Ce fut une Formidable Victoire - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Ce fut une Formidable Victoire

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Imaginons que, dans un esprit de « diversité illimitée », nous instituions un cérémonial religieux sous cette forme : deux jours par semaine nous pourrions prier le Dieu d’Israël, ou recevoir l’Eucharistie de Notre Seigneur qui est mort sur la Croix, tandis que d’autres jours nous brûlerions de l’encens aux divinités locales, inviterions des animistes à sacrifier des poulets, et les Wiccans à jeter leurs sorts du moment. Ce projet pourrait-il être présenté au monde comme un rituel civique manifestant notre « respect » de « la religion » ? Ou cela serait-il tout à fait le contraire ? Tout ce spectacle serait-il fondé sur le principe que ces dévotions pourraient être également «  respectées » parce-qu’aucune d’elles ne pourrait être plus vraie, ne mériterait plus notre respect ou notre adhésion que n’importe quelle autre de ces religions ? Ce qui veut dire que dans tout ce projet on commence par refuser de respecter la manière dont ces dévotions et ces enseignements ont été compris, et jugés convaincants par ceux qui tiennent à eux. Prendre conscience de cela revient à prendre conscience de quelle étrange « victoire » les représentants des religions ont réussi à obtenir de la Cour Suprême il y a deux semaines avec le cas de Town of Greece (Etat de New-York) contre Galloway. Cette ville. dans l’Etat de New-York, a commencé en 1999 par demander à un membre du clergé local de dire une prière avant la réunion mensuelle du conseil municipal. Il se trouvait que la plupart des membres du clergé local étaient chrétiens, quoique le conseil avait lancé des invitations œcuméniques. Il s’éleva une plainte à laquelle on pouvait s’attendre, — que ces prières « rendaient officielle » une définition chrétienne pour cette ville, et qu’elles étaient imposées même aux participants qui ne les partageaient pas. Au cours des cinquante dernières années, la Clause d’Etablissement du Premier Amendement a été détournée de son but initial et utilisée comme un levier pour éradiquer complètement la religion de la sphère publique. Mais de la manière la plus curieuse, en contrepoint à cette évolution, la Cour Suprême a maintenu la tradition des aumôniers et des prières aux assemblées législatives. Comme l’a fait remarquer le juge Kennedy, le Premier Congrès proposa de nommer des aumôniers seulement quelques jours après l’approbation de la rédaction du Premier Amendement. Pour ceux qui veulent bien se laisser guider par leurs revendications de s’attacher au « sens originel », cette approbation a au moins établi que les gens qui ont conçu le Premier Amendement ne voyaient rien dans cet Amendement qui interdisait les aumôniers et les prières dans les assemblées législatives. De plus, il y a trente ans, la Cour de Justice avait refusé que l’on conteste la présence des aumôniers aux assemblées législatives des Etats Unis. Mais si on pouvait prétendre maintenant qu’il y avait quelque chose d’anticonstitutionnel jusque dans ces vestiges de religion, un autre léger obstacle serait balayé et il n’y aurait pas de limite à l’élimination de la religion de notre vie publique. Certains d’entre nous se sont alors sentis obligés de contribuer aux conclusions juridiques de cette affaire, et nous fûmes à la fois soulagés et étonnés du résultat. D’une part soulagés que la Cour n’ait pas rejeté la tradition des prières dans les assemblées législatives, et même mieux encore que cela, immensément satisfaits que la Cour ait accepté de maintenir des prières d’un caractère défini. Les prières chrétiennes pouvaient encore être des prières chrétiennes en invoquant la Sainte Trinité. Elles n’auront pas à être submergées par des vagues prières non sectaires adressées simplement au « divin ». En revanche, nous pourrions nous étonner et nous inquiéter du fait que ce résultat ne tînt qu’à un cheveu : quatre juges de la Cour voulaient l’abandon des prières aux assemblées législatives si la recherche des aumôniers n’était pas plus œcuménique, car ils cherchaient une représentation plus diverse des convictions religieuses ou philosophiques. Et pourtant, comment cette ville aurait-elle pu englober plus complètement toutes les nuances religieuses ? Comme le juge Kennedy l’a fait remarquer,  « Cette ville en aucun point n’a exclu ou empêché un éventuel officiant de se manifester… Un membre du clergé ou un laïc de n’importe quelle confession, y compris un athée, pouvait dire une prière ». Une prêtresse wiccan qui avait lu cette information a tâté le terrain en offrant ses services, et ils furent acceptés. Ainsi qu’a-t-on gagné dans cette affaire ? La Cour Suprême n’a justifié la place de « la religion » dans la république qu’en maintenant une politique qui incorporait, dans la compréhension du religieux, l’athéisme, ou la notion d’être « avec Dieu ou avec des dieux ». Mais cette incohérence est devenue l’un des traits qui définissent la jurisprudence de notre époque. Le parti conservateur n’a accepté de maintenir la religion dans les assemblées législatives qu’à condition que d’emblée les aumôniers et les prières aient été acceptés. Le parti conservateur invoque l’histoire ou « la tradition ». Mais la faille dans cette position est que les juges se détournent de leur tâche d’expliquer, et même de s’expliquer à eux-mêmes, ce qui fait de la religion un bien à protéger et à défendre dans notre vie publique. Le juge Kennedy a laissé entendre que des prières pouvaient « conférer du sérieux » à la cérémonie et encourager les gens à réfléchir à « un idéal partagé et à des objectifs communs ». Mais on pourrait trouver ces qualités au baseball ou dans les arts, car des millions de gens viennent vénérer la grâce de Joe Di Maggio ou de Luciano Pavarotti. Le Juge Kennedy trouve dans ces rituels  « des signes de reconnaissance du divin dans notre institution publique ». Sauf que cette décision n’implique aucun sens figé du mot « divin » et qu’elle peut inclure un point de vue matérialiste qui rejette radicalement toute notion du divin. En conclusion, ce qu’on a gagné dans le cas « Town of Greece » rappelle la vieille plaisanterie du pilote d’avion qui donne aux passagers les mauvaises nouvelles et les bonnes : Nous avons perdu notre plan de vol, mais, en revanche, nous sommes dans les temps.
http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/twas-a-famous-victory.html La prière lors du premier Congrès continental, par HT Matteson 1848