Celui qu'on n'attendait pas - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Celui qu’on n’attendait pas

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Benoît XVI tient donc aujourd’hui sa dernière audience publique, place Saint-Pierre. Demain soir, il sera pape émérite. Mais je reviens un peu en arrière. Dans les dernières années de Jean-Paul II, qui pensait au cardinal Ratzinger comme successeur possible du pape polonais ? Pas grand monde. Et je puis dire, pas même le cardinal Jean-Marie Lustiger, qui fut néanmoins, j’en suis persuadé, un des soutiens les plus fermes du préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi au conclave de 2005. Je puis révéler aujourd’hui ce qui n’est plus un secret. Un éditeur ami – Alain Noël, en l’espèce – m’avait demandé d’écrire un ouvrage pour faire le point sur les grandes questions qui se posaient à l’Église, « ses dossiers brûlants », au soir de la vie de Jean-Paul II. J’étais allé consulter l’archevêque de Paris d’alors, pour lui demander son éclairage, toujours précieux pour moi. Au cours de la conversation, la succession du pape avait été directement évoquée. Le cardinal Lustiger m’avait énoncé trois noms qu’il retenait en priorité.

Parmi ces trois noms, ne figurait pas le cardinal Ratzinger. Et cela pour une raison simple : c’est qu’il appartenait à la même génération que mon interlocuteur, et celui-ci était alors persuadé que le prochain pape serait de la génération de ses cadets. Mais quand l’échéance du conclave de 2005 tomba, c’est comme si toutes les prévisions et les supputations se trouvaient suspendues. Le cardinal Ratzinger, qui présidait la cérémonie des obsèques du grand pontife qu’il avait servi, était au centre de tous les regards, avec son autorité naturelle, sa parole profonde et limpide, sa lucidité sans concessions.

Il apparut donc à ses frères du Sacré Collège qu’il était le successeur obligé. Et cela, en dépit de tous les obstacles qui ne manquaient pas. Déjà, Joseph Ratzinger avait contre lui les médias. Des campagnes insensées contre sa personne se déchaînaient, notamment en Angleterre où on osait alléguer son passage, au demeurant obligatoire, dans les jeunesses hitlériennes, pour le déconsidérer. Le cardinal Lustiger protestait que c’était une ignominie. Mais nous savons qu’une certaine presse n’a pas peur des pires infamies dans sa propension à salir l’Église. Cela n’a pas empêché l’unanimité morale des cardinaux pour désigner un pape, qui a su montrer qu’il était possible de succéder à l’extraordinaire Jean-Paul II. Notre gratitude et notre prière l’accompagnent, pour les signalés services qu’il a rendus à l’Église et ce qu’il nous a apporté, à tous et à chacun, qui est proprement indicible.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 27 février 2013.

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