Concluant provisoirement la querelle qui a agité les catholiques américains ces derniers temps, – Joe Biden peut-il communier alors qu’il soutient le droit à l’avortement ? –, les évêques ont évité de prendre de front le président des États-Unis, mais ils ont mis l’accent sur les principes qui doivent guider l’Église dans son rapport au monde. Le tout assorti d’une campagne de relance de la piété eucharistique et de la « cohérence » qui lui est liée. De quoi s’agit-il ? De mettre en conformité ses actes avec la foi et l’enseignement de l’Église, pour pouvoir recevoir dignement ce sacrement.
C’est valable pour les responsables politiques, de par leur position publique et parce que leurs décisions engagent tout un pays. Mais c’est vrai aussi pour chacun, confronté à ce divorce entre la foi et la vie déjà dénoncé par Paul VI. L’abbé Joseph Ratzinger, lui, parlait dans les années 1950 de chrétiens « devenus véritablement païens », trop temporels et pas assez spirituels.
Communier : un droit ou un don ?
Certes, depuis le pape Pie X, la communion fréquente est fortement recommandée aux fidèles, et c’est heureux qu’il ne faille pas attendre d’être « pur » pour bénéficier du précieux viatique. Car autrement, personne ne le pourrait. Mais n’a-t-on pas perdu, depuis plusieurs décennies, ce sens de la « cohérence » chrétienne ? Au point de considérer la communion eucharistique comme un « droit », et non comme un don reçu de la grâce divine ?
Cette question, en réalité, trouve son origine, dès le début du christianisme, dans la figure du Christ, pierre angulaire de l’histoire, mais aussi pierre d’achoppement et objet de contradictions. Ainsi au IVe siècle, le conflit théologique et politique majeur de l’arianisme avait mis en jeu une conception de la foi au Christ très dégradée. Cette hérésie s’est ensuite perpétuée à travers l’histoire en se transformant : à force de considérer que le Christ n’était pas vraiment Dieu – ou d’une nature inférieure au Père –, on en vient à penser, comme c’est souvent le cas aujourd’hui, qu’il est un vague surhomme, et la foi une réalité humaine qui se confond avec une espérance purement temporelle.
C’est pourquoi il est heureux que la nouvelle traduction du Credo revienne à la formulation, plus précise, de « consubstantiel » s’agissant de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme : le Christ n’est pas seulement « de même nature » que le Père, il ne fait qu’un avec Lui. Car en rehaussant ainsi la figure du Christ, on fait un premier pas important pour sortir de la confusion spirituelle.
Et c’est aussi fondamental pour que l’Église retrouve sa place éminente dans nos sociétés. Sa liberté par rapport au pouvoir temporel dépend de la foi au Christ qui s’est fait homme à Noël, mais aussi qui, étant Dieu, reviendra juger la terre. L’église n’est ni un auxiliaire de justice, ni le supplétif d’un projet politique.
Institution divine, car fondée par le Christ et animée par l’Esprit Saint, elle est là pour annoncer aux hommes le Salut, la vie éternelle, et non un bonheur matériel, un paradis terrestre. Puissent nos pasteurs le rappeler avec audace au pouvoir politique, dans cette période électorale qui s’ouvre !
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Joe Biden et les Portes de l’Enfer
- Communion sur la langue et sur la main - Dispositions requises, notion de choix - Hygiène.
- A propos du projet de loi espagnol sur l’avortement
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918