tous absorbés par la présence réelle de leur Dieu dans l’Eucharistie, autour du Successeur de Pierre, lors de la veillée fraternelle de jeudi soir, 10 juin. Et de ce centre émanait une douce lumière.

Et l’image du Pape agenouillé, au terme de la messe de la fête du Sacré-Cœur, vendredi, 11 juin, au pied de l’icône de Marie, « Salut du Peuple romain », pour consacrer à la Vierge tous les prêtres du monde, comme il l’avait fait à Fatima, le 12 mai dernier.
Et puis l’image d’une femme, sœur Briege McKenna, choisie parmi les disciples de sainte Claire pour ce ministère auprès des prêtres, accueillant inlassablement chacun de ceux qui demandaient sa prière pour être renouvelés dans l’Esprit Saint de leur sacerdoce, guéris, réconfortés, libérés.

Parents, priez pour vos enfants

Ou bien cette famille allemande, dont le papa confie comment, jeune étudiant, il s’est mis à prier pour sa future femme. Et comment, devenu père, il a prié pour la vocation de ses six enfants, avec le désir que Dieu choisisse l’un de ses fils comme prêtre : l’un d’eux est déjà ordonné, un autre est séminariste, une fille est vierge consacrée, deux autres sont mariés et le dernier enfant encore à l’âge où les choix sont ouverts. Mais tous les six ont la foi chevillée au corps : je ne donne pas la recette, je ne la connais pas, confie la maman, mais nous prions tous les jours en famille. Elle sourit en faisant allusion à la prière de son mari : si vous voulez des petits enfants, priez pour cela aussi !

Ou encore, – en cette année de la révélation violente du péché, pour s’en purifier, le rejeter vigoureusement -, les files de prêtres attendant, à Saint-Jean-du-Latran, devant les grands confessionnaux de bois, où Dieu a choisi de répandre dans les cœurs l’eau vive de sa miséricorde qui lave et fortifie, qui pardonne et donne la force de pardonner.
En effet, au terme de cette Année sacerdotale – dont le cardinal Claudio Hummes a dit qu’il voudrait bien qu’elle ne finisse pas ! -, marquée par la révélation du péché et le besoin de purification, Benoît XVI évoque « l’audace » de Dieu qui confie un si grand « don » aux prêtres : le sacerdoce, son unique sacerdoce, grâce auquel il se fait proche de chacun.

La brûlure du soleil se faisait sentir vendredi matin, sur les quelque 20 000 personnes présentes à cette grande fête du sacerdoce ordonné, dont 15 000 prêtres de 97 pays, 80 cardinaux, et quelque 300 évêques.

Ce qu’aucun être humain ne peut faire

Dans son homélie, le Pape fait observer que le sacerdoce, ce n’est pas un « job » comme un autre, avec ses horaires, c’est un sacrement qui saisit toute la personne et toute la vie : le prêtre « fait quelque chose qu’aucun être humain ne peut faire de lui-même ».
Tel est, explique le Pape, le pouvoir que le Christ ressuscité confie à chaque prêtre, de pouvoir dire en son nom « je te pardonne », « voici mon corps, voici mon sang », le pouvoir de prononcer « des paroles qui ouvrent le monde à Dieu et l’unissent à Lui ».
Et voilà en quoi consiste l’audace de Dieu : « Dieu se sert d’un pauvre homme pour être, à travers lui, présent pour les hommes et agir en leur faveur », et « cette audace de Dieu qui se confie à des êtres humains et qui, tout en connaissant nos faiblesses, considère les hommes capables d’agir et d’être présents à sa place – cette audace de Dieu est la réalité vraiment grande qui se cache dans le mot « sacerdoce ». »
Benoît XVI s’émerveille que Dieu « appelle les hommes à son service » et « de l’intérieur, se lie à eux ». Audace d’un « Dieu proche » qui « se confie à notre faiblesse ».

