Le malheureux juge Burgaud rend en ce moment des comptes devants ses pairs pour l’odieuse affaire d’Outreau. Oui, je vous entends déjà sursauter au mot « malheureux ». Après tout, ce jeune homme bien propre sur lui, a brisé la vie d’une dizaine d’innocents. Il l’a fait sans états d’âme, comme un jeune magistrat convaincu d’agir dans la légalité. Devant le conseil de la magistrature, il excipe encore de sa bonne conscience et affirme n’avoir commis « aucune faute disciplinaire ».
C’est justement en cela que Fabrice Burgaud est malheureux. Ce jeune homme à la figure de premier de la classe ne comprend visiblement pas ce qu’on peut bien lui reprocher. Digne héritier du Brid’oison de Beaumarchais, il ne lui est pas venu à l’idée que le respect de la forme ne renferme pas toute la mesure de son devoir de magistrat et que le justiciable est aussi un être humain.
Fabrice Burgaud est aussi malheureux parce qu’il n’a toujours pas compris qu’il ne suffit pas d’être bien noté par ses supérieurs hiérarchiques pour être sûr de faire du bon travail et de servir correctement cette grande chose qui s’appelle la justice.
Décidément, Fabrice Burgaud est bien malheureux.
Erwan Violin ©
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