Depuis des dizaines d’années mes proches comme moi-même portons en nos fragiles neurones le nom de sœur Teresa de Calcutta, ainsi que la photographie en noir et blanc de son visage : ce bel amour qu’elle a su vivre et qui s’adresse « aux plus pauvres parmi les pauvres », laisse incrédules les plus audacieux aventuriers de la charité, sans voix ceux qui se pensaient sur le chemin de la sainteté tandis qu’il ferme les fenêtres de l’imagination la plus ouverte chez les mystiques habitués aux plus extrêmes pulsations du cœur.
On entend parler sur toute la ronde boule de l’extraordinaire « don d’elle même » fait aux extrêmes miséreux rencontrés aux Indes comme en bien d’autres lieux de la planète : une « offre » de soi-même poussée jusqu’au limites les plus invraisemblables, cela sans la moindre hésitation de la prudence mais avec un aplomb qui n’a pu que foudroyer les pires des démons, mais fort réjouir son « frère » céleste, Jésus le Christ, son et notre Seigneur.
Elle a été fidèle incessamment à l’Église notre mère, à l’Eucharistie, osant écrire et dire tout le mal qu’elle pensait des idoles infirmes du Temps présent alors qu’elle portait en elle le poids indicible d’un doute qui lui faisait avouer n’avoir pas la foi. Il est vrai qu’elle en était au-delà d’elle puisque fermement assujettie à son amour divin, elle qui avait reçu des visites de son Sauveur ainsi que nombres de messages.
Je ne cherche pas ici à tracer son portrait : ceux qui ont tenté de l’écrire ont dû aligner des centaines de pages, tant sa vie a été d’une intense activité, jamais pourtant éloignée de la prière. Je ne pense ici qu’à me persuader, non de l’imiter, mais seulement de chercher à conforter mes propres efforts dont je n’ai aucune peine à les trouver misérables.
Une sainte de plus officialisée au plus haut niveau de l’Église ne peut que réjouir l’âme et l’esprit du moindre d’entre nous : nous trouverons bien à nous cacher derrière tel ou tel, la nuit venue à l’heure de la mort, pour éblouir saint Pierre qui nous confondra avec le protecteur ainsi choisi…
Sainte Teresa de Calcutta ne peut qu’être, non pas depuis la décision de Rome de ce matin, mais depuis son arrivée dans le Royaume, subjuguée comme l’avait été lors d’une de ses extases sainte Alpais de Cudo au douzième siècle quant elle fut admise à participer à l’une des fêtes les plus flamboyantes organisées au sein du Paradis de notre Père. Elle a beau être si ancienne – neuf siècles tout de même ! – elle a été nommée patronne des cosmonautes états-uniens du fait de ses fréquentes virées à travers l’espace. Elle reste l’une de mes admirations secrètes au point qu’en 1997 j’ai pu écrire pour la célébrer une pièce de théâtre qu’avec des amis nous avons jouée aussi bien à Troyes qu’en son village près de Sens.
Hier, eut lieu la fête du baptême de notre dernière « petite-fille », treizième des ‘petits-enfants’ qui nous ont été accordés par nos cinq grands enfants : joie très pure, et forte. Nous sommes, ma femme et moi, comblés : avec cependant une conscience renouvelée que nous ne sommes pas hors jeux en ce qui concerne le témoignage de la foi chrétienne. Les grands-parents doivent savoir qu’ils tiennent une position, non pas vraiment d’« arrière garde », mais d’accompagnement discret tout en étant tels des veilleurs attentifs… Ils ont a dire, ils ont à enseigner, mais autrement que les père et mère : ne pas oublier qu’ils sont plus près de la porte étroite et donc peut-être alors plus faciles à être écoutés. Je regrette que ce point ne soit pas évoqué, même si discrètement, au cours du baptême…
J’imagine sainte sœur Teresa de Calcutta penchée sur les « pauvres parmi les très pauvres » tant aimés du Christ : ne lui avait-Il pas demandé de « l’accompagner » auprès d’eux, lui ayant fait valoir qu’Il ne pouvait « y aller seul » ?… Par locutions intérieures et visions, Il lui avait également tracé sa dernière mission : aller vers « les victimes d’amour », diffuser auprès d’elles « son amour des âmes », insistant pour qu’elle ose être « sa lumière ». Pour cela, Il insista pour qu’elle crée une nouvelle communauté religieuse, qui fut celle dite des Missionnaires de la Charité.
Je retiens comme une merveille une image où on la voit à genoux devant un mourant allongé sur un trottoir de Calcutta, et le caressant comme une mère son enfant : non pas, en vérité, « comme », car ce délaissé absolu, cette « victime d’amour », n’avait probablement jamais connu la douceur de la tendresse, des mots qui la donnent à entendre, des gestes qui la prouvent…
Tant d’autres furent ainsi très nombreux à être rendus par elle et ses soeurs à la dignité humaine ; tant d’autres purent, pour la première fois, sourire et parfois pleurer de joie avant de mourir. Elle fut mille fois mère auprès d’eux tous.
Oui, des milliers de ses « enfants » ont du l’attendre paisiblement quand la rumeur traversa le ciel jusqu’aux oreilles de Jésus, de la Vierge Marie et de saint Joseph qu’elle était arrivée accompagnée d’une foule d’anges. Aussitôt branle-bas de combat, des serviteurs célestes armés de doux instruments de musique firent savoir à tout le Peuple de Dieu que cette invitée de marque frappait encore à la porte du Paradis et qu’il faudrait que tous ceux (au moins…) qu’elle avait assistés dans leur taudis ou sur les misérables trottoirs des bidons villes indiens, vénézuéliens, mexicains et finalement du monde entier où furent semées les missionnaires de la Charité, viennent se ranger avec d’immenses bouquets de roses cueillies dans les jardins du Père éternel à l’entrée tenue par saint Pierre afin de chanter pour elle un de ces chants merveilleux dont témoigna sainte Alpais, revenant sur terre après avoir croisé le soleil, « plus grosse boule encore que la terre », devant son évêque de Sens, affirmant péremptoirement et en connaissance de cause combien l’on savait organiser au Paradis des fêtes inouïes…
https://fr.zenit.org/articles/quand-la-foule-applaudit-le-sourire-de-mere-teresa/
https://fr.zenit.org/articles/canonisation-lamour-gratuit-et-libre-de-sainte-teresa-de-calcutta/