Bulletin hebdomadaire n° 1189 du lundi 5 mai 2008
SOMMAIRE
L’Evénement – 1
Institutions : la réforme nécessaire
par Serge Plenier
L’Evénement – 2
Porteurs de pancartes et grévistes
par Jean-Gabriel Delacour
Santé
Vitamines : attention danger !
par Jacques Duconseil
Culture
Tournant au Salon du livre à Genève
par Jean Étèvenaux
Economie
Les renards libres
par Alice Tulle
Environnement
Pollution de la Loire
Par Fabrice de Chanceuil
Humeur
Un vieux parfum de liberté
par Erwan Violin
Théâtre
par Pierre François
Livres
par Catherine Pauchet
Cinéma
par Marie-Lorraine Roussel
D’un jour a l’autre
Evènement – 1
par Serge Plenier
Institutions : la réforme nécessaire
Le projet de réforme des institutions, issu des travaux de la commission Balladur, et dont les parlementaires viennent de commencer l’examen, a donné une curieuse image : tandis que, au sein de l’UMP, nombres de parlementaires ont manifesté leurs oppositions au texte présenté en l’Etat, les socialistes ont fait la fine bouche, accusant le gouvernement de calculs tortueux et demandant le report de la discussion. En somme, les querelles politiciennes paraissent prendre le pas sur la discussion sereine nécessaire à un tel projet. Nous sommes encore loin du consensus, pourtant nécessaire en la matière.
Que les institutions de la Vème République aient besoin d’une remise à jour paraît évident. Créée sur mesure pour un personnage à stature historique comme le Général De Gaulle, notre constitution a aussi été rédigée en opposition à un régime parlementaire dont nous avons un peu oublié les excès : paralysie de l’Etat, incohérence des politiques publiques et toute puissance des partis. La valse des gouvernements ne peut être un modèle pour des institutions modernes. Pour autant, quarante années de pratique ont aussi montré les faiblesses de l’actuelle constitution : censé se placer au dessus des partis, le chef de l’Etat est en fait aujourd’hui l’élu d’un parti, obligé, quasi-mécaniquement, de renforcer son emprise sur le Parlement.
Enfin, les premiers mois de la présidence de Nicolas Sarkozy montrent à l’évidence la difficulté de trouver un équilibre entre la position de chef de l’Etat et celle de « super Premier ministre ». Revenir à une répartition plus nette des pouvoirs relève aujourd’hui du plus simple bon sens.
Sans être exemptes de critiques, les propositions de la commission Balladur vont dans la bonne direction, sans pour autant trahir l’esprit de la Constitution. On peut sans doute s’interroger sur le bien fondé d’une intervention du président de la République devant l’Assemblée nationale, ou discuter telle ou telle mesure, on peut au contraire approuver la stricte limitation du cumul des mandats (aucun parlementaire ne devrait appartenir à un exécutif local), mais, sur tout cela, le dernier mot devra rester à la représentation nationale, non aux partis.
La réforme de nos institutions est un enjeu démocratique vital. Elle est aussi urgente et tout retard serait dommageable. Quelles que soient leurs opinions, tous les citoyens, élus ou non, y ont un égal intérêt.
L’evénement-2
par Jean-Gabriel Delacour
Porteurs de pancartes et grévistes
Le joli mois de mai a ramené, avec le soleil, les défilés plus ou moins unitaires et les porteurs de pancartes plus ou moins convaincus. Cela fait partie des habitudes et devient donc une sorte de rite, tout comme les ponts qui allongent les week-ends mais démobilisent les manifestants. L’action et la réflexion politiques semblent, en ce moment, se limiter à ces mouvements, qu’il s’agisse de lycéens, d’enseignants, de fonctionnaires, de dockers ou de clandestins. En corrélation s’y ajoute la grogne de ceux qui font mine de ne pas accepter le service minimum d’accueil dans les écoles, bien que l’État ait annoncé sa volonté d’indemniser les communes qui l’organisent.
