Conformément à ma promesse, j’ai écouté hier le Président de la République, lors de sa conférence de presse, avec beaucoup d’attention. Je dois dire d’ailleurs qu’autant sur la forme que sur le fond je l’ai trouvé plutôt bon, pour une raison assez simple. François Hollande a parlé dans son registre à lui, sur son ton propre, sans forcer, sans effets de manche. Cela le rendait familier, proche, pédagogue, direct. L’intérêt de l’exercice, qui s’apparente à une sorte de performance, est de mettre les choses en perspective. Ce qui n’est pas superflu. Il n’est pas toujours évident de comprendre la cohérence d’une action politique ou d’une stratégie au travers de la multiplicité des mesures au jour le jour. Le propos du chef de l’État consistait à formuler le sens de l’ensemble, principalement dans sa déclaration liminaire mais aussi dans les explications circonstanciées qu’il développait en répondant aux questions des confrères.
Je ne formulerai pas ici de jugement global sur le bien-fondé de la politique économique suivie, non sans remarquer toutefois que le Président fait un pari sur un retour à la confiance. Cela est bien normal, mais ce n’est pas sans poser de sérieuses questions. Nous ne sommes pas près de sortir de la crise et les peuples européens les plus fragilisés ne sont pas au bout de leur cure d’austérité. Les économistes qui craignent que cette pratique des purges ne débouche sur une récession durable ne seront pas forcément rassurés. Mais comment procéder autrement sauf à sortir du cadre et des règles actuelles ? Suffira-t-il de préférer un socialisme de l’offre par rapport à un socialisme de la demande ?
Enfin, François Hollande ne pouvait pas ne pas évoquer les problèmes qui divisent et qui font mal, en premier lieu celui du mariage pour les homosexuels. Il a réitéré sa position conforme à son programme présidentiel, en ajoutant qu’il voulait laisser place à un vrai débat avant que le parlement prononce son verdict. Il a voulu apaiser ce débat, en se disant assuré que ce qui avait divisé sur le moment pourrait finalement susciter l’unanimité, en ralliant même ceux qui avaient combattu le projet. Je formulerais un autre avis. Et si dans dix ans, c’est la France et l’Europe qui constataient qu’elles avaient fait une énorme bévue et qu’il serait grand temps de se dégriser d’une idéologie mortifère ?
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 14 novembre 2012.