Christiane Taubira s'explique - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Christiane Taubira s’explique

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C’est le quotidien La Croix qui a été choisi par Christiane Taubira pour annoncer, le 11 septembre 2012, les grandes lignes du projet de loi destiné à ouvrir le mariage aux personnes du même sexe. Pourquoi La Croix ? Peut-être parce qu’ainsi le gouvernement donne le sentiment que personne n’est exclu du débat, et notamment pas la communauté catholique réputée être, non sans raisons, la plus opposée à cette réforme. Madame Taubira parle d’ailleurs ouvertement des questions anthropologiques liées nécessairement à toute réflexion sur le mariage, ce qui laisse entendre que tous les arguments, y compris philosophiques, pourront être exposés. Ainsi nul ne pourra dire que la décision finale a été prise arbitrairement et dans l’ignorance de la pensée adverse. Personnellement, je ne suis pas vraiment rassuré, mais j’admets volontiers préférer cette façon de procéder à ce qui est couramment pratiqué dans les médias, et qui consiste à disqualifier et à ringardiser celui qui n’est pas de votre avis.

Par ailleurs, les associations familiales, et notamment les associations familiales catholiques, ont déjà été reçues par la ministre de la Famille. Sur le terrain de la procédure, de la courtoisie et des règles ordonnées du débat d’opinion, il convient d’accorder une note convenable au gouvernement. Mais cela ne préjuge pas de la suite, hélas. Hélas oui, parce que, qu’on le veuille ou non, la réforme annoncée constitue en elle-même une formidable violence faite au droit et aux principes. Ce qui est en cause, c’est la constitution immémoriale des sociétés, qui certes ont connu bien des régimes matrimoniaux, mais jamais celui qui met entre parenthèses l’association de l’homme et de la femme dans le but de perpétuer leur descendance.

Nous aurons bien des occasions de revenir sur les principes. Pour aujourd’hui, il nous suffira de remarquer qu’au milieu des formidables difficultés de l’économie, un projet sociétal comme celui-là a le mérite de ne pas coûter un sou au budget de l’État et qu’il offre aussi cet avantage considérable de détourner l’opinion du souci lancinant de la crise, du chômage, des impôts nouveaux. On sait, depuis plusieurs années déjà, que la gauche, faute d’avoir réalisé la révolution dans l’ordre économique, a choisi les réformes sociétales, celles qui concernent les mœurs, pour affirmer sa différence. C’est une échappatoire qui va nous coûter cher. Mais il n’est pas sûr que la bataille soit perdue d’avance.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 12 septembre 2012.