Le décès (le 18 mars) du cardinal Miloslav Vlk, ancien archevêque de Prague, nous remet en mémoire toute une page de l’histoire de l’Église contemporaine, celle qui s’est achevée avec la chute du mur de Berlin et la révolution de Velours à Prague. Avant de devenir une des principales personnalités des Églises d’Europe centrale, le cardinal avait été, en effet, persécuté par le régime communiste. Vocation tardive, il avait été ordonné prêtre au moment du Printemps de Prague (1968), qui ne fut qu’un bref intermède de liberté, avant que ne retombe plus lourdement la chape de plomb totalitaire. Après une dizaine d’années où il avait continué à exercer un ministère en Bohême, dans des paroisses reculées de montagne, il avait été, tout simplement, interdit de sacerdoce. Laïc aux yeux de l’État, il exerça alors la profession de laveur de carreaux de 1978 à 1986, avant de retrouver une tâche professionnelle plus conforme à sa formation initiale. Il avait suivi, en effet, des études d’archiviste à l’université Charles de Prague. On l’autorisa à travailler aux archives de la banque d’État.
Cela ne l’empêchait pas de poursuivre clandestinement son ministère, auprès de petits groupes de laïcs. Avec la chute du régime et l’élection du président Vaclav Havel, il devait suivre au premier plan les bouleversements de la Tchécoslovaquie et de toute la région. Mais ce fut pour lui le début d’une prise de responsabilités qui devait le conduire rapidement aux plus hautes charges ecclésiales : évêque d’abord, puis archevêque de Prague où il succéda à son vénérable prédécesseur le cardinal Frantisek Tomasek, enfin cardinal lui-même, président de la Conférence épiscopale tchèque ainsi que du Conseil des conférences épiscopales d’Europe. Cette ascension fulgurante s’expliquait par ses éminentes qualités, spirituelles, intellectuelles et pastorales.
Dans le message qu’il a adressé au cardinal Dominik Duka, qui lui a succédé au siège de Prague, le pape François déclare : « Je me souviens avec admiration de sa tenace fidélité au Christ, malgré les privations et les persécutions contre l’Église, comme aussi de sa féconde et multiple activité apostolique animée par le désir de témoigner à tous la joie de l’Évangile… » Avec le cardinal Vlk c’est un beau témoin de la foi que nous pouvons saluer, en nous rappelant qu’en dépit de nos tristesses et de nos imperfections, l’Église continue à faire lever des héros et des saints.