Le Catholicisme tient une de ses grandes vertus dans le délicat équilibre entre les éléments « féminin » et « masculin »de la religion.
Je sais bien que parler des éléments féminins et masculins de la religion n’est guère d’actualité. Nous sommes supposés penser à la religion comme une notion asexuée, tout comme Dieu n’est ni masculin ni féminin ; que nous sommes Catholiques non pas masculins ou féminins, mais humains.
Selon moi, c’est du vent. Les philosophes et théologiens (Thoma d’Aquin, par exemple) soutiennent que Dieu étant immatériel, et donc dépourvu de corps, n’a pas de sexe. Et pourtant la chrétienté a toujours usé d’un langage anthropomorphique à propos de Dieu. Dieu est masculin, en tant que Père. Jésus Lui-même, parlant de Dieu disait « Père ».
Notre prière fondamentale débute ainsi : « Notre Père… » et non selon une formule telle que : « Notre Être suprême asexué… ». Et on parle au masculin de la deuxième personne de la divine Trinité, « Fils ». De plus, quand le Fils fut incarné dans le genre humain, ce Dieu-homme fut un humain masculin, Jésus de Nazareth.
Quant à la troisième personne de la Trinité, l’Esprit Saint, on en parle comme s’Il n’avait pas de genre, évitant même l’emploi d’un pronom : on dit et redit « Esprit Saint ».
J’ai connu un prêtre (il est décédé) plein d’une grande dévotion envers l’Esprit Saint. Selon lui, l’Esprit Saint était le membre quasi-omis de la Sainte Trinité. Il en semblait chagriné pour le Saint-Esprit. Tous pratiquent la dévotion envers le Père et le Fils, rares sont ceux qui semblent donner leur attention au troisième membre de la Famille.
Je me rappelle une confidence de ce prêtre déçu par un nouvel évêque nommé à la tête du diocèse, car, lors de son premier entretien avec lui, il avait eu l’impression que cet évêque ne mesurait pas l’importance de l’Esprit Saint.Pour ma part, je suppose que l’Esprit Saint n’est pas retenu par les fidèles car nul ne sait quel pronom — « il » ou « Elle » — employer dans ses invocations.
En tous cas, permettez que je réitère mon opinion : le catholicisme tient le juste équilibre « Masculin » / « Féminin » entre les éléments de la religion.
Pensons à la vertu de Chasteté, qui tient un rôle majeur dans la Chrétienté, spécialement au sein du Catholicisme. Dans le monde pré-Chrétien de la Rome et de la Grèce antiques, la chasteté était considérée comme une grande vertu — pour les femmes, non pour les hommes. On attendait des femmes, non des hommes, la virginité prénuptiale.
Et, après le mariage, on trouvait normal que des hommes aient d’occasionnelles relations sexuelles avec des esclaves, hommes ou femmes, c’était là un des « avantages » trouvés dans l’esclavage. (Il en était de même au temps de l’esclavage en Amérique, bien que les propriétaires d’esclaves eussent de préférence des ébats avec des esclaves féminines qu’avec des hommes).
Alors à la venue du christianisme, vint la norme commune de chasteté pour hommes et femmes — non la norme des hommes, mais celle, stricte, des femmes, pour tous.
Rappelons aussi la fantastique vénération du catholicisme pour Marie, mère de Jésus (la divinité de Jésus la désigne « Mère de Dieu ») ; Sainte parmi les Saints, non seulement vierge et mère, vierge éternelle.
Quelques siècles plus tard apparut la vie monastique : moines et nonnes, qui n’étaient pas simplement chastes, mais super-chastes, menaient une existence de virginité perpétuelle. Les simples catholiques considéraient moines et nonnes comme des chrétiens de première catégorie, menant une existence de super-chasteté dont eux-mêmes se sentaient incapables.
En résumé, le catholicisme s’est féminisé en attribuant à la vertu fondamentalement féminine de chasteté une place essentielle parmi les qualités morales.
La compassion : aux temps pré-chrétiens, on considérait que les femmes pouvaient par leur nature éprouver de la compassion, douées d’un cœur tendre, elles reculaient devant la souffrance, et tentaient de la soulager. De leur côté, les hommes étaient considérés comme endurcis.
Dans les derniers vers de l’Énéide, écrite par Virgile une vingtaine d’années avant la naissance de Jésus, Turnus implore la pitié. Mais Énée se souvient de l’assassinat par Turnus de Pallas, son ami. Et, animé par ses sentiments vertueux et religieux, saisi d’une saine indignation, Énée plonge son épée dans la poitrine de Turnus, l’expédiant dans les ténèbres du monde souterrain.
Si, au lieu d’être un Romain modèle, Énée avait été un chrétien idéal, il aurait éprouvé de la compassion et accordé sa grâce.
Redisons-le, c’est en mettant compassion et pitié en son centre que le Catholicisme s’est féminisé.
Demeurait cependant un risque de sur-féminisation du catholicisme se transformant en religion exclusivement pour femmes, pas pour les hommes. Le risque était écarté en s’assurant que la classe dirigeante du catholicisme — évêques et prêtres — demeurait intégralement masculine. C’est la part « masculine » du catholicisme qui équilibre son composant « féminin ».
On relève trois risques de déséquilibre :
1 – L’ordination de femmes.
2 – La présence d’homosexuels dans le clergé, même s’ils restent chastes dans leur comportement en dépit de leurs attirances. Je sais bien qu’il y a des hommes « gays » masculins, pas du tout efféminés. Demeure pourtant un côté manifestement « anti-masculin » dans l’attraction sexuelle exercée par d’autres hommes. Certes « anti-masculin ». L’attirance sexuelle pour les hommes.est fondamentalement féminine.
3 – Une certaine tolérance de la part de catholiques, principalement chez les dirigeants de l’Église, envers un manque de chasteté Car c’est une façon de dire qu’un des grands composants féminins du catholicisme n’a plus guère d’importance. La tolérance envers le manque de chasteté est un facteur de déséquilibre et rend le catholicisme inhospitalier pour les femmes.
La religion est soumise de nos jours à de nombreuses menaces, mais le déséquilibre des relations hommes/femmes est parmi les pires — et plus négligées — de ces menaces.
9 Août 2019
Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/08/09/catholicism-masculine-and-feminine/
Vierge de Miséricorde – Enguerrand Quarton, vers 1452 – Musée Condé, Chantilly.