Carême, retour à l'essentiel - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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Carême, retour à l’essentiel

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Qu’est-ce que le Carême ? Le temps de l’ascèse, du jeûne, de l’aumône, bien sûr ! Mais dans quel but ? Ramener à l’essentiel, c’est-à-dire au retour sur soi, non pas pour s’enfermer dans une consomption égotiste, mais afin de revenir aux grandes interrogations de la vie. C’est pourquoi il y a une nécessaire radicalité de l’expérience spirituelle, qui nous met à nu face à notre condition native et au sens qui l’éclaire et pourtant se dérobe. Ce sens, en effet, n’apparaît pas toujours spontanément, d’autant qu’il peut nous fuir pendant très longtemps et conduire à de rudes purifications. C’est la traversée du désert, celle qui dura quarante ans pour les Hébreux, pourtant libérés de leur esclavage d’Égypte. Comment oublier que la démarche biblique est d’abord arrachement aux idoles, pour entendre l’appel d’un Dieu qui est fondamentalement le Tout-Autre ? Bien sûr, les vocations sont éminemment personnelles et la recherche se poursuit souvent sur des chemins très contrastés. Pour un André Frossard qui reçoit, en un instant, la grâce de l’éblouissement, un Maurice Clavel éprouve un sentiment d’assainissement qui s’apparente à une décantation parfois douloureuse.

Chaque époque renouvelle le champ de la quête intérieure. La continuité d’un christianisme profondément unifié dans sa tension kérygmatique n’empêche pas les transpositions incessantes, nécessitées par les transformations de la civilisation. Ce n’est pas exactement la même chose d’être chrétien sous la Rome païenne, sous la Rome chrétienne, au Haut Moyen Âge, à l’apogée de la chrétienté, sous la Renaissance, ou encore les Lumières et l’époque contemporaine. Chaque période a suscité ses propres génies de la foi, et il est même arrivé qu’on doive recommencer comme à neuf une existence qui avait été interrompue. C’est dire à quel point notre vingt-et-unième siècle est susceptible de véritables refondations, en relation avec les défis intellectuels et moraux du présent. L’athéisme s’offre aujourd’hui sous de nouveaux visages. Le cardinal de Lubac nous confiait que s’il avait à réécrire son ouvrage Le drame de l’humanisme athée, il en modifierait complètement la trame, car la tentation de nier Dieu ne correspondait plus au système que constituaient le comtisme positiviste, le marxisme léniniste, ou même un certain nietzschéisme. Il s’agirait plutôt d’affronter un univers éclaté, souvent labyrinthique, où se débattent des hommes et des femmes dans l’incertitude de ce qu’on appelle le développement personnel. Mais il n’est aucune situation qui ne puisse faire désespérer d’un Dieu toujours fidèle, d’autant plus qu’il est le seul à pouvoir nous livrer notre propre secret.