Pour le 1er mai, entre 150 000 et 200 000 personnes ont renoncé à profiter de leur temps libre pour revendiquer et, au fond, rejeter pêle-mêle les possibilités d’heures supplémentaires et, plus généralement, la philosophie du slogan sarkozien « travailler plus pour gagner plus ». Souvent nostalgiques de la loi des 35 heures et attachés aux rtt qui peuvent être judicieusement accolées aux ponts, elles donnent l’impression de se montrer totalement insensibles à la faillite économique qui guette le pays, comme en a averti le Premier ministre il y a six mois et comme l’a dit aussi le chef de l’État en constatant que « les caisses sont vides ».
Pourtant, on peut se demander si des évolutions ne sont pas en train de se faire jour. En effet, à côté des sempiternels sondages accordant 32 % de confiance à Nicolas Sarkozy et 46 % à François Fillon (Tns Sofres / Le Figaro Magazine les 23 et 24 avril), on découvre (Opinion Way / Le Figaro entre le 30 avril et le 2 mai) des attitudes intéressantes, même si elles demeurent partielles. Toujours est-il que, à l’exception de la création de franchises sur les dépenses médicales, les réformes semblent plutôt bien vues des Français, notamment celles sur les droits de succession (82 %), les peines planchers pour les récidivistes (80 %), la défiscalisation des heures supplémentaires (73 %), le service minimum dans les transports (73 %) et les régimes spéciaux de retraite (59 %) ; il en est de même pour la mise en œuvre du revenu de solidarité active (69 %) et les 41 ans de cotisation pour la retraite (54 %). Également significative apparaît la hausse de deux points du ministre de l’Éducation nationale, Xavier Darcos.
Bien entendu, la tâche ne sera pas aisée pour le président et son gouvernement. Le premier a déjà modifié son style — mais les conséquences positives n’apparaissent pas encore — et le second se montre plus homogène. La conjoncture économique internationale reste défavorable et les augmentations de prix, notamment dans l’alimentaire, demeurent plus que visibles. Il manque donc les résultats concrets qui donneraient confiance.
Convaincue de la nécessité de réformer, l’équipe mise en place après les élections de l’an passé poursuit sa tâche, les ministres passant une partie de leur temps à négocier avec les syndicats. Ceux-ci savent en effet qu’ils ne peuvent plus s’arc-bouter sur les avantages acquis.
Santé
par Jacques Duconseil
Vitamines : attention danger !
Les compléments alimentaires vitaminés s’installent dans les habitudes des Français. Un sur cinq parmi nous en a pris de manière plus au moins régulière l’année dernière. Paradoxalement les risques de carences vitaminiques apparaissent minimes aujourd’hui dans les pays développés, sauf chez les plus défavorisés. Une équipe de recherche danoise, autour du Dr. Goran Bjelakovic, a cherché à mesurer les conséquences de ces nouvelles pratiques alimentaires sur l’apparition des maladies cardio-vasculaires et sur le cancer. Elle avait déjà conclu en 2004 à l’inutilité de la supplémentation en vitamine C sur ces risques. Pire que cela, elle avait constaté que la mortalité générale était accrue de manière statistiquement significative sur ceux qui prenaient régulièrement de cette vitamine.
La présente étude porte sur les suppléments en vitamines A, B et E que l’on retrouve soit dans des cocktails vitaminiques, soit pris isolément. Ces produits sont censés s’opposer au « stress oxydatif » grâce à l’élimination des fameux « radicaux libres », dénoncés comme étant une cause de cancers et de pathologies cardiaques. Ils ont scruté l’état de santé de 233.000 individus qui suivaient régulièrement des cures de ces vitamines. Résultat : les risques de décès prématurés augmentent, selon la vitamine, de 16 %, 4%, et 7% par rapport à un échantillon statistique de la population qui ne prend rien.
