Chine (2) - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Chine (2)

Chine : éveil spirituel
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Par Mario Bard, AED

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La liberté religieuse en Chine fait « jaser »1 depuis longtemps. Très longtemps même! Cette liberté a toujours été, nous l’avons vu la semaine dernière, plus souvent qu’autrement assujetti à l’État. Qu’il soit de type impérial ou bien communiste. Après plus de 60 ans de pouvoir communiste, les Chinois goûtent au capitalisme mais, à la sauce communiste! Si une bonne proportion de la population y a trouvé certaines satisfactions et a amélioré son sort, il en est tout autrement en ce qui concerne la question du sens à la vie. D’autant plus que le parti communiste répond de moins en moins aux attentes

idéologiques qu’il a pu porter au départ, et qui pouvait tenter de donner un sens à l’existence de plusieurs Chinois. Le nouveau credo du gouvernement est maintenant économique, et presque seulement économique. Alors, où trouver un sens à sa vie? Aide à l’Église en Détresse (AED) a fait enquête.
Un fait religieux en mouvement

Dans ce pays qui est officiellement athée (50 pour cent2), les habitants sont de plus en plus attirés par diverses traditions spirituelles et religieuses. Presque 60 ans d’endoctrinement à l’athéisme officiel proclamé par le parti communisme n’ont rien enlevé au sens spirituel du peuple Chinois, comme d’ailleurs dans bien d’autres endroits du globe où l’idéologie athée a voulu s’implanter avec vigueur. Le retour du balancier semble être au rendez-vous. Dans une étude conduite par une université de Shanghai, commencée en 2005 et publiée en 2007, le nombre de croyants, toutes religions confondues, a été estimé à 300 millions. Il y a 31,4 pour cent des personnes interrogées dans le cadre de l’étude qui ont dit adhérer à une tradition religieuse. « Ceux qui cherchent le salut au-delà des valeurs communistes », définissent les deux auteurs de l’étude. De plus, la plupart sont jeunes, étant dans la tranche d’âge comprise entre 16 et 39 ans. Selon les auteurs de l’étude, ces données démontrent un renouveau spirituel en Chine, dont profitent particulièrement les communautés chrétiennes, surtout protestantes.

C’est tout un bond quand on compare les anciens chiffres officiels qui faisaient état de 12 pour cent, toutes religions confondues. Toujours selon cette étude, les religions, philosophies et spiritualités asiatiques traditionnelles (bouddhisme, taoïsme, confucianisme et la religion populaire chinoise), ont la plus grande part du gâteau avec 200 millions d’adeptes. Même le dieu de la fortune fait l’objet d’un culte particulier! Cependant, les chrétiens font présentement « une grosse percée », que ce soit chez les protestants ou les catholiques, sans distinction. Ils sont passés de 10 millions à la fin des années ’90 à plus de 60 millions aujourd’hui, selon l’Atlas des religions La Vie Le Monde! (novembre 2007)

Je crois parce que …

Plus de trente ans après la mort de Mao, seule « image sainte » autorisé par le régime, ce tiers de Chinois croyants croit que la religion « montre le vrai chemin de la vie ». De ce tiers de croyants, un tiers (souvent dans les campagnes) considèrent que la religion « aide à soigner les maladies, permet d’éviter les catastrophes et assure une vie douce ». Si les croyants des campagnes sont des personnes qui vivent très souvent dans des situations de pauvreté matérielle, il en est tout autrement pour une autre partie des croyants de plus en plus jeunes et éduqués qui seraient « déconcertés par le déclin moral » et « assaillis par la pression sociale ». Cette partie de la population croyante vit en majeure partie dans les grandes villes des riches régions côtières de l’est. Selon les auteurs, « les citadins sont à la recherche de nouvelles valeurs. »

« L’ouverture économique a accéléré un retour à la religion, estime Monsieur Serge Granger, sinologue et auteur de Le lys et le lotus : les relations du Québec avec la Chine de 1650 à 1950. « Parce que ce n’est pas tout le monde qui a bénéficié de cette ouverture ». De plus, il estime : « Le peuple chinois est un peu laissé à lui-même par rapport aux valeurs qui furent véhiculés par le passé ». Interviewé par l’AED, le sinologue se réfère ici au confucianisme qui a tant influencé la civilisation chinoise et qui est très loin de la pensée capitaliste, dominante dans l’actuel gouvernement.

