Dans Le Parisien du 23 octobre, un titre vraiment inattendu à la une : « Ces curés qui craquent : il y a quelques jours, en Bretagne, un prêtre a tenté de se suicider. Notre enquête sur un autre tabou de l’Église catholique ». On peut s’étonner d’un tel titre, alors que l’actualité, notamment internationale, justifierait d’autres choix. On pense évidemment à la bataille autour de Mossoul en Irak ou de la reprise des combats à Alep en Syrie. Mais il faut croire que le suicide d’un prêtre a de quoi émouvoir l’opinion. Le Journal du dimanche consacre aussi un article à l’événement. Fort heureusement, le contenu des deux articles n’a rien d’outrancier. Il met l’accent sur la surcharge qui pèse sur les épaules de nos prêtres en nombre insuffisant sur le territoire et donne la parole à des supérieurs bien conscients de la difficulté.
Oui, il est vrai qu’on demande beaucoup aux prêtres qui ne sont pas des surhommes, qui souffrent comme leurs semblables et ne sont pas exempts de crises de dépression. Je me permettrais toutefois d’objecter qu’il est très délicat d’analyser un cas particulier, qui relève de l’écoute d’un spécialiste et de l’amitié de ses familiers. Les médias s’autorisent souvent des intrusions dans les vies personnelles en ce qu’elles ont de plus intime. Ce n’est pas sans risque, surtout lorsqu’on s’érige en juge. Ce n’est pas le cas ici. Je note toutefois qu’il est hasardeux de traiter d’un cas, dont on ignore à peu près tout, les proches de l’intéressé déclarant que rien n’annonçait un tel désarroi chez ce prêtre. Comment, dès lors, tirer des conclusions générales ? Le journaliste du Parisien remarque d’ailleurs que de tels cas sont rarissimes. On n’en dirait pas autant du suicide des paysans, qui constitue un drame permanent et s’explique par la situation d’une profession, matériellement et moralement sinistrée.
Non, il n’y a aucun tabou dans l’Église de France à propos de nos prêtres. Ce n’est pas d’aujourd’hui que certains sont obligés de recourir aux services d’un psychologue. Il n’y a d’ailleurs pas de pathologie propre au clergé, qui souffre des mêmes faiblesses que nous. C’est aussi aux fidèles d’être attentifs à l’équilibre et à la santé de leurs pasteurs, surtout lorsqu’ils sont menacés de trop de solitude et d’une fatigue excessive.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 24 octobre 2016.
Pour aller plus loin :
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