Contrairement à une idée reçue, la prise de tels suppléments n’améliore pas la santé, mais peut se révéler néfaste… Il vaut donc mieux recourir à une alimentation diversifiée, équilibrée, riche en fruits et légumes qui nous apportera les vitamines naturelles nécessaires à notre santé. Tel est le conseil que donnent les autorités sanitaires britanniques dans un pays où les compléments alimentaires apparaissent encore plus utilisés que chez nous.
Culture
par Jean Étèvenaux
Tournant au Salon du livre à Genève
Dimanche 4 mai au soir, le 22e Salon international du livre et de la presse de Genève s’est achevé, avec ses manifestations parallèles consacrées à l’Afrique, au monde de l’étudiant et à l’art, sur un bilan mitigé mais néanmoins optimiste. Le nombre d’entrées, comptabilisées par un nouveau système électronique, est resté légèrement inférieur à 100 000 — dont un quart de nouveaux venus —, alors qu’il avait atteint les 115 000 personnes l’an passé. Les organisateurs estimaient que « ce premier week-end de mai presque estival a quelque peu freiné l’affluence », mais le demi millier d’exposants affichaient une satisfaction quasi générale après la morosité de 2007.
Le problème demeure toujours le rapport entre le nombre de visiteurs et les ventes effectuées par les exposants. Pour accroître la fréquentation, la première journée, le 30 avril, avait été décrétée gratuite. On pouvait espérer que le retour du 1er mai — censé drainer les visiteurs de la France voisine — attirerait davantage de monde, puisque l’année dernière, comme d’ailleurs l’an prochain, l’avait écarté de la programmation. D’une manière plus générale se pose la question des ambitions d’Orgexpo, qui a repris la manifestation à l’éditeur Pierre-Marcel Favre : certains craignent une dilution de son originalité et d’aucuns déplorent que la place de la presse se trouve en régression. Bref, la manifestation se trouve incontestablement à un tournant.
L’aspect international a été bien maintenu, avec des présences à saluer. Ainsi, l’Égypte attirait le grand public d’abord par une remarquable exposition de moulages dont on pouvait garder le souvenir dans un magnifique catalogue, Les trésors des pharaons (Fondation pour l’écrit) et ensuite par une série de rencontres qui ont connu le succès ; si aucune personnalité copte n’était présente, on pouvait en revanche découvrir la sélection hebdomadaire en français d’Al-Ahram. Le Val d’Aoste, toujours en pointe dans la francophonie, figurait aussi parmi les invités d’honneur et proposait, outre de nombreux livres d’art, la toute récente biographie de Corrado Gex, un brillant politique de l’après-guerre. Comme d’habitude, les Canadiens francophones étaient là, par exemple avec les études ethno-historiques des éditions Vermillon — Mémoire des villages engloutis, Metaminens — mais aussi la Brève histoire socio-économique du Québec (Septentrion) ou l’Histoire de la bande dessinée au Québec (Vlb). Beaucoup d’éditeurs français présentaient leur production, notamment ceux de la région Franche-Comté, sans oublier les structures associatives telle la frontalière Radio Zones, promoteur d’une exposition sur L’affiche iranienne contemporaine — avec un catalogue en français de 110 pages réalisé dans la République islamique.
L’édition romande manifestait toute sa vitalité. Cela n’empêchait pas la présence particulière du canton de Saint Gall, qui ouvrait le salon sur les pays alémaniques — avec notamment une étude du magazine Saiten traduite en français, Neuf questions sur l’art du livre en Suisse orientale. Mentionnons le très actif Cabédita, avec ses habituels livres historiques — L’encerclement de la Suisse, La Suisse des Bonaparte, Hortense une reine en exil — mais aussi une nouvelle collection jeunesse, symbolisée par Le mur de la frontière, de Madeleine Covas, dont la présence a connu un grand succès. Très sérieux, l’ouvrage coordonné par Jean-Loup Chappelet, Contributions à l’action publique (Presses polytechniques et universitaires romandes), fournissait au lecteur français des perspectives inédites sur, par exemple, « l’après-fonctionnariat ». Mais on pouvait aussi se détendre avec les jolies 36 chandelles publiées par les éditions vaudoises de la Passerelle.
