Très chers amis,
En réponse à ceux qui m’ont déjà envoyé leurs voeux, je vous transmets, et à tous les autres aussi, mes souhaits les plus chaleureux pour Noël et pour l’année nouvelle. Immense merci au Père qui nous aime et nous offre ce merveilleux cadeau comme une page toute blanche.
Je vais vous partager cordialement quelques pages écrites cette année. Je suis toujours à la paroisse Saint-Clément depuis plus de vingt ans, officiellement à mi-temps pour consacrer l’autre partie aux divers appels. Je soigne particulièrement les baptêmes, les mariages et les funérailles pour communier à la joie comme à la souffrance des uns et des autres.
Immense réconfort que de préparer des adultes au baptême : Paul, Clément et Mohammed qui choisit le prénom chrétien de Benoît, quatre autres pour la confirmation.
Je collabore avec le Père Yves Chéreau et rencontre trois fois par semaine les prêtres de Saint Donatien dont la basilique a connu le même incendie dévastateur qu’à la cathédrale.
Je rencontre parfois l’Ass. Jonathan Pierres Vivantes composée de parents qui ont « perdu » un enfant et que j’invite à les « donner ». Couper douloureusement le cordon ombilical est un geste de libération. Il permet à nos chers disparus de goûter sans retenue plénitude de liberté et de bonheur dans ce Royaume trinitaire « préparé depuis la fondation du monde » Mt 25, 14. Gardons sérénité face aux événements que nous ne pouvons changer et retrouvons dans le deuil accompli une présence nouvelle plus proche, interactive, spirituelle et universelle.
Je fréquente régulièrement les Narcotiques Anonymes le dimanche à 17h. Ils pensent fêter leurs vingt ans de présence à notre paroisse qui les accueille très cordialement. De même c’est chez nous, qu’ils vivront, danses interrompues, la minute de silence émouvante qui fait le pont entre 2016 et 2017. Notre temps passe sans retour. Seul l’amour reçu et donné demeure. Je suis admiratif de leur volonté d’abstinence totale et le courage d’en sortir.
Par ailleurs je connais un fumeur qui par décision de volonté a tout arrêté J’ai supplié sa fille d’en faire autant. Un autre m’a confié : « je ne puis envisager ma vie sans tabac. » Son petit garçon lui traduit ainsi son angoisse : « Papa, je ne veux pas que tu meures », ce que je lui ai répété en le tenant par les épaules. Le dimanche d’après j’ai dit : « Je veux que tu vives ».
Mon existence est remplie de multiples anecdotes où sont privilégiées, les yeux dans les yeux, les rencontres de personne à personne. Quelques exemples :
Après l’assassinat tragique du Père Hamel, j’ai été invité un jeudi avec mon ami Jean-Paul You par le responsable de la grande mosquée Assalam : visite détaillée des locaux, vers midi dans le fond une trentaine d’hommes en adoration se prosternaient à l’appel d’un imam qui répétait : « Allah’Akbar », Dieu est grand ! Tout s’est achevé par un festin. Que nous est-il donc arrivé dans notre histoire pour que nous en arrivions à nous mépriser, à nous haïr et à violer l’interdit de verser le sang du frère « (Mishna 4, 5 ; sourate 5, 35) au nom d’un Dieu reconnu comme « miséricordieux » ? la raison ? : « On se sert de Dieu au lieu de le servir. »
Peu avant, une délégation interreligieuse d’Angers est venu visiter cette même mosquée en compagnie du groupe Tibhirine de Nantes, qui vient de fêter son 20ème anniversaire. Un ami Jacques Lecomte m’a envoyé deux Mormons. Nous avions visité un Temple en octobre dernier, près de Las Vegas. Je leur ai dit : « Je vous accueille à cœur ouvert et vous souhaite une cordiale bienvenue ». Et j’ai pivoté complètement sur moi-même pour le manifester. L’un m’a répondu : « Vous avez un cœur à 360 degrés. » Ils m’ont convié à une inauguration.
Dans les rues de Nantes, plusieurs échanges avec des témoins de Jéhovah. Ils m’ont invité à leur réunion du Royaume, ce que j’ai fait un samedi soir. Je fus accueilli très cordialement. Beaucoup de dignité et de ferveur.
Commentaire de trois passages de la Bible dont celui de l’annonciation, qui parlait ainsi la Vierge Marie : « L’enfant qui naîtra de toi sera appelé « Fils du Très Haut… et Fils de Dieu» Luc 1, 32, 35. Interactivité vivante entre le célébrant et la foule attentive, même avec une fillette. J’aurais voulu retracer le lien logique entre les trois textes bibliques et leur orientation vers Jésus, mais la séance était terminée. Une remarque cependant : mise fondamentaliste sur le même plan des miracles de l’Exode et ceux de Jésus.
