Citius. Altius. Fortius. - France Catholique
Edit Template
Noël : Dieu fait homme
Edit Template

Citius. Altius. Fortius.

Copier le lien
Départ de la finale du 100 m en 1896 à Athènes, lors des premiers jeux olympiques modernes.

Départ de la finale du 100 m en 1896 à Athènes, lors des premiers jeux olympiques modernes.

Ce sont les mots latins pour « Plus vite. Plus haut. Plus fort. » Avec un point après chaque mot. C’est exaltant.

Mais ce n’est pas, comme vous pourriez le penser, la devise olympique. De vrai, c’est la devise olympique originale, proposée par un dominicain français, le Père Henri Didon, et adopté par Pierre de Coubertin, son ami qui a ressuscité les Jeux aux temps modernes. Mais le 20 juillet 2021, le Comité International Olympique l’a corrigé en « Citius, Altius, Fortius – Communiter », c’est-à-dire « Plus vite, plus haut, plus fort – ensemble ».

Cette addition affaiblit la devise. Naturellement, l’excellence recherchée par les compétiteurs olympiques des origines était recherchée « ensemble » vu qu’il n’est guère possible de concourir avec soi-même. C’était évident. Alors pourquoi ce changement ? Parce que les Jeux Olympiques ont changé, de promotion du sport ils sont devenus promotion de la solidarité. La nouvelle devise, nous dit le CIO « met l’accent sur notre message de solidarité et la croyance que le monde va de l’avant seulement quand il le fait ensemble ».

Il se trouve que développer l’esprit sportif est légèrement plus difficile que développer un ressenti sentimental d’inclusion.

Il est certain que la promotion de la paix, surtout entre les nations européennes, était l’un des buts avoués de la renaissance des Jeux à Athènes en 1896. Ce but a été un raté manifeste en 1914. Un autre but était d’arrêter l’envahissement du sport professionnel, en unifiant les sportifs amateurs partout dans le monde. Un autre raté retentissant !

Mais la promotion d’un authentique goût pour le sport était toujours le principal but olympique. Le baron Pierre de Coubertin appliquait cet objectif à la Grèce dans son explication des premières Olympiades modernes : « Il est bien connu que les grecs ont perdu, durant leurs siècles d’oppression, le goût des sports physiques. » Minimisant l’importance de leurs danses et de leur lutte à mains nues, dit-il, « les hommes des villes en sont venus à ne connaître d’autre distraction que la lecture des journaux et des discussions politiques violentes autour des tables des cafés ». Des Jeux il disait : « Qui peut dire si, en augmentant notablement la vigueur des habitants de ce pays », une nouvelle période de force politique et de prospérité économique ne commencerait pas ?

La diffusion d’un goût général pour le sport était également l’espoir du Père Didon en ce qui concerne les Jeux Olympiques, ainsi que le révèle une conférence qu’il a donné au congrès olympique international du Havre en 1897.

Le Père Didon s’est fait un nom grâce à un apostolat fécond auprès de garçons de la région parisienne, à la manière de Saint Jean Bosco, et également par sa défense courageuse de l’indissolubilité du mariage. (Le divorce légal, disait-il, sape les idéaux de la démocratie française en sacrifiant le faible au fort et également en permettant à l’individualisme de primer sur le bien commun.)

Le Père Didon distinguait le goût pour la pratique sportive de ce que nous appellerions « les sports organisés ». Le goût pour les activités sportives qui lui tenant à cœur impliquait des sports organisés et dirigés par les participants eux-mêmes et non imposés d’en haut par des parents pleins de sollicitude. Les parents et les administrateurs scolaires devaient selon lui « être bienveillants, encourageants et prévoyants » dans leur parrainage, mais sinon donner aux élèves la place pour organiser leurs sports en toute liberté.

Le Père Didon avertissait : « Si vous formez des êtres passifs, qui ne font rien sans y avoir été forcés, comment voulez-vous constituer une véritable démocratie ? »

Il voyait quatre effets moraux principaux à un tel goût du sport :

Le premier est une augmentation du niveau d’activité physique chez le jeune. Cela est très bon en soi. Didon compare cela avec le principe que la pureté est proche de la piété : « Quand vous voyez des enfants inertes, physiquement paresseux, soyez sûrs qu’ils sont pareils au plan moral, et quand vous voyez des enfants actifs jusqu’à la turbulence, soyez sûrs qu’il y a en eux des vertus en germe. »

Le second effet obtenu par le goût du sport est « l’esprit de lutte et de combativité ». « Chez la majorité des enfants » remarque Didon, « on peut observer une paresse innée qu’il faut combattre à tout prix, parce que cette paresse innée se répand dans toutes les facultés et les endort, et de ce fait on trouve en eux une couardise originelle. L’enfant commence par être effrayé : l’humanité est tout d’abord craintive et timide. Elle doit montrer du courage et pour ce faire il est nécessaire de développer en elle l’esprit de combativité ». Il récapitule : « Les sports font prédominer l’esprit de combativité, c’est-à-dire l’esprit de valeur véritable et de bravoure qui sommeille chez les enfants. »

Il décrit le troisième effet comme « la force de l’endurance », mais il veut dire par là la force de la volonté, la capacité à accepter la rigueur et une certaine ténacité. Les étudiants sportifs auxquels il a affaire « savent comment se priver, et même se condamner à un régime rigoureux en vue d’un but plus haut ». Il croyait qu’un tel goût du sport chassait les addictions au plaisir.

Le quatrième effet, disait-il, est civique, en donnait aux étudiants des raisons de s’unir. Il disait avoir remarqué que ses étudiants s’associaient en coteries basées sur la classe, les goûts ou aversions, les relations familiales ou autres détails sans importance. Mais quand ils ont constitué une équipe, ils transcendent ces différences et œuvrent ensemble comme un seul homme.

N’est-ce pas cela le « ensemble » de la nouvelle devise olympique ? Le moderne CIO est-il revenu malgré lui à au moins un des idéaux partagés par le Père Didon ? Même pas ! Le bon Dominicain ne parle pas de tout le monde « se surpassant » ensemble, mais de s’affronter et de gagner ensemble. Et il a en tête la convivialité de l’équipe, pas une vague sentiment de solidarité avec tout le monde. L’analogue moderne serait les membres de l’équipe olympique des États-Unis qui laisseraient de côté les différences de classe sociale, de race, de religion pour s’unir simplement comme Américains face au monde.

De nos jours, deux tiers de la nation, regardant les Jeux Olympiques pour une majorité, sont en surpoids. Nous sommes visiblement passifs, drogués aux plaisirs et attachés à la « sécurité ». Ni notre programme olympique, ni nos jeux télévisés ne semblent contribuer au buts moraux dont le Père Didon se souciait. On est forcé d’admettre qu’il n’y a qu’une valeur limitée à s’émerveiller de performances étourdissantes tandis que perpétuellement des publicités commerciales et des « histoires personnelles » écœurantes font du dégât.

Les Olympiades de maintenant ? Pourquoi ne pas à la place taper dans une balle de base-ball ou marquer des paniers – ensemble ?