L’enjeu, c’est la présence de Dieu dans le monde

De fait, la « mise en lumière du sacerdoce » proposée par l’Année sacerdotale a été l’objet d’un combat. Le Pape évoque « l’ennemi » spirituel du genre humain qui « aurait préféré voir le sacerdoce disparaître ». Ainsi Dieu serait lui-même « repoussé hors du monde ».
Benoît XVI aborde sous cet angle la révélation dramatique des cas « d’abus à l’égard des petits ». On voit alors, déclare le Pape, que « le sacerdoce, chargé de témoigner de la prévenance de Dieu à l’égard de l’homme, se trouve retourné en son contraire ». C’est le contraire de l’amour : « Il ne s’agit pas d’amour, quand on tolère des comportements indignes de la vie sacerdotale ».

Le Pape choisit cette célébration en direct devant les télévisions du monde, pour demander à nouveau pardon : « Nous aussi nous demandons avec insistance pardon à Dieu et aux personnes impliquées ». Plus encore, il dit les mesures prises dans l’Église pour que cela n’arrive « plus jamais », dans l’admission au ministère sacerdotal et dans la formation, dans l’accompagnement permanent des prêtres, « afin que le Seigneur les protège et les garde dans les situations difficiles et face aux dangers de la vie ».

Le don du sacerdoce est reçu « dans des vases d’argile » : « Ce qui est arrivé est un devoir de purification, un devoir qui nous porte vers l’avenir et qui, d’autant plus, nous fait reconnaître et aimer le grand don de Dieu. De cette façon, le don devient l’engagement de répondre au courage et à l’humilité de Dieu par notre courage et notre humilité ».

Il est là

C’est l’humilité même du Cœur du Christ, qui est proche et ne laisse personne à sa solitude : « Dieu prend personnellement soin de moi, de nous, de l’humanité. Je ne suis pas laissé seul, perdu dans l’univers et dans une société devant laquelle on demeure toujours plus désorientés. Il prend soin de moi. Il n’est pas un Dieu lointain, pour lequel ma vie compterait très peu […] Dieu me connaît, m’aime et se préoccupe de moi […]. Cette pensée devrait nous rendre véritablement joyeux. Laissons cela pénétrer profondément en nous ». « Il est là ! », disait le curé d’Ars. « Il est là ! », chantait la foule du Latran.

Mais c’est aussi ce que Dieu demande à ses prêtres : « Dieu veut que nous, en tant que prêtres, en un petit point de l’histoire, nous partagions ses préoccupations pour les hommes. En tant que prêtres, nous voulons être des personnes qui, en communion avec sa tendresse pour les hommes, prenons soin d’eux, leur permettons d’expérimenter concrètement cette tendresse de Dieu ». Même dans la « nuit » de la mort, le Christ accompagne l’humanité : « Là aussi, il ne nous abandonne pas. Là aussi, il nous guide ». Même dans la « vallée obscure » faite de « tentation », « découragement », « épreuve ».

C’est le réconfort qui jaillit du Cœur du Christ pour que chacun puisse réconforter le monde : « Chaque chrétien et chaque prêtre devrait, à partir du Christ, devenir une source qui communique la vie aux autres. Nous devrions donner l’eau de la vie à un monde assoiffé ».

Le courage de prier

Pourtant, si le sacerdoce est si vital pour l’Église et pour l’humanité, comment remédier au manque de vocations ? Le Pape a répondu, au cours de la veillée, qu’il faut avoir le « courage » de « prier avec insistance et détermination, avec conviction, car Dieu ne s’enferme pas dans les temps que nous avons prévus ».

Et il faut des communautés chrétiennes où les jeunes pourront laisser mûrir leur vocation. Surtout, il faut des prêtres enthousiastes et convaincus, « brûlants d’amour pour le Christ ».

Tel est le témoignage du saint curé d’Ars qui disait : « le sacerdoce, c’est l’amour du Cœur de Jésus ». Cette Année sacerdotale fêtait les 150 ans de sa naissance au Ciel et Benoît XVI a célébré l’eucharistie avec le calice du bon curé. Et le sourire de Jean-Marie Vianney embrassait la foule de la place Saint-Pierre, depuis l’immense tapisserie flottant à la loggia des bénédictions.