J’ai aussi des amis fidèles dans « L’Église de l’Unification » (Moon), ils m’ont demandé d’écrire une réflexion catholique sur la famille, mais je refuse toute conférence publique sans la permission de l’évêque, successeur des apôtres et premier responsable de l’évangélisation.
Je ne conseille pas à des chrétiens de m’imiter sans forte connaissance de la Bible et un approfondissement solide de leur foi. Il s’agit pour moi d’un témoignage de grande fraternité avec tous sans exception. J’obéis à l’invitation de Jésus de « passer sur l’autre rive et de gagner le large » Luc 8, 22. « Va sur les places, les chemins » Luc 14, 21-23 ; Mt, 22, 9, les parvis (Benoît XVI), les périphéries (Pape François) et « Soyez toujours prêts à répondre avec douceur et respect à quiconque vous interroge de votre espérance » ( I Pierre 3, 5-6).
À l’opposé de ceux qui s’imaginent que l’autre, l’étranger, le différent, est sale méprisable, infréquentable, j’estime au contraire que nous sommes tous créés par Dieu, aimés inconditionnellement de lui comme ses fils, possédant dès notre conception le même Secret, un mystère trinitaire éblouissant destiné à être révélé au grand Jour par Jésus-Christ Luc 8, 17 ; 12, 2 ; Ro 16, 25-27. Je dois donc considérer pareillement l’autre comme mon frère. Le verbe être dont Dieu est la Source permanente l’emporte sur le devenir qui marque l’action de l’homme et sa collaboration, son talent personnel à faire fructifier. Maintenir un regard éminemment fraternel et transfiguré sur l’autre, c’est écouter avec un cœur de pauvre ce qu’il peut m’apporter, c’est le « provoquer », même mot que le rappel de notre vocation commune à nous aimer, à devenir ou redevenir ce que nous sommes pour demeurer ensemble frères et soeurs dans le respect infini des consciences, des cheminements et des libertés, à l’exemple du Dieu unique qui agit ainsi à notre égard. Réaliser jusqu’au bout la prière de Jésus : « Père, que tous soient un comme Toi et Moi nous sommes Un » Jn 17, contient, comme pour Lui le risque du pardon total et anticipé. Le P. Christian de Chergé l’a écrit dans son testament prémonitoire. Il devait être décapité avec ses six confrères, comme Jean-Baptiste.
À ce sujet, l’As Thibirine m’a confié de présenter une parole « catholique » sur l’altérité lors du premier mardi de juin. En effet, au Temple, un thème différent est traité avec des interventions diverses : juive, musulmane, protestante, orthodoxe, bouddhiste, bahaï, agnostique. J’ai essayé de montrer que la richesse d’être l’un et l’autre nécessairement différenciés était un chemin obligé pour construire une véritable fraternité. Je propose six piliers : sans fusion ni confusion, sans exclusion ni domination, mais dans la distinction et dans la communion. Marie de Nazareth est « la femme la plus distinguée du monde. Ne nous révèle-t-elle pas une altérité même dans le mystère de Dieu ? En effet, elle distingue le Père dont elle est l’Épouse et le Fils dont elle est la Mère. » Un seul Dieu qui n’est pas seul.
Il en résulte que nous sommes radicalement monothéistes, car Dieu n’a et n’est qu’un seul Être, mais partagé totalement et en alternance entre trois Personnes amoureuses et distinctes. Voici le Modèle souverain de comportement proposé à la famille humaine et à toute société. Aucune décision ne doit être solitaire et dictatoriale, mais solidaire et communautaire.
À nous de valoriser l’autre, tous les autres, de leur reconnaître le droit à l’existence, à la parole, à la participation. Priorité au dernier, à l’handicapé, au plus petit pour qu’il devienne à son tour le premier et le plus grand Luc 22, 24 ; Mt 20, 25-27. À mon avis, c’est la seule issue pour construire cette égalité parfaite et diversifiée dont nous rêvons tous.