Economie
par Alice Tulle
Les renards libres
Dès sa présentation en Conseil des ministres, le projet de « loi de modernisation de l’économie » a provoqué des réactions hostiles dans les rangs de la majorité.
Les choses seraient plus claires si l’on cessait de cacher sous un mot passe-partout (modernisation) la logique dont on s’inspire – en l’occurrence le libéralisme économique. À tort ou à raison, le président de la République et le gouvernement sont persuadés que la baisse des prix courants permettra d’augmenter le pouvoir d’achat, selon la promesse faite par le candidat Sarkozy.
Présentée en Conseil des ministres le 28 avril, la « loi de modernisation de l’économie » est l’expression de cette conviction. Le projet gouvernemental contient des dispositions intéressantes pour les petites entreprises (par exemple la réduction des délais de paiement à soixante jours) et d’autres discutables (le livret A sera distribué par toutes les banques) mais ce sont les dispositions sur le commerce qui ont immédiatement retenu l’attention.
En ce domaine stratégique, le nouveau texte prévoit deux semaines supplémentaires de soldes chaque année à des dates librement choisies par les commerçants, la libre négociation des tarifs entre les industriels et les distributeurs et l’aménagement de la loi Raffarin sur l’implantation commerciale, avec un relèvement de 300 m2 à 1000 m2 du seuil de déclenchement de la procédure d’autorisation.
Ce sont ces deux dernières dispositions qui provoquent un vif débat entre le gouvernement et de nombreux députés de l’UMP. Pourquoi accorder la liberté d’installation aux grandes surfaces (jusqu’à 1000 m2) dans les villes et banlieues ? Pour diminuer le pouvoir d’attraction des hypermarchés qui seront obligés de baisser leurs prix face à la concurrence des nouveaux commerces. Ardent défenseur de la nouvelle loi, Michel-Édouard Leclerc promet que l’inflation sera « divisée par deux » dans ses magasins quand la loi sera adoptée et il est clair que Nicolas Sarkozy a été sensible à cet argument.
Mais est-ce si sûr ? Le relèvement du seuil de déclenchement de la procédure d’autorisation des implantations commerciales risque de « déstabiliser l’urbanisme commercial » selon Christian Jacob, ancien ministre des PME, en d’autres termes de « tuer le petit commerce » en introduisant « le renard libre dans le poulailler libre », pour reprendre les mots et les images fréquemment utilisées par des députés de l’UMP.
La liberté de négociation des tarifs entre distributeurs et fournisseurs (« négociabilité ») rencontre l’opposition de l’ensemble des fournisseurs (aussi bien de grandes firmes comme Danone que de petits agriculteurs) car tous craignent que la nouvelle loi ne vienne renforcer le pouvoir des six centrales d’achat qui règnent sur le secteur. De fait, l’Ania (Association Nationale des Industries Alimentaires), la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles), la CGGPME (Confédération générale des petites et moyennes entreprises), et plusieurs autres organisations professionnelles ont annoncé qu’elles manifesteraient devant l’Assemblée nationale si le texte gouvernemental restait en l’état.
Auteur d’un ouvrage de référence sur la grande distribution(1), Christian Jacquiau précise pour sa part que les distributeurs peuvent baisser leurs prix en diminuant les salaires de leurs employés, ce qui provoquera un effet contraire à celui qui est attendu : baisse du pouvoir d’achat, donc de la consommation et de la croissance. Pour lui, c’est le soutien au petit commerce de proximité qui peut créer les conditions d’une concurrence saine.
