Comment redonner sa grandeur à l’Amérique - France Catholique
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La justice de Dieu
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Comment redonner sa grandeur à l’Amérique

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Nos pères fondateurs ne voulaient pas qu’une religion donnée soit la religion nationale, mais n’avaient jamais envisagé que l’Etat soit areligieux. Il ne leur est jamais venu à l’esprit que leur pays deviendrait une nation sans religion ni que l’éducation serait divorcée de la religion et de la morale.

Cela s’explique à l’évidence parce qu’aucun signataire de la Déclaration d’indépendance n’avait été éduqué dans une école non-confessionnelle. Pendant un siècle, aucun président des Etats-Unis n’a reçu une éducation purement laïque. Il est vrai que le premier amendement de la Constitution stipule que le Congrès ne fera aucune loi établissant une religion nationale. Car il y avait une religion établie dans dix des treize colonies : le congrégationalisme dans trois d’entre elles et la religion épiscopale dans les sept autres. Mais le même amendement stipulait que le Congrès ne ferait aucune loi interdisant le libre exercice d’une religion.

Dans l’Ordonnance du Nord-Ouest de 1787, notre Gouvernement déclare que « les écoles et les moyens d’enseignement seront toujours encouragés » parce que « la religion, la moralité et la connaissance » sont nécessaires pour un bon gouvernement et le bonheur de l’humanité. Il n’est pas vrai non plus, comme on l’insinue parfois, que les écoles religieuses ne sont pas vraiment américaines. Une école luthérienne qui enseigne la religion, tout comme une école baptiste ou une école catholique qui l’enseignent, sont des écoles publiques, bien que financées par ces différents groupes religieux.

Pourquoi est-il plus important aujourd’hui qu’à n’importe quel autre moment de réintégrer la religion et la moralité dans l’éducation ? Parce que nous entrons dans une nouvelle ère de l’histoire dans laquelle la plus grave menace pour la liberté de l’homme est l’omnipotence de l’Etat. Dès qu’une nation cesse de croire, elle commence à obéir. Comme William Penn nous a prévenus : « Les hommes doivent être gouvernés par Dieu, ou ils seront dominés par des tyrans ».

Le choix offert au monde est donc le suivant : la vérité ou le pouvoir, soit, en d’autres termes, vivre selon la vérité de Dieu ou dépendre du pouvoir de l’Etat. Nous abordons une période de toute-puissance : nous devrons soit vivre sous la toute-puissance de Dieu soit nous incliner sous le pouvoir absolu de l’Etat.

Quand Hitler est arrivé au pouvoir en 1933, les premiers à capituler ont été les professeurs et la seule force qui n’a jamais capitulé est la religion, comme en témoignent les évêques catholiques 1] et le pasteur Niemoller. Ce sont les professeurs qui ont laissé abolir l’administration indépendante des universités, celles-ci ne s’opposant nullement aux élections par l’Etat des recteurs et des doyens qui leur étaient imposées.

Ce fut une grave déception pour tous ceux qui considéraient les universités allemandes comme les protectrices du droit et de la justice ; mais quand on considère l’étendue de la spécialisation et l’abandon général d’une philosophie unifiée de la vie, il ne restait plus un seul concept autour duquel elles auraient pu se rallier.

En cas de crise dans un pays où le totalitarisme sous une forme quelconque menace la liberté de ses citoyens, les premiers à capituler seront toujours les éducateurs areligieux. Pourrait-il en être autrement ? Non, car sans avoir la Foi, comment peut-on s’opposer à une autre foi ? Seules les écoles qui dispensent une formation morale et religieuse pourront mettre en question le droit de l’Etat de dominer l’âme humaine.

