Comment l’Occident a vraiment perdu Dieu - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Comment l’Occident a vraiment perdu Dieu

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Mes fils ont grandi dans une communauté aisée, à une demi-heure de train de la plus grande ville des Etats-Unis. Les écoles y sont bonnes, mais ma femme et moi avons décidé de bonne heure que nous n’abandonnerions pas à des éducateurs les responsabilités qui nous incombaient. On peut dire que les garçons ont été à l’école à la maison et éduqués par la société.

Au début de ma carrière d’éditeur, j’ai travaillé sur un livre fantastique traitant du rôle des parents. Ce livre était en partie une attaque sur la manière d’élever les enfants préconisée par des groupes tels que le Better Baby Institute de Philadelphie, qui encourageait à donner aux bébés un enseignement accéléré et soutenu. Ceux-ci, trop tendus, oubliaient plus tard la plupart de ce qu’ils avaient appris. Le principe du livre que j’éditais était : rendez vos enfants intelligents en les aimant.

Si nous convenons que c’est vrai, cela suggère que la famille est le creuset de gens stables, fidèles, aimants et, inversement, que l’éclatement de la famille peut produire des gens instables, naïfs, et en colère – et une société qui leur ressemble.

Bien que ce ne soit pas intrinsèquement, la théorie du nouveau livre de Mary Eberstadt, How the West Really Lost God : A New Theory of Secularization (Comment l’occident a vraiment perdu Dieu: nouvelle théorie de la sécularisation), je pense qu’elle serait d’accord en substance avec ce que j’ai écrit plus haut. Je n’ajouterai qu’une autre note plutôt funeste avant de traiter le contenu du livre remarquable, puissant et visionnaire de Madame Eberstadt.

En 2011, le pourcentage de toutes les naissances de bébés vivants chez les Américaines célibataires dépassait 40%. Parmi les Afro-Américaines, il était de plus de 72% (Banque de données sur les tendances pour l’enfant). (Le taux national était d’environ 5% en 1950, ce qu’il est historiquement pour beaucoup de sociétés pré-modernes.) Vous vous souvenez peut-être de la conférence de presse que le cardinal Timothy Dolan et d’autres leaders religieux de la ville de New York ont tenue l’année même où ils déploraient que près de 40% de toutes les grossesses de la Grosse Pomme 1 se terminaient par un avortement ; parmi les Afro-Américaines, le taux d’avortements dépasse 60%.

Aucune personne raisonnable ne peut regarder ces données et penser qu’elles sont autre chose que les symptômes d’un grand désastre pour les communautés concernées.

Mais, comme le montre Madame Eberstadt, de telles données sont des symptômes et non des causes, et alors que de nombreux facteurs influencent les crises sociales (« l’urbanisation, l’industrialisation, la croyance et l’incroyance, la technologie, la diminution de la population… ») le plus important est sûrement le déclin de la vie de famille stable, qui suit plus ou moins exactement le déclin de la foi en Dieu.

La foi et la famille forment toutes les deux la fondation de la civilisation et de la civilité, des cultures fortes et des gens forts, qui peuvent supporter les autres crises de la société mais dont l’affaiblissement menace de l’effondrement de tout .

Par une phrase effrayante, Mme Eberstadt résume succinctement la spirale descendante :

« Autrement dit, le changement de la famille a favorisé l’étatisme – et l’étatisme à son tour a favorisé le déclin de la famille ».

Le scepticisme moderne au sujet de Dieu est un feu qui couve depuis des siècles ; l’indifférence actuelle à la famille est comme de l’huile jetée sur ce feu.

La cause de Mme Eberstadt est solide, bien que le problème de la poule et de l’œuf ne soit pas résolu. Il est clair qu’elle pense que le déclin de la famille (mesuré en partie par des chiffres : les mariages, les divorces, les avortements, le taux d’utilisation des contraceptives, etc.) a eu plus d’influence sur la perte de la foi que les sciences humaines ne lui en accordent en général.

Pendant tout un chapitre, elle explique que les déclarations sur la montée du sécularisme – la diminution de la foi (spécialement de la foi chrétienne) – n’expliquent pas que la foi n’est évidemment pas moribonde – de toute façon pas selon les prévisions des Cassandres modernes familières, de Nietzsche et des autres.

La croyance persiste parce qu’elle est vraie. Pourtant même les sociétés qui professent avec vigueur qu’elles croient en Dieu peuvent s’écrouler, et elles sont en train de s’écrouler, sauf dans les endroits où les familles sont robustes.

L’expression la plus simple, comme le dit Mme Eberstadt, est celle-ci :
« Plus de Dieu veut dire plus de bébés ; moins de Dieu veut dire moins de bébés. » Le fond de son raisonnement est que la foi manque quand la famille manque, et non le contraire. Rien ne précède Dieu, mais la famille vient avant la foi, au moins du point de vue de chaque nouveau membre de la famille.

Mais la foi est-elle vraiment produite par la famille ? Nous sentons intuitivement que c’est le contraire : que la foi conduit à donner de l’importance à la maternité, et les data montrent certainement que les communautés les plus religieuses et pratiquantes ont les familles les plus nombreuses et les plus stables.

Mme Eberstadt ne suggère pas que la croyance en Dieu est toujours un facteur secondaire de la santé et du bonheur des individus et des communautés. Elle suggère simplement que la croyance en Dieu se développe souvent et trouve son influence propre à l’intérieur de la famille, qui soutient et agrandit la croyance.

Ainsi parmi les Protestants Fondamentalistes, les Catholiques attachés aux traditions, les Juifs orthodoxes, et les Musulmans engagés les familles nombreuses sont plus généralement la norme, mais – comme Mary aime le dire en arrivant à une conclusion – et alors ?

Eh bien, dans la Chrétienté au moins, le facteur famille (mère-père-enfant) crée un lien d’amour profond – lui-même le cœur de la foi : dans la Trinité et l’Eglise fondée par Jésus. Sans un tel lien, la foi est affaiblie et la société en danger.

Je comprends que nous devrions faire grande attention – beaucoup plus même que nous ne le faisons déjà – aux forces de la société qui cherchent à détruire le mariage traditionnel. Et la plupart d’entre nous faisons attention, mais notre libéralisme américain fondamental nous aveugle peut-être et nous ne voyons pas la force démoniaque derrière ce mouvement vers le changement.

La bonne nouvelle, si c’est une bonne nouvelle, c’est que la famille et la foi ont eu des hauts et des bas durant toute l’histoire, et la diminution actuelle des grossesses et de la pratique religieuse peut être renversée. La réalisation d’un tel espoir ne fera pas beaucoup de différence en fin de compte, mais le signe avant coureur d’un avenir plus souriant pourrait changer les attitudes envers l’avortement.

Si cela arrive, Mary Eberstadt a changé la conversation. On dit qu’une propriété à vendre doit avoir trois qualités, « l’emplacement, l’emplacement, l’emplacement. » Nous dirons qu’un avenir culturel vraiment saint se mesure à la famille, la famille, la famille.


Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/how-the-west-really-lost-god.html

Photo : Mary Eberstadt

  1. « The Big Apple » = New York