Nicolas Sarkozy se fait fort de convaincre « sa » majorité parlementaire. Mais les députés de l’UMP ne comprennent pas pourquoi ils se couperaient de secteurs qui votent traditionnellement à droite pour obtenir une hypothétique baisse des prix. Comme pour les dispositions sur les OGM, qui avaient créé des oppositions entre ministres et entre députés de droite, la question du commerce risque d’être un nouveau facteur de désordre.
Environnement
par Fabrice de Chanceuil
Pollution de la Loire
Le 16 mars dernier, une rupture de canalisation survenue lors du chargement d’un navire à la raffinerie Total de Donges, a entraîné le déversement de 500 tonnes de fioul soute dont 200 tonnes dans la Loire. Si l’on est loin des 13 000 tonnes larguées par l’Erika, le fait que ce déversement soit intervenu dans un milieu fermé a eu des conséquences relativement importantes, notamment pour le port de Paimbœuf, situé de l’autre côté de l’estuaire, qui a été sévèrement souillé. La société Total ayant reconnu sa responsabilité et s’étant engagée à réparer les préjudices subis, le préfet n’a pas déclenché le plan POLMAR, mais a néanmoins pris un certain nombre de mesures : intervention des pompiers de la Sécurité civile, interdiction de la pêche dans le fleuve et dans l’estuaire, protection des pâturages.
Aujourd’hui, la situation est pratiquement revenue à la normale. Les chantiers de nettoyage ferment les uns après les autres, la pêche est rouverte et les animaux peuvent revenir brouter l’herbe en bord de Loire. L’heure est donc au bilan et surtout à l’évaluation des préjudices et au versement des indemnités. Pour l’instant, la démarche contractuelle entre le pollueur et les pollués prévaut et le contentieux n’est pas à l’ordre du jour. Le risque n’est pourtant pas à exclure car les sociétés d’assurance seront sans doute moins spontanément généreuses que Total qui ne voulait pas ternir une fois de plus son image déjà entachée. Il faut dire aussi que l’effet d’aubaine comme l’on dit aujourd’hui n’est pas à exclure. Quelques boulettes de pétrole trouvées à Noirmoutier ? C’est la conséquence de la pollution de la Loire. Ainsi, si les chantiers estiment avoir récupéré 439 tonnes de pétrole, chiffre étonnamment précis, ils indiquent également avoir ramassés 4 000 tonnes de déchets. C’est mieux que le Nettoyage de Printemps auquel appelait il y a quelques années à cette saison le ministère de l’Environnement !
Il n’en demeure pas moins que les conséquences de cette pollution, pourtant limitée et rapidement maîtrisée, laissent perplexes quant à ce qu’un accident de plus grande ampleur aurait pu générer.
Il n’est pas question bien sûr de remettre en cause l’industrialisation de l’estuaire de la Loire, pas plus que celle de la vallée de la Seine ou du Sillon rhôdanien, mais il convient de s’interroger sur le meilleur niveau de protection à apporter pour concilier l’activité industrielle avec le respect d’un milieu naturel riche mais fragile. C’est sans doute pour que cette question puisse être débattue par tous les acteurs concernés que le préfet vient de mettre en place une commission locale d’information et de suivi.
Humeur
par Erwan Violin
Un vieux parfum de liberté
C’est fait, le décret instaurant le nouveau passeport biométrique vient de paraître au Journal officiel. Concrètement, cela veut dire que le précieux livret, indispensable pour vos vacances au Maroc ou aux Seychelles, comportera, outre votre photo, les empreintes de deux de vos doigts, dûment numérisées.
Pour les uns, ce sera un grand pas vers la sécurité : les terroristes auront la partie moins facile, de même que les criminels de haut vol, à moins que ces derniers, à l’instar du Fantômas de Pierre Souvestre et Marcel Allain, ne disposent de gants de peau humaine. Bref, la sûreté du monde va y gagner. Et puis, les honnêtes gens n’ont rien à craindre, puisqu’ils n’ont rien à se reprocher.