C’est pourquoi pour sauvegarder la démocratie et la liberté en Amérique, il convient de développer la formation morale et religieuse au lieu de la supprimer en lui imposant des frais excessifs. Rien ne saurait justifier que les écoles américaines qui enseignent la religion et la moralité soient pénalisées à cause de leur patriotisme ni qu’elles soient les seules à supporter toutes les dépenses qu’elles encourent pour donner à la nation les deux appuis sans lesquels, comme Washington, nous l’a appris, une nation ne peut survivre.
Il n’est ni juste ni démocratique de ne financer que les aspects non-religieux de l’éducation. L’élève d’une école religieuse peut emprunter des rues entretenues par des fonds publics, mais ne peut, dans de nombreux cas, se rendre à son école dans un bus scolaire financé par des fonds publics.
L’Etat aménage des chapelles pour ses citoyens qui se retrouvent dans des pénitenciers ; pourquoi ne pas construire quelques écoles pour les empêcher grâce à la discipline morale de se retrouver dans un pénitencier ?

Nous préparons une armée de dix millions d’hommes pour aller défendre la liberté et la justice chrétiennes sur les champs de bataille. Ne devrions-nous pas leur parler un peu de cette liberté chrétienne avant de leur confier un fusil ?

Un gouvernement « du peuple, pour le peuple et par le peuple » [discours de Gettysburg prononcé par Lincoln le 19 novembre 1863] devrait respecter la volonté de ceux qui croient dans la religion et la morale, même s’ils sont minoritaires, car une démocratie n’est pas la gardienne des privilèges de la majorité, mais la garante des droits des minorités.

Ne serait-ce pas une bonne idée pour l’Amérique que de cesser de parler du droit de pratiquer un culte et de commencer à parler du devoir d’en pratiquer un ? Depuis 150 ans nous célébrons notre Déclaration des droits. Pourquoi ne pas célébrer notre Déclaration des devoirs ? Les dix premiers amendements de la Constitution sont notre Déclaration des droits ; les Dix commandements de Dieu sont notre Déclaration des devoirs.

Dieu fasse que l’Amérique ne néglige pas ses devoirs envers Dieu qui nous a donné nos droits ; que les parents comprennent que, quand Dieu a crée chacun de leurs enfants, Il a préparé pour chacun une couronne au ciel et qu’une couronne non attribuée témoigne de leur irresponsabilité et les soumet à un jugement sévère ; que les enfants prêteront l’oreille à l’appel de Celui qui a dit : « Laissez les petits enfants venir à Moi… car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent ». (Marc 10, 14)

Encore une génération d’éducation areligieuse et nous aurons la tyrannie ; mais si nous avons la religion et la moralité dans l’éducation, c’est notre pays qui exercera la plus puissante influence pour la paix dans le monde. L’Amérique sera alors grande. Et nous l’aimerons non pas parce qu’elle est grande ; elle sera grande parce que nous l’aimerons au nom de Dieu et c’est ce qui est à l’origine de toute grandeur.

Jeudi 24 novembre 2016

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/11/24/how-to-make-america-great/

Photographie :Page de couverture du Saturday Evening Post du 27 novembre 1943 (à l’occasion de Thanksgiving) : jeune recrue en prière

Fulton John Sheen est né à El Paso (Illinois) le 8 mai 1895. Après des études au séminaire de Saint Paul au Minnesota, il fut ordonné prêtre en 1919. Il poursuivit sa formation à l’Université catholique d’Amérique à Washington et obtint ensuite un doctorat en philosophie à l’Université catholique de Louvain. En 1930, il lança un programme radiophonique du dimanche (The Catholic Hour) et en 1951, devenu évêque, un programme télévisé (Life is Worth Living) qui devint l’un des programmes de télévision les plus cotés d’Amérique, ce qui lui valut un Emmy Award. Il fut nommé archevêque par le pape Paul VI en 1969 et mourut le 9 décembre 1979. Il est enterré dans la crypte de la cathédrale Saint Patrick de New York et il a été béatifié par Benoît XVI le 28 juillet 2012.

  1. [et le futur Benoît XVI