Un journaliste m’a demandé de participer à un film sur un dialogue interreligieux. Je lui ai trouvé comme partenaire le rabbin de Nantes Ioni Krief qui, interrompant une conférence sur les relations juifs et chrétiens au 1er siècle, m’a vu ouvrir la porte et est descendu de son podium pour m’embrasser chaleureusement. Le 2ème est un ami musulman Ghaleb Ben Cheikh avec qui j’ai beaucoup collaboré ; quand on se voit on s’embrasse en disant en arabe « Ahi ! », Mon frère ! Le 3ème était le lama tibétain Puntso de Bordeaux. Je viens de vivre un bain de bouddhisme et d’hindouisme au Cambodge. Il m’a déclaré que je l’avais aidé. Peut-être parce que je lui ai confié que je me livre moi aussi à la méditation transcendantale, mais par-delà le Vide, le Soi illusoire et narcissique, le Rien, le « Nada », de saint Jean de la Croix, j’essaie de passer du Zéro à l’Infini, c’est-à-dire je me remets, en relation directe de personne à personne, de Je à Tu, avec le TOUT, à savoir avec Quelqu’un, un Amour vivant et spirituel, encore inconnu qui, dans la foi au-delà des idées, concepts, sensations et sentiments, me remplit le cœur dans la ‘Nuit obscure’, Le DVD vient de sortir : « L’épreuve par Quatre », sous-titre : Notre point commun : la différence. » Adresse : lalusimon@gmail.com
Pêle-mêle, voici d’autres faits : Émeline, Congolaise de Brazzaville mariée à Saint-Clément, m’a transmis à la sortie d’une messe l’immense épreuve de Patrick Barré. « Il vous connaît, car il était témoin à mon mariage, il a été transporté au CHU. Je vous signale qu’il se dit athée. » Son fils Romain venait d’être assassiné par deux mineurs, alors qu’il dormait dans sa voiture. Après avoir essayé de l’étrangler, ils l’ont jeté vivant dans la Loire. Je me suis empressé d’aller visiter le pauvre père. Il m’a reconnu. Il contemplait en permanence deux tee shirt où était gravée l’image de son fils. Avec respect, situé entre le père et le fils, je lui ai dit, sans aucune obligation de s’y associer, que j’allais réciter personnellement et tout haut le Notre Père. Je l’ai accueilli à nouveau dans l’église S. Pasquier à la sépulture. Quand la foule fut sortie, j’étais seul avec lui et quatre de ses copains dont Marcel le marié.« Je serai avec toi dans ta détresse » écrit le Psaume 91, 14, alors je lui ai caressé la joue avec douceur.
En sortant du CHU j’aperçois une porte sur laquelle était signalé « Linge sale », je suis allé trouver les 6 infirmières durant leur pause et leur ai dit : « Pourriez-vous me rendre un service, j’ai de l’argent sale à faire blanchir ». Surprise. Rire de l’une, réflexion d’une autre : « D’accord, mais vous n’êtes pas sûr de tout récupérer ! » Je venais de lancer une grenade d’humour et de sympathie à ces soignantes dévouées méritant d’être honorées et admirées.
Voici tout à coup, en arrêt devant l’église, un homme qui regardait un tag où était inscrit : « JÉSUS ANAR ». Je suis entré en conversation pour commenter: « Le A de Anar signifie une négation, comme dans le mot apolitique, et le mot « archè » en grec « Commencement », en hébreu « Rosh » = « Tête », mais cette inscription est fausse, car Jésus n’était pas un anarchiste sans queue ni tête. Son Commencement, sa Tête, c’était son Père, le premier dans l’ordre de la hiérarchie trinitaire. Il se voulait en totale dépendance de Celui qui « au Commencement créa le ciel et la terre », première phrase capitale de la Bible Gen 1,1, Ce n’est qu’en deuxième temps, en alternance, en altérité, qu’il est devenu à son tour un Commencement Nouveau : « Au Commencement était le Verbe » Jn 1, 1. Et voilà que mon interlocuteur continue par cœur le prologue de saint Jean : « Et le Verbe était Dieu, il éclaire tout homme en venant en ce monde… Et le Verbe s’est fait chair ! » Il conclut : « Jésus est l’homme de ma vie ! » « Pour moi aussi ». Nous aurions pu nous ignorer et sur la rue, l’insulte a avait été remplacée par l’honneur et par une affirmation de notre foi commune.
Aussitôt je suis arrivé à l’école Sainte Marie où j’accompagne 6 classes, de la petite section au CE 2. C’est un vrai bain de jeunesse et de paternité. A mon arrivée certains accourent pour se jeter dans mes bras. À la fin d’une réunion au presbytère où des « enfants thérésiens » prient précieusement pour les vocations, une fillette de trois ans se préparait à sortir avec sa mère. Pour me dire au revoir, elle a agité sa petite main et pris la mienne pour y déposer un baiser. Merci, princesse. J’en ai encore le cœur tout chaud.
AUTRES ÉVÉNEMENTS
Le lundi de Pâques nous sommes allés avec Gill, futur confirmé brésilien, à l’abbaye de Melleraye rencontrer le Chemin Neuf qui prendra la succession des moines cisterciens présents depuis le XIIéme siècle. Un entretien avec le Père Fabre, le fondateur. Le 13 juin il recevait du dernier Père Abbé Gérard Meneust la clef symbolique de l’abbaye. Très grande émotion ! Divers responsables s’étaient déplacés et ont chanté ensemble l’ultime et fameux Salve Regina de la Trappe. Une page d’histoire de notre Église était en train de se tourner.
