Chaud devant ! - France Catholique
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Le trésor des psaumes
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Chaud devant !

En se raccrochant à la peur du réchauffement climatique, les tenants du néomalthusianisme tentent d’obtenir de nouveaux subsides, au risque de révéler leur outrance.
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Essayez, s’il vous plaît, calé sur votre siège, de respirer lentement pendant la lecture de cette tribune, sans trop vous agiter par des activités inutiles.
Je m’explique : vous savez que la nouvelle grande peur, après celles de la déflagration nucléaire et de la surpopulation naît d’une perspective de cataclysme climatique, à cause du réchauffement de la planète. Des scientifiques comme Claude Allègre ont certes tempéré – c’est le cas de le dire – cette phobie, en considérant d’ailleurs que l’homme n’est que très partiellement responsable d’un phénomène complexe et pas du tout inédit… Il n’en demeure pas moins que chacun d’entre nous pollue, et on ne se prive pas de nous le faire savoir.

Vivre, c’est polluer. On le sait à propos de nos voitures et on nous incite à lever le pied, soit. Les défenseurs des animaux de boucherie s’y sont mis : les émissions de gaz à effet de serre provoquées par l’élevage seraient supérieures à celles des moyens de transport, en s’élevant à 18 % du total en équivalent CO2. Un argument de poids pour les tenants d’une alimentation végétarienne.

Mais voilà qu’une agence de l’Organisation des Nations Unies, dédiée aux politiques de population, le FNUAP, vient de rendre un rapport époustouflant. Titre de Une du journal Le Monde daté du jeudi 19 novembre : « Le poids de la natalité menacerait le climat ». L’agence onusienne avance carrément un « chiffre écologiquement viable » de la population mondiale et s’alarme : il faut d’urgence aider les femmes à faire moins d’enfants pour lutter contre le péril climatique. Et de prôner un ralentissement démographique qui économiserait 2 à 4 milliards d’équivalent carbone. Moins d’homme, moins de pollution.

Exit donc veau, vache, poulet, mais aussi rejeton ? La presse hexagonale ne semble pas tomber dans le panneau. Elle note d’abord que la grande peur démographique est derrière nous. Ainsi Le Monde précise que « les démographes conviennent aujourd’hui, après l’alarmisme des années soixante, que la population mondiale va se stabiliser en douceur à plus ou moins 9 milliards en 2050 – contre 6,8 milliards aujourd’hui – et que la bombe démographique a déjà fait pschitt ». Ensuite, on constate que les moyens financiers accordés par les États au FNUAP se sont effondrés. En tentant de faire le lien entre taux de natalité et émission de gaz à effet de serre, ne cherche-t-on pas à ramener les subventions vers les programmes si décriés de stérilisation massive ou de promotion de tout l’arsenal contraceptif que les néomalthusiens du FNUAP imposent aux pays en voie de développement ?

Que les pays opulents, les plus pollueurs par tête-de-pipe, se préoccupent de « l’empreinte écologique » des nourrissons nés dans la misère a quelque chose de cynique. Tout se passe comme si les fonctionnaires internationaux issus d’un Occident où la natalité est en déroute voulaient encore propager leur modèle. Pour légitimer sa revendication, le FNUAP va jusqu’à prétendre qu’un dollar dépensé dans la planification familiale réduit davantage les émissions de gaz à effet de serre que s’il était dépensé dans l’énergie éolienne. Sauf que, dans le premier cas, ce sont des vies en moins, plutôt que de l’énergie en plus. Pour les démographes et économistes sérieux, ce type de calcul est simplement aberrant. Titulaire de la chaire de développement durable au collège de France, Henri Léridon ne cache pas son scepticisme face aux calculs du FNUAP qu’il suspecte de « récupérer l’enjeu du climat pour alimenter son fonds de commerce ».
L’existence de l’homme trait­ée en variable d’ajustement : voilà ce qui advient si on ne voit plus la vie comme un bien, mais comme une charge pour la société.

Revenons donc à la réalité : il y a de l’air pour tous, ce qui ne nous dispense pas de mieux organiser la diffusion d’eau, d’alimentation et autres ressources partout dans le monde. L’humanité en a la pleine capacité. C’est une question de solidarité. Bienvenue donc aux terriens qui ont eu le culot – et la chance – de naître pendant la lecture de cette page. Nous pouvons tous respirer.