La révélation par Le Figaro du contenu d’un rapport sur la politique d’intégration, commandé par le Premier ministre, a mis le feu au débat public en quelques heures. Pourtant ce rapport, loin d’être secret, était sur le site de Matignon depuis un mois déjà. Il s’agit des travaux de cinq groupes de recherche qui, s’est-on empressé de préciser, n’engagent en rien le gouvernement. Jean-Marc Ayrault a vivement réagi aux attaques de François Coppé sur le sujet. Le Président de la République s’est empressé, depuis la Guyane où il était en visite, de se démarquer des propositions présentées. On a même cru percevoir du côté gouvernemental un peu d’affolement. Le Journal du dimanche prête à un conseiller de Matignon l’expression nitroglycérine : « Ces sujets sont de la nitroglycérine. Il ne fallait pas les publier ou au moins mettre un avertissement. »
C’était pourtant prévisible. Il n’y a pas que la France à s’enflammer sur les problèmes d’immigration, qui sont perçus aujourd’hui de plus en plus du point de vue de l’évolution des civilisations. On a pu, comme c’est mon cas, concevoir des objections sérieuses à l’encontre de l’universitaire américain Samuel Huntington sur la thématique du choc des civilisations, mais il serait irresponsable de ne pas accorder attention aux questions soulevées. Les propositions faites par les groupes de travail ont une saveur très idéologique, notamment en ce qui concerne une certaine vision qui met en procès l’histoire de France et l’histoire européenne.La valorisation des cultures d’importation au détriment de la culture des pays d’immigration ne peut pas être sans effet. On s’en est aperçu aussi avec le débat houleux autour du dernier essai d’Alain Finkielkraut : L’identité malheureuse. J’ajouterai que ce qui se passe en ce moment en Ukraine, à Kiev notamment, relève d’une thématique voisine, dans la mesure où il s’agit de choisir l’Europe occidentale contre la Russie. Attention à ne pas ramener cela à du racisme ou de l’anti-racisme. C’est plus compliqué et, en certain sens, plus décisif.