L’ancien ministre socialiste Jean-Pierre Chevènement critique aujourd’hui dans « L’Express » l’agenda judiciaire imposé à François Fillon : « La date de cette convocation est de nature à fausser le fonctionnement normal des institutions et je m’alarme des conséquences que cela pourrait avoir », écrit-il à propos du choix de la date du 15 mars, deux jours avant le lancement de la phase officielle de la campagne des élections présidentielles. Ministre de l’Intérieur, de la Défense et de l’Education Nationale des présidents Mitterrand et Chirac, M. Chevènement se déclare « très inquiet pour l’avenir de notre démocratie ». Il déclare « comprendre l’état d’esprit de ceux que choque la convocation judiciaire du candidat de la droite à deux jours de la clôture des parrainages », et « craindre qu’une partie de ces électeurs n’accepte pas ce glissement vers ce qu’on appelle ‘le gouvernement des juges’ ». Et il rappelle avoir déjà écrit voici une dizaine d’années dans « Le Monde » que « l’étroit concubinage de la justice et des médias a entraîné la désuétude du secret de l’instruction et de la présomption d’innocence, le tribunal devenant bien souvent le pilori ». Il observe enfin que la République « c’est d’abord le suffrage universel et la sérénité avec laquelle les citoyens doivent pouvoir s’exprimer ». A ses yeux, aujourd’hui, face à la perspective d’un score important du Front national, « chacun devrait s’imposer un minimum de déontologie et de sens des responsabilités ». Voilà un langage dépourvu d’ambiguïté.