Ce que les saints et les mystiques disent du purgatoire - France Catholique
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Un autre regard sur le poverello
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Ce que les saints et les mystiques disent du purgatoire

Tout au long de l’histoire, de nombreux mystiques, dont certains ont été canonisés, ont eu des visions d’âmes du purgatoire ou reçu des messages les renseignant sur cet « état ». Florilège de leurs récits.
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Notre Dame du Purgatoire. Cathédrale Notre-Dame-de-Clermont.

Notre Dame du Purgatoire. Cathédrale Notre-Dame-de-Clermont.

© Julian Kumar / Godong

La foi ne se nourrit pas que de doctrine mais aussi d’images pour comprendre ses mystères. Si l’Église est prudente sur les visions des mystiques, elle admet que ces derniers ont reçu des grâces particulières pour les aider dans la progression de leur propre foi et non pour demander spécifiquement aux fidèles de prendre leur message au pied de la lettre.

Jusqu’au XIVe siècle, on ne parlait pas du purgatoire en tant que tel mais de peines purificatrices, de purification via un feu (lire entretien avec don Paul Préaux) et, dans l’imaginaire, s’il ne s’apparentait pas à un lieu, il était perçu comme un quasi-enfer. Il faudra attendre le poète Dante Alighieri pour concevoir dans La Divine Comédie le purgatoire comme une montagne qui permet d’approcher le paradis et non comme un gouffre. Cette vision positive sera par la suite corroborée par les récits des mystiques qui apportent des précisions à même de retenir notre attention.

Sainte Catherine de Gênes

Ainsi, le purgatoire est un état voulu par l’âme au moment de la mort. Sainte Catherine de Gênes, Italienne toute vouée à Dieu au XVe siècle, explique dans son ouvrage Traité du purgatoire que « l’âme quittant le corps et ne trouvant pas en elle cette pureté dans laquelle elle a été créée, voyant aussi les empêchements qui retardent son union à Dieu, comprenant que le purgatoire peut seul les écarter, s’y jette d’elle-même promptement et volontairement ».

Marguerite-Marie Alacoque

Si les âmes ne se révoltent pas, faut-il tout de même craindre le purgatoire tant il est présenté comme un feu douloureux ? Sainte Marguerite-Marie Alacoque, la messagère du Sacré-Cœur, a la vision d’un religieux dévoré par les flammes qui la supplie pour l’arracher au purgatoire de prendre sur elle tout ou partie de ses tourments. La visitandine acceptera et confiera avoir terriblement souffert pour ce bénédictin qui n’avait pas été fidèle à son sacerdoce. Mais le purgatoire est un état paradoxal car aux souffrances de la purification se mêle la joie d’anticiper l’allégresse du Ciel. Sainte Catherine de Gênes estime ainsi que « la joie des âmes du purgatoire est supérieure à toutes les joies de la terre ».

Sœur Faustine

L’âme est dans une purification passive. Outre le secours des saints et des anges, en particulier de saint Michel, sainte Faustine, religieuse polonaise canonisée par Jean-Paul II en 2001, raconte dans son Petit Journal avoir visité le purgatoire. Guidée par son ange gardien, elle a vu la plus consolante des présences, la sainte Vierge Marie, reine du purgatoire : « Je me trouvais dans un endroit enfumé, rempli de flammes, où se trouvaient une multitude d’âmes souffrantes qui prient avec ferveur, mais sans efficacité pour elles-mêmes ; nous seuls pouvons les aider. Les flammes qui les brûlaient ne me touchaient pas. Mon ange gardien ne me quittait pas un seul instant. Et je demandais à ces âmes, quelle était leur plus grande souffrance. Elles me répondirent d’un commun accord que c’était la nostalgie de Dieu.


J’ai vu la Sainte Vierge, visitant les âmes au purgatoire. Elles l’appellent “Étoile de la mer”. Elle leur apporte du soulagement. Je voulais encore leur parler, mais mon ange gardien m’avait déjà donné le signal du départ. Nous sortions de cette prison de douleurs quand Dieu a dit : “Ma Miséricorde ne veut pas cela, mais la justice l’exige”. »

Saint Bernard et Maria Simma

La célébration de l’Eucharistie est indiquée par de nombreux saints comme le plus sûr moyen de délivrer les âmes du purgatoire. Ainsi Saint Bernard de Clairvaux raconta avoir eu la vision, pendant qu’il célébrait la messe, « d’anges qui descendaient et montaient sur une échelle lumineuse comme celle que vit Jacob dans le songe de Béthel. Ils descendaient du Ciel dans le Purgatoire pour y prendre les âmes prisonnières puis ils montaient du Purgatoire au Ciel conduisant par la main les âmes devenues libres ».

Cependant, selon Maria Simma, mystique autrichienne qui reçut des visites des âmes du purgatoire de 1940 à sa mort en 2004, la messe profite aux défunts à hauteur de l’estime qu’ils en ont eue de leur vivant. « On récolte ce que l’on a semé » confia-t-elle en précisant que les péchés les plus sévèrement punis en purgatoire sont ceux contre la charité : médisance, calomnie, rancune ainsi que les querelles provoquées par la cupidité et l’envie.

Véronique Guiliani

Qu’en est-il de la sortie du purgatoire ? D’une façon mystérieuse, Véronique Giuliani, sainte du XVIe siècle, voit l’âme de son père expirer alors que rien n’indiquait qu’il était mort. Lorsqu’elle apprend la nouvelle effective de son décès, une vision lui indique un endroit horrible où une âme torturée lui demande d’obtenir une grâce. « Je fis beaucoup de pénitence et de prière pour cette âme et, un jour, je crus entendre le Seigneur me dire : “Sois tranquille, pour telle fête, je délivrerai l’âme de ton père des tourments où il se trouve. Si tu veux qu’il en soit ainsi, il faut que tu souffres beaucoup”. » Véronique Giuliani aura ainsi la joie de voir délivrer son père : « Pendant la nuit de Noël, un ange vint prendre son âme par la main et je vis mon père tel qu’il était dans sa vie mais revêtu de blanc. Il me salua et me remercia de ma charité. Aussitôt, il devint éclatant de lumière. »

Le saint Curé d’Ars

Méditons enfin les paroles du saint Curé d’Ars pour nous souvenir de prier pour nos parents défunts : « Si le Bon Dieu leur permettait de se montrer, nous les verrions se jeter à nos pieds : “Ah ! mes enfants, diraient ces pauvres âmes, ayez pitié de nous !” Ils viendraient réclamer une prière, une messe. » Le Curé d’Ars disait par ailleurs : « Si l’on savait combien nous pouvons obtenir des grâces par le moyen des âmes du purgatoire, elles ne seraient pas tant oubliées. » N’oublions pas leur intercession dans la communion des saints