Suite à l’adoption en Californie du projet N°71 fondant le “California Institute for Regenerative Medicine (CIRM)“ [Institut Californien pour la Médecine régénérative] en vue de financer la recherche sur les cellules-souches embryonnaires humaines, Robert Klein (Président du conseil d’administration du “CIRM“ déclara : « il est pour moi hors de doute que la mission acceptée ce jour par les Californiens est le premier pas fondamental pour changer à jamais l’approche de la souffrance humaine. »
Le désir de préserver les gens de la souffrance, ou au moins de les soulager est certes méritoire. Mais l’illusion de soins et traitements de cette nature, et à une telle échelle, met à l’épreuve la solidité de nos engagements moraux. De plus, comme s’en apercevront vite les Californiens, les voies échappant à l’éthique sont souvent bien loin de tenir leurs promesses.
Il est intéressant de rappeler l’ampleur de ces promesses formulées voici juste quelques années. Elles vont de la prédiction par l’ancien candidat [Démocrate] à la Vice-Présidence [des USA] John Edwards que les paralytiques marcheraient sans aide à la plaidoirie de Michael J. Fox [acteur Canadien] en faveur de la recherche destructrice d’embryons humains pour tenter de faire reculer la maladie de Parkinson.
Notre considération pour le stade embryonnaire de la vie de l’homme est en constant déclin depuis des décennies, déclin entretenu par les politiques d’avortement légal et la pratique de fertilisation in vitro nécessitant la création puis la destruction d’un nombre incalculable d’êtres humains de par le monde.
Les avancées médicales quasi-miraculeuses obtenues par l’exploitation de ces êtres minuscules seraient dépréciées en raison de mérites difficilement opposables à leurs succès. L’utilitarisme d’une tournure d’esprit tellement élevée pourrait bien être irrésistible.
Selon l’Académie Pontificale pour la Vie l’embryon humain est « un humain d’identité bien définie qui dès l’union des gamètes entame son propre développement coordonné, continu et gradué.
À une large majorité les électeurs de Californie ont rejeté en 2004 cette notion en instituant le “CIRM“. Cette agence a été créée dans l’idée que la recherche sur les cellules-souches embryonnaires humaines était la solution à presque tous les problèmes médicaux imaginables et que son financement relevait de la responsabilité de l’État.
Autorisé à distribuer trois milliards de dollars en dix ans, le “CIRM“ devint le plus grand dispensateur — hors les Instituts Nationaux de Santé — de fonds pour la recherche sur les cellules-souches. Bien que destinés à toutes les catégories de recherche sur les cellules-souches, une priorité particulière était accordée aux fonds pour la recherche sur les cellules-souches embryonnaires humaines.
En 2007, première année d’attribution de créditss, le “CIRM“ a accordé 121 millions de dollars à la recherche sur les cellules-souches embryonnaires humaines et pratiquement rien à la recherche sur les cellules-souches humaines adultes, les cellules-souches pluripotentes et autres axes de recherche non sujets à controverse.
L’année suivante, priorité a été à nouveau donnée à la recherche sur les cellules-souches embryonnaires humaines avec 25.658.662 $, près du double des fonds alloués à la recherche sur des cellules-souches non embryonnaires.
2009 vit un tournant marqué dans les orientations du “CIRM“. Celle année-là le “CIRM“ publia un nouveau plan stratégique en faveur des projets “les plus susceptibles de mener à des essais cliniques et à des thérapies nouvelles.“ Le plan précisait l’intention du “CIRM“ de stimuler « le développement d’un “pipe-line scientifique de soins“ reliant la recherche sur les cellules-souches depuis les étapes de la découverte jusqu’aux applications cliniques. »
L’arrivée prochaine de résultats concrets a fait basculer spectaculairement l’intérêt et les financements en faveur de la recherche sur les cellules-souches adultes et autres sujets ne prêtant pas à controverse.
Éthique et efficacité vont maintenant de pair. Malgré l’enthousiasme médiatique et les sommes déversées à leur profit, les cellules-souches embryonnaires attendent encore qu’on leur trouve des applications thérapeutiques. Malgré de maigres et modestes résultats sur les animaux et une récente tentative en Grande Bretagne pour traiter la dégénération maculaire, aucun traitement n’a été découvert avec ces cellules. Il est difficile de les isoler et de les cultiver en laboratoire. De plus, les cellules-souches embryonnaires ont un fort potentiel d’amorçage de tumeurs et peuvent endommager les tissus — ces effets pouvant survenir avec des cellules qui n’ont pas à être présentes dans un corps humain adulte.
Par contre, les cellules-souches adultes obtenues sans réticences éthiques à partir de sources telles que la moelle osseuse ou le sang de cordon ombilical continuent à offrir des résultats remarquables. Grâce à elles on a réussi à traiter un large éventail de cas, tels des troubles cardiaques, l’anémie pernicieuse et des lésions de la moelle épinière.
Le Docteur David Prentice, membre Senior de la section des Sciences de la Vie au Conseil sur la Recherche de la Famille, a déclaré : « il y a très peu de preuves que les cellules-souches embryonnaires soient efficaces dans le traitement de maladies ou la régénération de tissus. Et en même temps des milliers de malades ont été traités avec succès par leurs propres cellules-souches adultes. »
L’accent mis sur les domaines de recherche aboutissant à de sérieuses applications cliniques fait que la part des aides accordées par le “CIRM“ continue à s’orienter sur les cellules-souches adultes. Cette année 49.933.846 $ ont été attribués à la recherche sur les cellules-souches adultes, plus du double des 19.420.222 $ alloués à la recherche sur les cellules-souches embryonnaires.
De plus, 2012 a vu pour la première fois qu’un projet financé par le “CIRM“ aboutisse à l’autorisation par la FDA [Food and Drug Administration = organisme fédéral de contrôle des aliments et médicaments]. Le médicament en question est destiné à réparer les dommages occasionnés par des accidents cardiaques, élaboré grâce à la recherche sur les cellules-souches adultes.
La quête de miracles par les cellules-souches embryonnaires a jusqu’à présent abouti à une perte d’argent et à une bien plus lourde perte de vies innocentes. Les cellules-souches adultes et d’autres alternatives du même ordre offrent par contraste un avenir plein d’espérances sans court-circuits éthiques.
Le regretté physicien et philosophe de la science Stanley Jaki remarquait un jour que la science dépend de vérités qui comprennent « l’existence d’un monde intrinsèquement ordonné en tous domaines et cohérent en toutes interactions. » Cette remarque pourrait bien s’appliquer aux cellules-souches, où celles qui aident déjà à la guérison des hommes peuvent être désormais maîtrisées et accélérées — sans échappatoires éthiques — sur le chemin de succès encore plus spectaculaires.
Chuck Donovan, président et Nora Sullivan, chargée de recherches à l’Institut Charlotte Lozier à Wasington.
Illustration : cellules-souches adultes.
Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/the-path-to-ethical-stem-cell-research.html
Pour aller plus loin :
- Débat parlementaire du 19 novembre sur l'Euthanasie
- Le Saut dans le vide d'Yves Klein - 16 octobre 1960 à Fontenay-aux-Roses
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- L’adoption homosexuelle devant la Grande Chambre de la Cour européenne
- Embryons, malaise européen