Lors de sa double visite d’état à Monaco et en France, après être passé en Italie, le président Xi Jinping n’aura pas rencontré le Pape. Or on ne peut cacher le tour de vis à l’égard du religieux opéré dans l’Empire du Milieu. Celui-ci ne concerne pas que les chrétiens, traditionnellement présentés comme des agents de l’étranger, mais aussi les autres croyants : musulmans, bouddhistes et taoïstes.
Croyants fichés
L’utilisation des temples et des églises comme lieux d’événements politiques, ludiques ou culturels relève ainsi d’une nouvelle politique dite des « dimanches heureux », remplaçant le culte par des spectacles ou des jeux. Dans le même esprit, des statues religieuses géantes, par exemple de Bouddha, sont détruites, et les croyants sont fichés.
Pour empêcher des réunions ou rassemblements à caractère religieux, le prétexte invoqué par les autorités est le « rassemblement illégal ». C’est ainsi que chaque année depuis 1996, en mai, des milliers de soldats investissent le village de Donglu, dans la province du Hebei, à quelques heures de route de Pékin. Afin de contrer un pèlerinage marial remontant à 1900. C’est d’ailleurs un prêtre de cette région qui a déclaré que toute communauté chrétienne refusant de rejoindre l’Association patriotique serait fermée définitivement. Cette structure catholique est en effet contrôlée par le gouvernement. Cela explique sans doute qu’à Xinxiang, sur 190 lieux d’activités chrétiennes, il n’en resterait plus qu’environ 70.
Croix enlevées
La même politique touche les protestants, enregistrés dans le mouvement des Trois Autonomies : 289 lieux ont été fermés, dont 217 églises domestiques — fonctionnant chez des particuliers. Des croix extérieures et des ornements de bâtiments ont été enlevés dans plus de 300 lieux de culte, pour ne plus arborer que des slogans à la gloire du Parti comuniste.
Tout se définit ainsi autour de la nouvelle Réglementation sur les affaires religieuses, dont un des buts consiste à se débarrasser de toute influence étrangère. Y compris dans l’aspect extérieur des églises et des mosquées.
Ouïghours et Tibétains
Les persécutions touchent également les lieux de culte musulmans, et pas simplement chez les Ouïghours toujours suspectés, comme les Tibétains, de séparatisme. Cela a conduit à la destruction de plus de 900 000 colis de marchandises étiquetés halal. Le Yucheng, vice-ministre chinois des Affaires étrangères, a ainsi affirmé à l’ONU le 15 mars que les camps « de transformation par l’éducation » installés chez les Ouïghours étaient des « campus, et non des camps ».
De son côté, le pape François continue à demander de ne pas gloser sur l’accord passé en septembre par le Saint-Siège avec Pékin, et dont le contenu n’a pas été dévoilé. Il semble que les évêques fidèles à Rome aient été priés par le Vatican de s’effacer devant ceux installés par le régime communiste. Toutefois, le 3 février, le cardinal Fernando Filoni, préfet de la congrégation pour l’évangélisation des peuples, a déclaré : « J’espère ne plus avoir à entendre ou à lire des récits [montrant que] l’accord est exploité dans le but d’obliger des personnes à […] rejoindre l’Association patriotique ».