Une liberté nouvelle pour le fait religieux en Chine? © AED
En 2005, le parti communiste avait reconnu, à l’occasion d’une vaste campagne pour redorer le blason du marxisme, le rôle des religions dans la construction de la « société harmonieuse ». Faut-il se réjouir de cette ouverture et de celle plus récente (automne 2007) de l’inclusion du terme « religion » dans les documents officiels du parti communiste? Pas vraiment, selon plusieurs observateurs de la question des droits de la personne. Ce serait même plutôt une occasion pour resserrer le contrôle étatique et idéologique sur les religions. Les persécutions demeurent également bien présentes, même si il semble que celles-ci seraient devenues moins intenses, selon des sources qui doivent demeurer anonymes pour continuer leur travail. Amnistie Internationale3 rapporte que des millions de Chinois sont toujours empêchés de vivre leur religion librement, mais l’organisation internationale ne publie pas de chiffres exacts concernant les catholiques emprisonnés à cause de leur foi. L’ACAT-France, (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) en compagnie de d’autres organisations a établi cette année, à l’occasion des Jeux Olympiques, 40 cas emblématiques de citoyens chinois, emprisonnés pour avoir simplement exercé leurs droits fondamentaux. Cette liste comprend notamment cinq chrétiens chinois parrainés et soutenus par l’ACAT. En septembre dernier (2007) Mgr John Han Dingxian de Yongnian, du diocèse de Hebei province est décédé en prison, après dix années passées derrière les barreaux. Les autorités ont affirmé qu’il est mort d’un cancer des poumons, mais il n’a pu être possible pour ses proches de confirmer cette information. Les autorités ont rapidement procédées à sa crémation.

Paradoxalement dans les deux dernières années (2007-2008), les arrestations de prêtres et d’évêques semblent avoir diminuées. Est-ce l’effet des olympiques ou des progrès réels? Il semble également qu’il y ait quelques signes d’un dialogue qui se continu et qui tend à améliorer les relations entre le Vatican et Beijing. Les plus récentes ordinations d’évêques dans la seconde moitié de 2007 ont pu se faire sans complications majeures, et avec l’approbation des deux parties. Par exemple, à Guizhou, à Beijing, à Yichang (province du Hubei), à Guangzhou (province du Guandong). Également, un concert de l’Orchestre Philarmonique de Beijing, en mai, au Vatican même, a été commenté de manière positive par les médias officiels chinois et a donné lieu à une augmentation de la spéculation au sujet d’un réchauffement possible des relations Sino-vaticanes. Par-contre, les restrictions prises par les autorités gouvernementales lors du traditionnel pèlerinage de mai dernier au sanctuaire de Notre-Dame du perpétuel secours à Sheshan, près de Shanghai, nous rappelle qu’il y a encore un long chemin à parcourir.
Retrouvez-nous la semaine prochaine. Nous découvrirons alors que l’histoire des chrétiens de Chine est vraiment très ancrée sur cet immense territoire.
Aurevoir – «zài jiàn» – 再见

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1.Terme québécois pour dire « parler »
2.Atlas des religions La Vie – Le Monde 2007
3.Rapport 2008 « La situation des droits humains dans le monde »
Sources :
. Agence de presse Zénit.org (www.zenit.org)
. Église d’Asie
. « Il était une fois la Chine – 4 500 ans d’histoire », José Frèches, XO Éditions 2005
. AED – (Entrevue avec Monsieur Serge Granger)
. www.chine-informations.com