Charlie - Une déclaration de guerre ? Que penser ? Que dire ? 1/3 - France Catholique
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La justice de Dieu
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Charlie – Une déclaration de guerre ? Que penser ? Que dire ? 1/3

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7 janvier – Nous avons pris vers 10 h 30, encore à Paris, la route du retour vers nos pénates, encore tout heureux du spectacle auquel nos enfants nous avaient conviés ce mardi soir 6 janvier : tout en roulant paisiblement, quelque peu engoncés dans les écharpes de brumes, nous laissons nos souvenirs si récents aller leur train, admirant encore l’extraordinaire performance comique, d’un humour souverain, d’une maîtrise inégalable, d’une poésie parfois toute douceur et rêve dont nous avaient gratifié les artistes du « Quatuor » et moi encore riant de toutes mes dents aux évocations si pertinentes qu’en faisait Natacha… oui, nous nous surprenons à détailler telle ou telle partie de leur programme à la fois très sérieusement musical et très intelligemment moqueur… Les quatre complices se livraient à des adieux magnifiques, qui s’achèveront dimanche prochain : mais soudain notre radio de bord, mise en route vers 11 h 20, laisse passer le coup de tonnerre islamiste qu’un peu plus tard certains ne craindront pas de comparer au 11 septembre 2001 ! Donc : 7 janvier 2015 à 11 h 30, la France entend soudain, à l’est de Paris, le fracas des armes de guerre et des cris de vengeance en l’honneur d’Allah qui aurait, soi-disant, permis cette suite de crimes que l’on ne peut qualifier que porteurs à la fois d’une épouvante immédiate et d’une suite promise de désastres.

Qu’ainsi les soi-disant « Croyants du Croissant » se disent inspirés par Dieu laisse l’esprit anéanti, que ce soit chez les musulmans normaux ou chez les athées basiques (qui imposent pourtant à tout notre peuple de n’obéir qu’à leurs options philosophiques) ou chez les chrétiens que nous sommes – il en existe encore – qui osent par bonheur prier de toute leur âme pour ceux qui n’ont jamais cessé de les bafouer mais avec humour, n’est-ce pas !
Qu’importe cela ? Nous deux, dans le petit espace de notre Clio, nous avons ouvert les vannes du Ciel afin de présenter au Père ces dix puis onze enfin douze cadavres qui ne sont plus que la pauvre apparence de ceux qui, sans même s’en souvenir, ou y penser, furent et demeuraient de ses enfants bien aimés. Nous savons parfaitement qu’ils ont fait pis que pendre et qu’ils ont peut-être dépassé le stade du péché irrémissible, mais ce point ne relève pas de notre compétence : ne nous reste qu’à espérer que la miséricorde infinie se penchera sur leur blessure et le terrible étonnement devant quoi ils n’ont pu qu’être tragiquement pris au dépourvu. (C’est un pécheur comme tous qui s’exprime et donc ne peut en rien juger ou condamner les péchés des autres : il use cependant d’un droit fondamental, reconnaître chez les autres comme en lui-même l’existence du péché, surtout quand celui-ci a pignon sur rue.)

Comment donc ne pas penser à ces douze assassinés, à ces blessés qui luttent toujours contre la mort à l’heure où j’écris ? Comment oublier les dizaines et les dizaines de leurs proches livrés au désespoir que de tels coups ne peuvent que faire naître ? Considération plus importante que les réserves que j’exprimerai au sujet de « Charlie-Hebdo ». Les chrétiens, je ne puis que me répéter tant cela me paraît significatif, de l’ordre d’une charité sans reproches, ne peuvent qu’inscrire les unes et les autres de ces victimes en leur esprit afin de supplier le Sauveur de tous les Hommes de les prendre en sa douce Pitié, en son Amour infini. Là-haut, si je puis dire, l’athéisme n’est plus qu’une sorte d’acné juvénile, un encrassement de l’âme, à moins bien entendu de l’avoir chaque jour ornée d’impuissantes célébrations blasphématoires… Cela plus nécessaire que tout ce que je vais écrire, même s’il me semble que je me dois, pour moi-même et quelques lecteurs, de faire le point et d’exprimer aussi précisément que je le puis ce qui me viendra en pianotant sur mon clavier : indignation absolue, colère aussi en songeant à toutes les négligences ordonnancées par nos responsables politiques et culturels, stupéfaction en découvrant, une fois de plus, l’indicible horreur dont les hommes sont capables envers leurs semblables.