Catholique, avec un "c minuscule" - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Catholique, avec un « c minuscule »

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Notre Seigneur conclut Son discours des paraboles sur le Royaume avec celle du filet: « Le Royaume des Cieux est encore semblable à un filet qu’on jette en mer et qui ramène toutes sortes de choses. » (Mt, 13:47). C’est une forme de conclusion à la première parabole [du semeur] sur le Royaume — les épines ont monté et les ont étouffés. Comme dans cette première parabole la dernière montre que les imperfections du royaume sur terre seront éliminées (littéralement) à la fin du monde.

Mais en cours de leçon, la parabole nous enseigne autre chose à propos du Royaume et donc de l’Église. Le filet jeté en mer «ramène toutes sortes de choses». Oui, il s’agit de bonnes et mauvaises prises — bons et mauvais poissons de toutes sortes. Ce qui montre le caractère catholique du Royaume et de l’Église.

Pour bien des gens, le mot « Catholique » (« C » majuscule) fait partie de la « marque » « Église Catholique » 1. On pourrait donc négliger la signification du « c » minuscule de catholique. Le mot « catholique » signifie « universel ». Il désigne quelque chose dans sa totale plénitude, réunissant divers éléments en un tout. On peut comprendre la nature catholique de l’Église dans sa mission à trois volets : diriger, enseigner et sanctifier.

En premier lieu, l’Église est catholique — universelle — au sens premier du mot: elle s’adresse à tous. Mgr Robert Hugh Benson remarque que notre Seigneur attirait toutes sortes de personnes — bergers illettrés et hommes cultivés, pauvres et riches, pécheurs et saints, Juifs et Gentils — tout comme le fait Son Corps, l’Église.

La société qui forme l’Église comporte des gens «de toute nation, race, peuple et langue» (Ap, 7:9). Elle ne rejette aucun peuple, aucune espèce de population. «il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme, car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus.» (Ga, 3:28).

En ce sens, l’Église est la plus démocratique institution au monde. Elle n’écarte personne de sa sollicitude maternelle ni de son souci pastoral. Elle n’a aucun système de classe ou de caste, aucune sélection, pas d’examen d’entrée. Elle ne demande (comme le pratiquait le Seigneur) que repentir et foi. En même temps, on ne peut réduire sa mission universelle à un quelconque «bienvenue parmi nous.» Ce qui nous amène au second côté de « catholique ».

L’attribut « catholique » de l’Église ne signifie pas simplement qu’elle accueille toutes les nations. Après tout, l’enfer en fait autant. Non. Et non seulement l’Église accueille toutes les nations, mais elle leur apporte également l’unité. Elle unit tous les divers peuples sur terre en la vérité. Tous deviennent UN car tous professent la même foi. Et sans ce principe d’unité, le rassamblement de tous deviendrait un véritable enfer.

Ainsi pouvons-nous comprendre également que l’Église est catholique car elle détient toute la vérité (Il s’agit évidemment des vérités concernant Dieu, l’homme, et le salut. L’Église ne prétend nullement détenir les vérités scientifiques, politiques et autres.)

Bien sûr, chaque religion détient une part de vérité. Toutes voient la vérité avec un certain degré de netteté. Mais seule l’Église détient et proclame l’intégrité de la vérité dans la révélation divine. Ce qui résulte de son appartenance au Corps, de la présence permanente de Celui qui est la vérité. (Cf Jn, 14:6).

Être catholique signifie donc accepter tous les enseignements de l’Église, et non pas seulement ceux que l’on préfère. Ainsi il nous faut «proclamer la parole…. à temps et à contre-temps.» (2Tm, 4:2), et pas seulement si c’est simplement opportun. Les membres de l’Église ont toujours été tentés par la réticence à accepter ou proclamer la vérité.

Certains préfèrent une forme douce, miséricordieuse, d’enseignement alors que pour d’autres le choix s’oriente vers une forme dure, rigoureuse. Si nous ne laissons pas la vérité nous pénétrer, nous former, la foi se réduit inévitablement à une expression de notre personnalité, de notre tempérament, de notre humeur. La vérité Catholique doit gonfler nos cœurs et nos esprits et non en être un simple reflet.

En définitive, l’Église est catholique en ce sens qu’elle porte en son sein toute grâce nécessaire à la sanctification et au salut. Elle a le pouvoir de pardonner tous les péchés et de sanctifier tous les pécheurs. «…le trésor de l’Église… est le prix infini et inépuisable qu’ont auprès de Dieu les expiations et les mérites du Christ notre Seigneur, offerts pour que l’humanité soit libérée du péché et parvienne à la communion avec le Père.» (Catéchisme de l’Église Catholique, 1476). Ce trésor de l’Église lui est nécessaire pour sa mission.

Tous sont appelés à la sainteté. L’Église doit donc pouvoir les sanctifier tous.

Tous sont appelés à la sainteté — ce qui signifie que nul n’est accroché… ni hors de portée. Là encore, ses enfants sont soumis à la tentation de réduire ce qu’offre leur mère l’Église. Ce qui reviendrait à dire que les besoins de sainteté ou le pouvoir de la grâce ne concerneraient pas telle ou telle catégorie, telle ou telle personne, ou… moi-même.

Les stricts tenants de jadis auraient écarté certains pécheurs du domaine, du pouvoir de pardon de l’Église. De nos jours, les limites de la grâce prennent une autre tournure — en pensant que certaines directives des Évangiles (en général sur le comportement sexuel) dépassent les capacités des gens ou ne concernent pas certaines catégories. Ce qui signifierait que certaines catégories sont exclues du domaine de la grâce, de la rédemption, et de la sainteté.

Donc tous ne seraient pas appelés à la sainteté, ou bien l’Église serait privée des grâces nécessaires à la sanctifiction. En tout cas, Dieu aurait des pouvoirs restreints.

Tout Catholique doit être catholique. Ce qui implique d’abord le désir que tout le monde rejoigne l’Église. Tous, et pas seulement ceux que nous aimons, admirons, ou côtoyons.

Ce qui signifie qu’il doit aussi prendre l’enseignement de l’Église comme catholique — total, intégral — et non en picorant , en choisissant ce qui nous convient et en laissant le reste de côté. Il s’agit de chercher la sainteté, sachant que notre mère l’Église détient les grâces nécessaires au pardon et à la sanctification.

30 juillet 2017.

  1. Ndlt : Il est peut-être utile de rappeler ici que les règles concernant les majuscules ou la ponctuation sont parfois assez différentes en anglais et en français