Je suis né dans l’État de New York et y ai vécu plus de 61 ans. J’ai alors payé un tas d’impôts et taxes d’État et locaux, et j’ai exercé un certain nombre de fonctions publiques, dont deux mandats de Directeur Exécutif du Port Autonome de New York et New Jersey.
Je suis aussi catholique, et membre du Parti Conservateur de New York, et j’ai fait partie des équipes de transition à l’occasion des élections des gouverneurs George Pataki (Républicain) et Andrew Cuomo (Démocrate), et j’ai compté parmi les conseillers au Conseil Économique et Fiscal de Cuomo.
Eh bien, malgré mes services rendus à la collectivité et la bonne part de mes revenus versés pour faire fonctionner le monstre gouvernemental de l’État de New York, je devrais, à entendre le Gouverneur Cuomo, quitter l’État de l’Empire [Surnom de l’État de New York].
Pourquoi? Parce que je suis « pro-vie », « anti-mariage gay », et émets des doutes sur la législation élaborée à la hâte en 2013 par Cuomo sur les armes à feu: vous pourrez acheter un pistolet avec un chargeur de dix cartouches mais sans en y mettre plus de sept, même en cas de légitime défense.
Voici ce qu’a déclaré Cuomo vendredi dernier à Albany [Capitale de l’État de New York] lors de l’émission radio « La salle de Presse de la Capitale » à propos d’une forte proportion d’électeurs:
« Qui sont-ils ? Sont-ils ces ultra-conservateurs pro-vie, pro-armes à feu, anti-gay ? Est-ce bien eux ? Si c’est bien eux, alors, ils n’ont pas leur place dans l’État de New York, ce n’est pas le profil des habitants de notre État. »
À un moment d’inattention, le Gouverneur Cuomo a lâché publiquement ce que beaucoup de gens à gauche pensent intimement depuis des années : les « pro-vie », « pro-mariage traditionnel », sont de vrais bigots dignes du Klu-Klux-Klan et devraient se taire ou partir.
Cuomo n’exclut pas seulement les millions de chrétiens et juifs (ou autres) de New York, en tant que citoyens inadaptés, il retire l’annonce de bienvenue dans l’État pour la moitié de la population de la nation qui, selon les sondages, récuse l’avortement et le mariage gay.
Et parmi ceux « qui n’ont pas leur place dans l’État de New York », le premier de la liste doit être S.E. le Cardinal Timothy Dolan, Archevêque de New York. Car il a fièrement suivi les pas de ses prédécesseurs, défenseurs inébranlables de l’enseignement de l’Église dans le domaine public.
Citons S.E. le Cardinal Terence Cooke, septième archevêque de la ville de New York (1968 – 1983), dont la cause en canonisation est introduite ; il combattit publiquement le décret d’État en 1970 sur la libéralisation de l’avortement. Et dans la semaine suivant la sentence « Roe v. Wade » [Arrêt de la Cour Suprême en janvier 1973 déclarant constitutionnel le droit à l’avortement.] il publia une lettre pastorale lue dans toutes les paroisses pour condamner l’avortement comme « un mal fondamentalement immoral ». Mgr Cooke lança la « Semaine annuelle de respect de la Vie », et institua l’organisme « Birth Right » (Droit de Naître) pour aider les femmes enceintes décidant de ne pas avorter.
Quant aux « droits des gays », Mgr. Cooke s’opposa année après année aux propositions du Conseil municipal de New York qui auraient interdit toute discrimination concernant « l’orientation sexuelle ou les préférences sentimentales ». Oui, vous avez bien lu.
Voici une déclaration typique de S.E. le Cardinal Cooke en avril 1978 sur la position de l’Église:
« Si le projet d’arrêté a pour but sous-jacent de proner et faire approuver le comportement et le mode de vie homosexuels, il ne saurait être question que l’Église catholique dans la ville de New York le trouve acceptable. Il ne saurait non plus être question de rester silencieux sur ce sujet.
L’enseignement moral de l’Église catholique marque la différence entre « orientation » et « comportement » tant pour les homosexuels que pour les hétérosexuels. Alors que l’orientation d’une personne ne saurait être prise en considération, son comportement peut indubitablement être soumis à évaluation. Un comportement homosexuel, un mode de vie homosexuel, ne sont pas conformes à l’enseignement moral catholique, c’est, en fait, un mal pour ceux qui s’y livrent; l’hétérosexualité est la norme du comportement humain.»
Et, ne l’oublions pas, dans les années 1970 Mgr. Cooke avait un allié dans son combat contre l’avortement et les « droits » des gays : Mario Cuomo, père de l’actuel Gouverneur.
Pendant la campagne (ratée) de 1974 pour le poste de Gouverneur adjoint, le New York Times rapporta les propos de Cuomo l’Ancien à la télévision : « il aurait voté contre la loi de 1970 adoucissant les règles relatives à l’avortement dans l’État.» Au cours de la campagne malheureuse pour la Mairie de New York en 1977, le New York Daily News et le Post citèrent Mario déclarant qu’il s’opposerait à tout texte sur les droits des gays « qui donnerait aux enseignants homosexuels le droit de promouvoir ou de défendre leur mode de vie.»
Je me demande si le Gouverneur Andrew Cuomo, baptisé catholique, diplômé du Lycée « Archevêque Molloy » et de l’Université Fordham [Université Jésuite à New York], fera une requête pour faire — hum! hum! — « avorter » la cause en canonisation de Mgr. Cooke en raison de ses positions « extrêmistes » pour la défense de l’enseignement de l’Église. Et s’il demandera à son père, lui-même ancien Gouverneur, de déguerpir de l’État en raison de son attitude « politiquement incorrecte » d’il y a quarante ans.
En clamant que les gens qui réprouvent son point de vue culturel « n’ont rien à faire dans l’État de New York.» Cuomo a rejoint ceux que l’historien Richard Hofstadter désignait comme « libéraux totalitaires », des gens qui usent de moyens anti-libéraux pour procéder à des réformes prétendues libérales.
S.E. le Cardinal Dolan et les évêques des huit autres diocèses de l’État de New York ont le devoir de répondre et de condamner quiconque — spécialement tout catholique ayant une stature publique — menace ceux qui sont attachés à la doctrine de l’Église.
Une prédiction de S.E. Francis George, Cardinal Archevêque de Chicago: « il mourra dans son lit, son successeur mourra en prison, et le suivant mourra martyr.» On n’en est peut-être pas encore tout-à-fait là. Mais à moins d’une rapide et vigoureuse réaction des dirigeants de l’Église et d’autres acteurs, les catholiques et tous les tenants des mêmes vues morales se trouveront non simplement marginalisés mais — si cerains hommes politiques y parviennent — en quelque sorte exilés dans leur propre pays.
Source : Cuomo to Catholics: You’re Not Welcome in NY
Photo : 197, Andrew Cuomo assiste au retrait de son père dans la campagne pour la Mairie de New York
http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/cuomo-to-catholics-youre-not-welcome-in-ny.html
Pour aller plus loin :
- Le gouverneur Andrew Cuomo devrait-il être excommunié ?
- Andrew Cuomo, un catholique anti-catho.
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Retour sur 1984 : l'archevêque O'Connor contre le gouverneur Cuomo.