Mgr Casmoussa (photo ci-contre), interviewé par l’Aide à l’Église en Détresse (AED), affirme qu’il y aurait une possible collusion entre les terroristes antichrétiens et des partis politiques marginaux. Critiquant les autorités irakiennes, il a indiqué que les partis étaient « trop occupés à tenir leurs réunions » pour assurer la sécurité des groupes minoritaires. Le prélat estime également que l’échec de l’armée irakienne, de la police et du gouvernement à se « coordonner » pour assurer la protection des chrétiens signifie qu’ils sont « en train d’ouvrir la porte aux terroristes ».
Tout juste avant l’entrevue, Mgr Casmoussa, qui a appelé l’ONU à intervenir afin de protéger les chrétiens, revenait de visiter un hôpital : il y avait rencontré quelques-unes des 163 personnes – la plupart des jeunes – qui ont été blessées dans l’explosion d’une bombe ciblant un convoi d’autobus qui transportaient des étudiants chrétiens. Un jeune homme – dont l’identité demeure inconnue jusqu’à maintenant – est mort sur le coup et deux jeunes filles sont toujours dans un état critique à la suite de l’attaque qui est survenue le dimanche 2 mai, à la limite de la ville de Mossoul, dans le nord de l’Irak.
L’archevêque s’est confié à l’AED après une série de manifestations – contre le manque de sécurité des chrétiens – qui se sont tenues dimanche et lundi à Caramles, Qaraqosh, Alqosh, Bartalla, ainsi qu’en d’autres villes et villages à majorité chrétienne en dehors de Mossoul.
Mgr Casmoussa a indiqué qu’un étudiant a dû être amputé et un autre souffre de sérieuses blessures aux yeux. Trois étudiants seraient toujours dans un état critique et il serait même question de transférer une quinzaine de personnes dans un hôpital de Turquie.
Une campagne pour éliminer les chrétiens d’Irak
Cet acte de violence est le dernier d’une série d’attaques contre les chrétiens depuis 2004, qui est largement comprise comme faisant partie d’une campagne coordonnée pour éliminer la présence des Églises irakiennes. Ces églises sont parmi les plus anciennes du monde, leurs fondations datant des débuts du christianisme.
Selon Mgr Casmoussa, l’explosion de cette bombe est survenue entre deux points de contrôle. « Nous nous sentons en colère à propos de ce qui s’est passé – et nous sommes pleins de tristesse pour ceux qui ont tellement souffert », a-t-il confié. « Nous sentons qu’il n’y a ici aucun pouvoir central. Les autorités sont trop occupées à tenir des réunions, et pas assez n’a été fait », estime le prélat. « L’armée n’est pas proche du gouvernement et le gouvernement n’est pas proche de la police. Il y a des gens qui sont responsables, mais leurs actions ne sont pas coordonnées et cela ouvre la porte aux terroristes », estime Mgr Casmoussa.
Parlant d’une possible collusion entre quelques partis politiques et des criminels, il indique : « Quelques politiciens sont impliqués dans les actions de certains terroristes, et parfois des meurtres ont lieu au nom de partis politiques ».
Il critique également le gouvernement qui a échoué à traduire en justice des terroristes. « Nous entendons parler de personnes qui ont tué des chrétiens qui sont en prison, mais il n’y a pas de jugement qui a été porté contre eux. Nous en appelons au gouvernement central pour dénoncer la responsabilité [de ces personnes dans ces assassinats], pour les juger et les poursuivre selon les lois internationales », indique encore Mgr Casmoussa.
« Ce jugement doit être ouvert et connu par tout le monde. Nous demandons à l’ONU – et aux États-Unis qui sont les maitres de la situation – d’aider les minorités, spécialement les chrétiens. »
L’Irak et l’AED
Mgr Casmoussa en appelle aux bienfaiteurs et amis de l’Aide à l’Église en Détresse, leur demandant prière et soutien continus pour les chrétiens d’Irak qui souffrent. « Nous demandons que tous ceux qui sont associés à l’AED continuent de prier pour nous, d’être notre espérance et de continuer à soutenir nos projets. Ils sont cruciaux – si nous sommes à bâtir un futur pour les chrétiens en Irak – pour continuer avec la même espérance et le même but dans ce pays qui est le nôtre », a-t-il expliqué.
En conformité avec les priorités émises pour l’organisme par Benoît XVI, l’Irak est une région-clé du travail de l’AED. L’aide apportée inclut donc le soutien aux réfugiés d’Irak qui sont en Turquie, en Jordanie, en Syrie, ainsi que les déplacés à l’intérieur du pays. Nous distribuons aussi des intentions de messe aux prêtres persécutés et nous soutenons les équipements de l’Église : séminaires, églises, couvents, centres paroissiaux. Enfin, nous aidons les communautés religieuses, notamment celles qui distribuent des colis de survie à Pâques et à Noël aux chrétiens déplacés du nord du pays.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.
- Édouard de Castelnau
- LE MINISTERE DE MGR GHIKA EN ROUMANIE (1940 – 1954)