Tout de même, il y eut un temps, pas si lointain, où un homme correctement vêtu pouvait faire le tour de l’Europe avec une simple carte de visite. Bien sûr, cela ne valait pas pour tous et l’on traitait avec moins d’égards le simple vagabond, mais il y avait déjà le parfum d’une liberté, aujourd’hui perdue.
Fiché, numérisé, tracé, « biométré », l’homme moderne pourrait-il encore reconnaître ce vieux parfum de liberté ?
Théâtre
par Pierre François
Vie du grand dom Quichotte et du gros Sancho Pança.
Cette parodie de Cervantès a été écrite en 1733 par António da Silva, auteur brésilio-portugais d’origine juive, que l’Inquisition persécutera avant de le faire décapiter et brûler en 1739…
De cavalcades en stratagèmes, d’illusions en équivoques, d’effets spéciaux en réparties percutantes, on se laisse enchanter par ce spectacle dans lequel rien n’est réel au point que des marionnettes de taille humaine agissent et sont traitées de la même manière que les acteurs (ainsi, dans la première scène, c’est un comédien qui donne au barbier le blaireau et une marionnette qui le récupère après usage). On est sous le charme du style du texte, qui passe sans transition du vocabulaire baroque au trivial, créant à chaque fois un effet comique sans lourdeur. On se délecte du genre décalé et parodique de la pièce.
Les personnages ne sont aucunement outrés. Au contraire, ils nous sont presque familiers avec les emportements de dom Quichotte et les ambitions plus concrètes de Sancho Pança. Plusieurs parties chantées émaillent la pièce d’une respiration inattendue. On est clairement sous le charme, tant du talent que de l’inventivité.
(1) traduction de Marie-Hélène Piwnik. Mise en scène, mise en marionnettes et costumes d’Émilie Valantin. À la Comédie-Française, salle Richelieu, place Colette, 75001 Paris. Places de 5 à 37 e.
Livres
par Catherine Pauchet
Au fondement des sociétés humaines
Alors que le repli sur la communauté et l’identité semble l’emporter au détriment du lien social qui rassemble par-delà les diversités, Maurice Godelier analyse les circonstances dans lesquelles les sociétés apparaissent, se transforment, évoluent et parfois disparaissent. Il y a des choses que l’on donne, d’autres que l’on vend, d’autres encore que l’on conserve pieusement pour mieux les remettre à la génération montante. Parmi ces dernières, écrit l’anthropologue au terme de quarante années de recherche, il y a le sacré. Lui seul fonde les sociétés humaines, et les fédère bien avant la famille ou la parenté. En le transmettant, les peuples trouvent le souffle nécessaire à leur organisation et à leur survie.
« Au fondement des sociétés humaines », Maurice Godelier, Albin Michel, 293 p., 20€.
Disque
« Afreecanos »
Quand le jazz rencontre la musique latine et africaine, cela donne le nouvel album du pianiste cubain Omar Sosa, où domine une musique à la fois douce et bien rythmée. Enregistré en Afrique, ce CD rassemble des grands noms du jazz contemporain : le trompettiste français Stéphane Belmondo ou le bassiste mozambicain Childo Thomas ainsi que des musiciens traditionnels jouant de la kora, du ngoni, du batá ou encore m’bira… Un vrai plaisir.
« Afreecanos », Omar Sosa, CD world village / Harmonia Mundi, environ 17€.
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Cinéma
par Marie-Lorraine Roussel
Iron Man
Tony Stark, un inventeur de génie spécialisé dans l’armement, est enlevé par des insurgés afghans…
Ce superhéros des bandes dessinées « Marvel » connaît pour la première fois l’honneur du grand écran. Il est brillamment interprété par Robert Downey Jr., qui lui apporte une légèreté et une fragilité bienvenues. Ce film d’action très rythmé nous offre de nombreuses scènes spectaculaires et de réjouissantes notes d’humour. Tony Stark connaîtra un cheminement intérieur très intéressant avant de décider de mettre son talent au service du bien.
