Le fait même que nous employions le terme de « catholique pratiquant » est révélateur. En dépit du fait que j’aie vécu à New York ces quarante quatre dernières années, je ne crois pas avoir jamais entendu un ami juif être appelé « juif pratiquant » bien que souvent, on se réfère ici aux juifs par des adjectifs plus spécifiques : orthodoxes, ultra-orthodoxes, conservateurs, libéraux, réformés, séculiers. Plus souvent, les juifs qui assistent aux services du sabbat sont des « observateurs » bien que je soupçonne ce terme de paraître curieux chez les Haredi.
De toutes façons, observateur est peut-être synonyme de pratiquant.
Mais je ne peux pas non plus me souvenir d’avoir jamais entendu personne se décrire comme méthodiste, presbytérien, épiscopalien ou luthérien pratiquant. Il est évident que je ne suis pas allé partout et n’ai pas parlé à tout le monde, aussi n’ai-j pas tout entendu. Mais malgré tout, je ne l’ai jamais entendu.
Dans la mesure où ceci est vrai, c’est parce que nous, catholiques, ne savons que trop bien que tout un tas de gens qui se disent « catholiques », ne connaissent pas grand-chose à la foi et mettent en pratique très peu de ce qu’ils savent. Ils favorisent « le droit de la femme à choisir » ainsi que l’avortement, et ils n’aiment pas se lever le dimanche matin pour aller à la messe. On pourrait dire qu’ils sont « hors de pratique » comme moi je le suis avec le français et la batterie qui étaient de vieilles passions que j’ai laissées s’éteindre.
Comme nous le savons, chaque dimanche est un jour saint et jour d’obligation, et la diminution de l’assistance à la messe le jour du Seigneur est tout ce que l’on a besoin de savoir pour savoir qui est « pratiquant » et qui ne l’est pas. De même, si vous allez à l’église n’importe quel jour de fête d’obligation quand cela tombe un jour de semaine, de deux choses l’une : ou bien de nombreux catholiques n’ont pas saisi le sens du mot « obligation » ou bien ils s’en moquent.
Une partie de ceci vient peut-être de la conviction (parfois) admirable des Américains que personne n’a à leur dire ce qu’ils doivent faire. Dans le cas présent, bien sûr, c’est abominable.
Nous savons aussi qu’il existe des catholiques médiocres qui vont bien à la messe chaque dimanche et se montrent aussi à toutes les fêtes d’obligation. Ce sont des gens qui aiment l’esthétique de la foi et/ou la respectabilité qui y adhère encore. Mais, à l’instar du président Biden, ils passent beaucoup de leur temps hors de l’église à travailler activement contre ce qu’enseigne l’Eglise alors que cela ne les empêche pas de parader le lendemain du mardi gras avec cette tache sur le front.
Pour eux, le catholicisme est ce que l’appartenance ethnique est pour certains : La vague célébration d’un héritage. Peut-être devrions-nous parler en ces termes : Italo-Américains, Afro-Américains….Catholico-Américains ; « Le parrain », « les racines », « aller dans mon sens ».
Dans la ville de banlieue que j’habite, juste au-dessus du Bronx, on voit des tas de voitures avec des autocollants ornés du drapeau italien, et quelques-uns avec les contours de l’Afrique trissés dans le rouge noir et vert du pan africanisme. Beaucoup des Italo-Américains ne sont jamais allés en Italie et ont perdu l’usage de la langue italienne de leurs grands-parents. Il me semble que leur identité italienne s’exprime principalement par une certaine coupe de cheveux. Pas très réussie.
Et, bien que je reconnaisse ne pas avoir de réelle connaissance des faits, je suis bien convaincu que la plupart des habitants noirs de la région ne sont jamais allés en Afrique, ne savent pas d’où venaient leurs ancêtres et ne connaissent aucune langue africaine. Ils n’ont pas conscience qu’une carte de l’Afrique ne dit rien de la remarquable diversité et des dissonances de l’Afrique.
La plupart des catholiques sont comme cela, et rares sont ceux qui possèdent une bible ou un chapelet, sans parler d’un exemplaire du catéchisme de l’Eglise catholique. Rares sont ceux qui sont capables de chanter à l’église ni d’en avoir envie.
Dans chacun des cas – des Italo-américains des Afro-américains, ou des Catholico-américains – le problème est l’assimilation, qui est un autre aspect de la vie américaine, souvent admirable – tel le « melting pot » – mais, en l’occurrence, abominable.
Le père Paul Scalia a écrit récemment ici que nous, chrétiens catholiques, devrions être « mis à part ». Au lieu de cela, la tentation de s’assimiler à une culture plus vaste est très présente de nos jours. Si les catholiques ont possédé dans le passé une mentalité négative de ghetto, nous souffrons à présent d’un désir presque pathologique de nous intégrer.
On nous gronde ; on nous ordonne de nous souvenir que la religion n’a pas sa place dans le domaine public : « « GARDEZ VOS CHAPELETS A L’ECART DE MES OVAIRES » ! Cette banalité et d’autres aussi gardent habituellement le « Premier Amendement » dissimulé en arrière-plan. La plupart des objections face aux proclamations de foi en politique et devant la loi, sont des assertions véhémentes à propos du « mur de séparation » excepté que ceux qui y font objection mettent le principe à l’envers : Le premier amendement en réalité garantit le droit à un croyant de chercher à sauvegarder ses opinions religieuses dans la politique publique – à condition, toutefois, que ce qu’il propose ne soit pas ouvertement théocratique. La théocratie est inconstitutionnelle. Mais les lois qui dérivent partiellement ou complètement de l’éthique judéo-chrétienne ne sont pas inconstitutionnelles.
Pour un politicien catholique (presque toujours un libéral) affirmer que ses vues religieuses ne doivent pas interférer dans son programme exécutif ou législatif est si manifestement idiot que cela défierait la raison, n’était le fait que nous voyons cette idiotie se réaliser tous les jours.
Aussi, voici quelques questions pour le Président et le Président du Parlement : Sur quelle base soutenez-vous par exemple l’avortement, excepté sur celle d’un système de croyance ? Pourquoi rejetez-vous le système de croyance (catholique) que vous citez si souvent comme ayant formé votre vie personnelle ? Quelle est la différence entre par exemple la Programme Démocrate de 2020, et le Catéchisme de l’Eglise Catholique ? Ou plutôt, pourquoi donnez-vous une plus grande autorité à l’un qu’à l’autre ? D’après vos actions, cela semble le cas.
Laissez moi vous rappeler que la base de la théologie morale catholique est la loi naturelle, dans laquelle le premier principe est : fais le bien, évite le mal. Le catéchisme établit que : « Depuis le premier siècle, l’Église a affirmé que tout avortement provoqué était moralement mauvais. Cet enseignement n’a pas changé et demeure inchangeable. L’avortement direct, c’est-à-dire, l’avortement voulu soit comme une fin, soit comme un moyen, est gravement contraire à la loi morale. »
Alors, quelle est la source de votre désaccord ?
Pour aller plus loin :
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Pie XII a-t-il abandonné les juifs lors de la dernière guerre ?
- Catholiques, on ne veut pas de vous dans l'État de New York
- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