Une nouvelle étape vient d’être franchie dans cette étrange campagne présidentielle. Dans une lettre, plusieurs personnalités de droite interpellent Éliane Houlette, patronne du Parquet national financier, et François Molins, procureur de Paris, à propos des révélations contenues dans un ouvrage qui fait grand bruit, intitulé Bienvenue Place Beauvau. Cette fois, c’est le pouvoir encore en place qui est visé, le président de la République en tête. On parle désormais d’un cabinet noir à l’Élysée, chargé de suivre l’opposition, en profitant notamment d’informations émanant de certains magistrats. Des faits précis sont allégués, notamment celui qui concerne Valérie Pécresse. La présidente de la région Île-de-France estime avoir été victime d’une tentative de déstabilisation politique après l’interpellation de son fils, en septembre 2016, pour consommation de cannabis. Le fait rapporté dans Bienvenue Place Beauvau n’est nullement anodin puisqu’il débouchera sans doute sur une plainte contre Manuel Valls et Claude Bartolone, l’ancien Premier ministre et le président de l’Assemblée nationale.
Pour le coup, c’est vraiment la réponse du berger à la bergère. Depuis la première attaque du Canard enchaîné contre François Fillon, un interminable feuilleton s’en est suivi, qui a enlisé la campagne présidentielle dans des procédures judiciaires. C’est ainsi que le candidat de la droite et du centre s’est fait proprement dézinguer et priver de la victoire qui lui était promise. Il ne faut donc pas s’étonner que la réplique intervienne sur le même terrain dit des affaires, avec leurs allers-retours entre les médias et la justice. Il y a des faits troublants rapportés dans le livre. Sont-ils susceptibles de revêtir diverses qualifications pénales, comme l’affirment les auteurs de la lettre, qui comptent parmi les plus proches du candidat Fillon ? La suite nous le dira. Même si certains s’efforcent de minimiser la portée de l’événement, il leur faudra bien l’insérer dans la chronique qu’ils ont instituée, en se juchant sur les hauteurs de la morale et du droit. Ils ont voulu placer le débat sur ce terrain ? La cohérence exige qu’ils rapportent rigoureusement les faits nouveaux qui s’inscrivent dans leur feuilleton politico-judiciaire.