Cinq formes de féminisme - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Cinq formes de féminisme

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La plupart des gens parlent du féminisme comme s’il ne s’agissait que d’une seule chose, comme si le mot « féminisme » était un mot univoque. Mais ce n’est pas le cas. C’est un mot équivoque, ayant plusieurs définitions, bien que toutes soient liées entre elles. Si quelqu’un vous demande « êtes-vous féministe », cela n’a pas beaucoup de sens de répondre par un simple oui ou non. Il vaut mieux répondre : « ça dépend. A quel type de féminisme pensez-vous ? »

Je pense qu’il y a au moins cinq formes de féminisme.

(1) Le féminisme libéral.

Ce type de féminisme estime que les hommes et les femmes devraient être égaux en ce qui concerne les droits légaux et sociaux. Ces féministes croient en l’égalité des chances ; tout ce qu’un homme (ou un garçon) est autorisé à faire doit aussi être autorisé à une femme (ou une fille).

Il y a plusieurs décennies de cela, quand j’enseignais dans ce qui était autrefois une université pour femmes, un de mes collègues était un prêtre catholique. C’était un homme bon, prêtre, mais le parfait opposé de cette forme de féminisme. Il représentait un point de vue d’autrefois, un point de vue d’actualité à cette époque. Un jour, il m’a dit « Si un homme a une fille, il voudrait qu’elle aille dans cette université. Mais s’il a un garçon, il l’enverrait à Harvard. » Je ne sais pas s’il est toujours vivant, mais ce point de vue a aujourd’hui presque disparu.

(2) Le féminisme socialiste.

Ce féminisme considère que la première tâche d’une femme est de trouver sa voie professionnelle. Si, ayant fait cela, elle souhaite se marier et avoir des enfants, c’est possible. Si elle ne préfère pas se marier ou avoir des enfants, c’est bien aussi. Mais elle doit absolument trouver sa voie dans le monde du travail, ce monde si cruel habituellement réservé aux hommes. Pour ce qui est des femmes qui choisissent le mariage et les enfants avant la carrière ou qui ne veulent pas travailler, elles éprouvent de la peine pour elles et désapprouvent le mauvais exemple qu’elles donnent.

(3) Le féminisme pro-sexe.

Les féministes de ce type croient en la liberté sexuelle des femmes. Cela vient en partie de la croyance en l’égalité parfaite des sexes. Si la société traditionnelle a toléré à un degré important la liberté sexuelle des hommes, la tolérance doit être la même pour les femmes. Mais cela dérive surtout d’un dédain de ces féministes pour l’idéal (chrétien) de la chasteté des femmes : l’idéal selon lequel une honnête femme doit n’avoir qu’un partenaire sexuel pendant toute sa vie (son mari) et rester vierge jusqu’à la nuit de leur mariage.

Ce qui pour ces féministes est une aberration. Une fille ou une femme doit avoir plusieurs partenaires sexuels dès la fin de son adolescence, pour son plaisir, sa maturité émotionnelle et son sens de l’indépendance. Les féministes prônant la libération sexuelle croient bien sûr au droit à l’avortement, y compris le fait qu’il soit payé par les contribuables ; ils croient aussi que les caisses d’assurance maladie devraient être mandatées pour permettre l’accès à des méthodes de contraception. Inutile de dire qu’ils approuvent l’homosexualité et la bisexualité. Ils approuvent aussi « le travail du sexe » (la prostitution) pourvu que ce soit fait dans des conditions sûres et non-coercitives et que le travailleur ne soit pas exploité.
Ms. Steinem

(4) Le féminisme radical différentialiste.

Selon ces féministes, la société a toujours été patriarcale, dans de nombreux domaines. Les hommes dominent, les femmes se soumettent. Les femmes sont une classe oppressée par les hommes, aussi appelés oppresseurs. Bien que certains hommes, qui font exception à la règle, essayent de renoncer à ce privilège masculin, les hommes sont en général les ennemis des femmes. Une femme doit supposer, en l’absence de preuve pouvant le contraire, que chaque homme rencontré est un ennemi, puisqu’il appartient à la classe ennemie.

Un homme gentil ne veut pas dire que c’est un ennemi. Beaucoup de « maîtres » étaient gentils avec leurs esclaves. Ces féministes approuvent le lesbianisme. Il est évident qu’une femme peut vivre sans homme. (Comme Gloria Steinem l’a dit, « une femme a autant besoin d’un homme qu’un poisson d’une bicyclette. ») De nombreuses féministes sont elles-mêmes lesbiennes, et celles qui ne le sont pas, se sentent presque « coupables » de leur hétérosexualité, plutôt de la façon dont les marxistes issus de la classe moyenne se sentaient coupables de ne pas être prolétaires.

Peu de femmes sont des féministes de ce genre, car elles ont du mal à détester leurs pères, les maris et leurs fils. Mais ce sont les féministes qui font le plus de bruit, celles qui font le plus souvent la une des journaux. Ce sont celles qui promeuvent en ce moment l’idée que les campus universitaires sont remplis de violeurs.

(5) Le féminisme quasiment religieux.

Avec le déclin de la tradition religieuse, durant le siècle dernier, des millions de personnes se sont tournées vers ce qu’on appelle des « quasi-religions », c’est-à-dire les mouvements laïcs qui offrent à leur membre ce que la religion leur apportait, qui montrent que la vie a du sens, qu’elle a un but. Au 20ème siècle, le nazisme et le communisme étaient considérés comme tel.

Pour beaucoup de femmes américaines, qui ont, soit perdu la foi, soit n’ont jamais cru, le féminisme était un mouvement quasiment religieux. Ces féministes ont le sentiment de gagner quelque chose comme le paradis, en souffrant pour des droits comme celui d’être policière, femme politique, boxeuse ou soldat d’infanterie ; pour le droit d’avoir des relations sexuelles sans lendemain, pour le droit « de mettre un terme » à leur bébé qui allait naître, etc…

Le féminisme « quasi-religieux » était très à la mode dans les années 70 et 80. Ça s’est atténué depuis, puisque les vieilles féministes approchent les 70 ou 80 ans ou sont décédées.

A peu près 99,9% des femmes américaines appartiennent au féminisme de type 1. Mais, comme dans d’autres domaines de vie publique, les nombres ne déterminent pas qui est le plus entendu et a le plus de considération.

30 juin 2017

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/06/30/five-kinds-of-feminism/

Photo : Gloria Steinem.


David Carlin est professeur de sociologie et de philosophie au Community College de Rhode Island. Il est l’auteur du livre « le déclin et la chute de l’Eglise Catholique aux Etats-Unis.