Les déclarations du cardinal Philippe Barbarin à propos du « mariage homosexuel » ont déclenché ce qu’on appelle, par analogie avec le monde de la tauromachie, une bronca, c’est à dire une manifestation bruyante de désapprobation et de mécontentement. L’expression n’est pas absolument appropriée parce qu’il y a eu aussi des approbations motivées qui contrastaient, il est vrai, avec le ton général des médias. J’ai entendu sur TF1 que le cardinal aurait tenu des propos « pour le moins outranciers ». C’est dire où se situe le curseur médiatique. On donne largement la parole à ceux qui approuvent la proposition présidentielle et on minore systématiquement les voix contraires. Plus exactement, on fait semblant de croire que ce qu’on appelle le mariage pour tous, serait approuvé par une large majorité des Français et que les opposants ne seraient qu’une minorité décalée, partisane et outrancière. En d’autres temps, une personnalité politique avait protesté à propos de tout à fait autre chose : « Circulez, il n’y a rien à voir ! » En d’autres termes, le débat n’a pas lieu d’être parce qu’il s’agit d’une affaire déjà réglée, qui n’a plus besoin que du passage par les assemblées pour être avalisée et définitivement inscrite dans le droit.
Alors oui, dans ce genre de climat, toute déclaration contraire apparaît intempestive et déplacée. On ne prend d’ailleurs même pas la peine, dans le cas du cardinal Barbarin, de reprendre le fil de sa déclaration et ses termes exacts. Il n’a pas parlé, par exemple, de polygamie. Et s’il a parlé explicitement d’inceste, ce n’est pas pour associer l’expression à l’homosexualité. C’est pour signifier l’importance et la gravité d’une rupture de société où l’homme et la femme ne se trouvent plus associés dans l’accueil de l’enfant. Si les mots du primat des Gaules apparaissent comme violents, c’est que l’affaire dont il traite est de nature violente. Et certes, cela fait désordre de dire les choses telles qu’elles sont. On préférerait un langage plus feutré, plus diplomatique. Désolé, mais la négation de la bipolarité de la condition humaine ne peut être traitée avec désinvolture. Il n’y a pas qu’un archevêque pour le rappeler. Il y a d’innombrables autorités dont la compétence concerne précisément l’anthropologie, la science de l’homme. Ceux-la aussi, voudra-t-on les faire taire ? Non on ne les fera pas taire. C’est la dignité élémentaire du débat public qui est en cause !
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 18 septembre.
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