Catholiques : faut-il soutenir la campagne « anti-islamophobie " - France Catholique
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Catholiques : faut-il soutenir la campagne « anti-islamophobie « 

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L’Université Marquette apportera son soutien financier à un « Atelier pour vaincre l’Islamophobie ». Cette Université catholique aidera financièrement les participants soumettant un rapport écrit sur le sujet.

Combattre « l’islamophobie » semble actuellement enrager les Facultés catholiques ainsi que certains Évêques. À l’Université de Georgetown [banlieue de Washington] le « Centre Alwaleed ben Talal pour la compréhension entre musulmans et chrétiens » a pour cible principale l’islamophobie. L’islamophobie est également un sujet majeur pour le Secrétariat des affaires œcuméniques et interreligieuses de l’Église Catholique des États-Unis. Anthony Cirelli, directeur adjoint du Secrétariat a déclaré au Centre des Informations Catholiques que « les évêques américains se rapprochent de nos collègues musulmans en vue d’une évolution des commentaires sur l’islam dans notre presse populaire. » Mgr Robert McElroy, évêque de San Diego, a mis les points sur les « i » en déclarant que les catholiques doivent combattre le fléau du préjugé anti-islamique.

On peut débattre de la réalité d’un tel fléau. Je l’ai déjà signalé ailleurs, un pourcentage élevé de prétendus crimes contre des musulmans relève de la désinformation. Néanmoins, des associatons musulmanes d’action politique — tel le « Conseil des relations américano-islamiques » — persistent à prétendre que l’islamophobie est sous-jacente dans le pays, et que les évêques catholiques sont désireux de participer à une campagne pour l’éradiquer.

Les évêques espèrent sans doute améliorer la sécurité des minorités aux États-Unis en faisant la guerre à l’islamophobie, mais on peut soupçonner qu’ils ouvrent ainsi la porte à de bien pires dangers pour les minorités, si ce n’est pour tous.

Comment ? Selon Robert Spencer, spécialiste de l’islam, le « business de l’islamophobie » fausse le jeu « en comparant délibérément deux phénomènes tout-à-fait distincts : les très rares et injustifiables agressions contre d’innocents musulmans… et l’analyse honnête des motivations idéologiques des terroristes djihadistes. »

On peut donc parier sans grand risque que l’Université Marquette ne proposera aucun programme sur les racines idéologiques du terrorisme islamique. Ce serait ouvrir le champ à une discussion sur les relations entre l’enseignement de Mahomet et le terrorisme. Ce qui ferait s’aventurer dans une zone de réflexion tant les intellectuels catholiques que non catholiques.

Une accusation éventuelle de l’islamophobie consiste à rejeter toute discussion sur le problème du djihad, éloignant ainsi toute éventualité de solution. Mais un autre phénomène se présente : interdiction absolue d’éprouver d’honnêtes soupçons. On nous dit : « si vous voyez quelque chose, signalez-le. » Mais combien d’entre nous sont prêts à risquer leur réputation, éventuellement encourir des poursuites judiciaires, en faisant part de leurs soupçons ? Ce sont pourtant les conséquences de déclarations sur le comportement suspect d’un musulman.

Un exemple : l’affaire du « gamin à la bombe », Ahmed Mohamed, qui avait apporté à son école d’Irving, Texas, un bricolage ressemblant à une bombe à retardement. Les enseignants eurent des soupçons et appelèrent la police ; ils eurent vite des regrets. Sanction de leur « islamophobie » : les médias les ridiculisèrent et décrivirent le gamin comme victime innocente. De plus, la famille d’Ahmed porta plainte contre l’école, réclamant quinze millions de dollars d’indemnité. Fort heureusement pour l’école et pour la ville, un juge déclara la plainte irrecevable. Mais des dégâts avaient été commis. Sachant le risque, combien d’enseignants feraient part de leurs soupçons sur le comportement d’un élève musulman, et combien tourneraient pudiquement la tête ?

Le frisson glacial ressenti au guichet d’enregistrement à l’aéroport quand se présenta Mohamed Atta ? À Fort Hood, les collègues du Major Nidal Hassan, qui virent en lui une bombe potentielle ? Les voisins des assassins, à San Bernadino, qui songèrent puis renoncèrent à appeler la police ? Tous avaient des soupçons, mais tous pensèrent que parler les mettrait dans le pétrin. Ainsi donc, ils ne dirent rien.

Le processus intellectuel est simple. Imaginez que, possédant un petit camion pour le louer, vous êtes consulté par un jeune musulman. Son comportement est bizarre, et il donne de vagues explications pour louer le camion. Allez-vous appeler la police ? Ou la crainte de passer pour un islamophobe vous retiendra-t-elle ? Après tout, la probabilité pour qu’il soit un terroriste est faible, alors que la probabilité de vos regrets si vous déclarez vos soupçons est fort élevée.

Ou bien, imaginez que vous devez appeler un bagagiste à l’aéroport. Allez-vous porter des soupçons particuliers sur un musulman, Somalien, par exemple ? Ou songerez-vous aux éventuelles poursuites pour islamophobie, ou même au risque de perdre votre emploi ? Se peut-il que les musulmans soient moins « épluchés » que la moyenne des candidats à un emploi, de peur d’attirer l’attention de la « police de l’islamophobie » ? Si vous croyez que c’est peu vraisemblable, pensez à un rapport établi en 2016 et révélant que 73 employés de 40 aéroports américains étaient fichés pour liens potentiels avec le terrorisme.

L’effet premier de la campagne anti-islamophobie est de saper les procédures élémentaires de contrôle qui préservent la sécurité de tous les Américains. Un tout dernier exemple : Mohamed Noor, premier musulman engagé dans la police de Minneapolis. Noor a tué une Australienne qui avait appelé police-secours en raison de troubles. Rien n’indique que Noor est un musulman radicalisé, mais tout indique qu’il n’était pas apte à sa fonction. En seulement deux années de service, Noor avait déjà fait l’objet de plaintes. Il y avait bon nombre de preuves qu’il n’avait pas le tempérament requis pour un tel emploi, et avoir tiré sur Justine Dam est une preuve supplémentaire de son incompétence.

Pourquoi a-t-il été engagé à l’origine, pourquoi n’a-t-il pas été révoqué suite aux trois premiers incidents ? Se peut-il que la Police de Minneapolis craignait de paraître islamophobique ? Un indice : suite à l’incident, Betsy Hodges, Maire de Minneapolis, lançait un appel contre « le racisme et l’islamophobie ».

Les Facultés et l’Épiscopat catholiques feraient bien de réfléchir à deux fois avant d’accorder la moindre légitimité à la campagne anti-islamophobie. Celle-ci semble plus nuisible que salutaire.

5 août 2017

https://www.thecatholicthing.org/2017/08/05/should-catholics-support-the-anti-islamophobia-campaign/

Tableau : La bataille d’Ostie, Raphaël, vers 1514 (Palais apostolique, Rome).