Chemin de croix - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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Chemin de croix

C’est le bon moment pour revoir en DVD ce film qui retrace les douze dernières heures de la vie de Jésus.
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Après avoir partagé le dernier repas avec ses apôtres, Jésus, en compagnie de Pierre, Jacques et Jean, se rend au pied du mont des Oliviers, dans le jardin de Gethsémani…

♥️♥️♥️♠️ Toute œuvre d’art est l’expression de la sensibilité d’un artiste, et nul n’a le droit de lui reprocher d’avoir adopté tel ou tel point de vue artistique. Comme nul n’est obligé de se reconnaître dans sa manière d’aborder la réalité, surtout lorsque celle-ci est de nature spirituelle. D’autant que chaque chrétien s’est probablement fait sa propre représentation du Christ et de sa Passion. Cependant, ce qui frappe avec ce très beau film, c’est qu’il est le fruit d’une profonde méditation de son réalisateur sur les souffrances du Christ, souffrances occasionnées par nos péchés et, en particulier, par ceux du réalisateur – c’est ce qu’il n’a cessé de répéter et c’est ce qui l’a conduit à utiliser sa propre main pour enfoncer les clous dans les mains du Christ. Quant aux accusations d’antisémitisme, elles sont purement gratuites. Le réalisateur a d’ailleurs répondu franchement en affirmant qu’il considérait l’antisémitisme comme un péché. De plus, force est de constater que, dans l’entourage du Christ, tout le monde est juif, les bons comme les méchants. On aurait tort également de s’arrêter aux scènes d’extrême violence – même si le fait d’être prévenu en atténue quelque peu l’impact. Mel Gibson ne se contente pas de mettre en scène les souffrances du Seigneur, il va plus loin, reliant certaines images à d’autres de Sa vie et de Sa prédication. C’est ainsi qu’on voit le Christ enfant, avec la Vierge, qu’on assiste à la Cène, au lavement des pieds, à l’épisode de la femme adultère, etc. Comme on peut s’en douter, il y a des aspects très hollywoodiens et inutiles, ainsi qu’une musique parfois envahissante, mais il y a aussi quelques trouvailles bienvenues. Dès le jardin des Oliviers, le Christ est harcelé par le Diable, une sorte d’être androgyne, aussi séduisant qu’inquiétant, qui va Le suivre pendant toute sa Passion. C’est ce dernier qui est le véritable ennemi du Christ, auquel il dispute l’humanité. Bien sûr, c’est assez elliptique – surtout la scène finale de la Résurrection – pour qui n’est pas chrétien ou n’a pas une grande connaissance des Évangiles, mais la force – et la grande beauté – des images est telle qu’elle provoque une profonde émotion et invite le spectateur à la prière.

♥️♥️♥️ ♠️♠️ Dans cette débauche de violences – mais n’est-ce pas ainsi que cela s’est passé ? –, on retient la très belle figure de Marie – magnifiquement interprétée par Maia Morgenstern –, accompagnant son Fils dans son supplice, et le regard plein de douceur et de miséricorde de Celui-ci, chaque fois qu’il se pose sur quelqu’un. Voir de manière aussi réaliste que ce sont nos péchés qui se sont transformés en crachats, en coups de fouet ou de pieds, est un puissant moyen de méditer et de prier, en cette montée vers Pâques. Cependant, il est vraisemblable que certains spectateurs ne pourront pas entrer dans cette œuvre si personnelle et si brutale, mais magnifique, qui rappelle aux croyants à quel prix ils ont été rachetés et de quel amour ils sont passionnément aimés. Pourtant, si l’on ne voit pas cette dimension théologique ou philosophique du film, il risque de ne rester que la violence du drame.

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Gibson, avec Jim Caviezel (Jésus), Maia Morgenstern (Marie), Monica Bellucci
(Marie-Madeleine), Hristo Jivkov (Jean), Francesco de Vito (Pierre), Mattia Sbragia (Caïphe), Hristo Naumov Shopov (2 h 07).
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