Pendant deux mois et demi, fin juin-mi septembre opération de la cataracte par le professeur Lignereux, un ami, J’ai donc été cloué à Saint-Clément. J’ai dû prendre le train pour trois engagements : une deuxième retraite au Mans pour la Congrégation des Sœurs de l’Enfant Jésus avec de plus en plus de religieuses du Rwanda, pays où j’ai animé il y a deux ans une retraite pour les prêtres. J’ai filé ensuite à Nevers pour la session DAVAR (= Parole) où Juifs et Chrétiens ont débattu fraternellement sur le thème : « Violence et Monothéisme ». Repas casher obligé. Je me suis enfin rendu à Angers pour participer au Congrès bibliste national de l’ACFEB sur la christologie de Saint Paul.
Deux livres sont parus cette année : « Recueil d’homélies Année A Matthieu et B Marc Ier tome » et le second sur « Année C Luc et divers, 2è tome ». Dans ce dernier j’ai joint des homélies de circonstances, particulièrement un mariage œcuménique préparé pendant 1h 3/4 à la cure avec Mme le Pasteur Strumpf. Nous avons célébré au Temple l’union d’un médecin protestant et d’une sage-femme catholique qui viennent d’être heureux parents d’un beau bébé. Vous y trouverez aussi mon intervention à la célébration de mon frère Michel, prêtre, qui, après insuffisance respiratoire, respire maintenant à pleins poumons dans le Royaume. À l’annonce de ce décès, réaction de ma sœur Anne-Marie, 103 ans : « il en a de la chance, Michel » Deux mois après, bien entourée par les Petites Sœurs des Pauvres, la veinarde le suivait le jour des Rameaux et participait dans la Jérusalem céleste à la procession triomphale à laquelle nous sommes tous invités.
J’ai envoyé à l’imprimerie « Parenthèses » de Nantes mon dernier livre : « Comment bâtir ensemble une fraternité universelle ? » sous-titre : « Tous Un, un défi à surmonter. Une théorie nouvelle des trois Peuples de Dieu et des différents Âges spirituels ». je suis prêt à le donner, comme j’en offre aux auditeurs de Radio Notre-Dame. « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » Mt 10, 8. De même j’expédie toute la collection aux bibliothèques qui le demandent, avec adresse exacte. De nombreux grands séminaires en Afrique ou ailleurs en ont bénéficié. Adresse : M. Philippe Desmars 8 rue du Bourget tél 02 40 20 39 11.
Un ami, le P. Henri Boulad, jésuite d’Alexandrie, écrit dans la préface : « une richesse incomparable, un nouveau catéchisme, une pensée révolutionnaire ». Je préfère nuancer et parler de « catéchisme nouveau », car, même si je critique la philosophie scolastique d’Aristote, j’entends rester fidèle à la grande Tradition de mon Église. Mon seul Modèle c’est Jésus : « On vous a dit et Moi je vous dis » Mt 5, 27-47. Il dénonce l’Absolu des « traditions humaines », il y substitue la source de toute vérité : le cœur, la personne, l’esprit Mt 15, 1-20.
Pendant ce long temps de sédentarisation, j’ai pu projeter un autre ouvrage : « Pèlerin de la Planète ». Il sera constitué de visites pastorales et de pèlerinages sur quatre continents. Le premier fascicule aura pour titre : « L’ASIE » Je vais y inclure « Le Cambodge » d’où je reviens du 4 au 15 décembre 2016 avec10 heureux participants enthousiasmés.
Je remercie chaleureusement les membres de » l’Association Espérance et Bonne Nouvelle » et les présente au Seigneur à chaque eucharistie. Leurs prières sont efficaces en faveur de mon ministère et de ma santé. Ils reçoivent LE LIEN trois fois par an pour les tenir au courant. Pour renouveler l’abonnement un petit mot suffit, soit donné la dernière fois N° 64, soit dès réception du N° 65. Sans un signe d’intérêt, si minime soit-il, mes chers collaborateurs, Alain et Lydie Cavé, cesseront l’envoi pour respecter votre silence.
Bientôt un compte rendu de ma présence pastorale au BÉNIN (nov. 2016). Contact avec les séminaristes de « Providentia Dei » fondé par M. l’Archevêque de Parakou. Ces jeunes étaient stupéfaits d’apprendre que j’avais 63 ans de sacerdoce. « Comment avez-vous fait pour tenir jusque-là ? » Ma réponse : L’ORAISON ! Deux retraites dans les abbayes cisterciennes de l’Étoile et de Koutoubou en lien avec Bellefontaine. Un vrai moment de Paradis !
Je redis à chacun mes sentiments les plus fraternels.
Votre ami : Père Daniel FOUCHER
4 rue Lorette de la Refoulais
44000 Nantes tél 02 40 14 04 95
Courriel : danielfoucher2@wanadoo.fr