Film d’action américain (2008) de Jon Favreau, avec Robert Downey Jr. (l’ingénieur et industriel Tony Stark/Iron Man), Terrence Howard (le lieutenant-colonel « Rodhes), Jeff Bridges (Obadiah Stane), Shaun Toub (Yinsen), Gwyneth Paltrow (Pepper Potts, l’assistante). (2h05). (Adolescents). Sortie le 30 avril 2008.
Bataille à Seattle
En novembre 1999, Seattle accueille le sommet de l’Organisation mondiale du commerce. Des journalistes du monde entier couvrent l’événement. Des militants altermondialistes comptent bien perturber le sommet de l’OMC pour protester contre les dégradations sociales et environnementales de notre planète dont profitent les multinationales.
L’acteur et scénariste irlandais Stuart Townsend retrace avec un indéniable brio et une véritable efficacité ces cinq jours qui ébranlèrent Seattle. Son montage alerte traduit bien la tension qui y régnait, et le choix d’un récit polyphonique permet de mettre en scène différents enjeux drama- tiques. On déplore tout de même des facilités scénaristiques, comme le comporte- ment peu crédible de la journaliste. Malgré un souci de la nuance, le réalisateur, qui ne cache pas sa sympathie pour les militants, aurait pu traiter avec plus de profondeur les enjeux de ce sommet et la complexité de la situation.
Drame américain (2007) de Stuart Townsend, avec Andre Benjamin (Django), Woody Harrelson (Dale), Martin Henderson (Jay),
Ray Liotta (le maire Jim Tobin), (1h38). (Grands adolescents). Sortie le 7 mai 2008.
Les aventures d’Impy le dinosaure
L’œuf congelé d’un dinosaure échoue sur une petite île volcanique…
Cette adaptation du roman allemand «Plodoc, diplodocus de choc» de Max Kruse se révèle charmante et pleine d’humour. Elle met en scène des personnages très attachants. Le graphisme, avec ses formes arrondies et ses couleurs chatoyantes, est des plus agréables. Les bons sentiments sont au rendez-vous.
Film d’animation allemand (2008) de Reinhard Klooss et Holger Tappe, avec les voix françaises de Roger Carel, Valentin Maupin, Pierre-François Pistario, Laura Blanc (1h22). (Tous).
Sortie le 7 mai 2008.
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D’un jour à l’autre
France
1er mai
Préludes aux manifestations prévues les 15 et 22 mai, les défilés du 1er mai ont mis l’accent sur le pouvoir d’achat et la réforme des retraites.
Institutions
Les dirigeants des groupes UMP et PS de l’Assemblée nationale devaient se rencontrer le 6 mai pour trouver un compromis sur le projet de réforme de la constitution.
Economie
La ministre de l’Economie, Christine Lagarde, a présenté le 28 avril en Conseil des ministres le projet de loi sur la modernisation de l’économie ; ce texte comporte quatre volets : entrepreneuriat, concurrence, attractivité et financement ; le point sensible concerne la réforme des implantations commerciales qui vise à faire baisser les prix au bénéfice des consommateurs en stimulant la concurrence. De son côté, Bruxelles pourrait mettre la France en garde pour ses déficits publics qui approchent le seuil critique de 3% du PIB. Par ailleurs, le chômage est reparti à la hausse avec une augmentation de 0,4%, soit 8 200 chômeurs de plus en mars.
Retraites
Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a reçu les syndicats le 28 avril sur la question des retraites ; la durée de cotisation doit passer de 40 à 41 ans d’ici à 2012, mais des mesures facilitant l’emploi des « seniors » doivent être prises pour faciliter la négociation. Pour sa part, la présidente du Medef, Laurence Parisot, s’est prononcée le 30 avril en faveur d’un recul de l’âge légal de la retraite à 62 ans. Une journée d’action syndicale est prévue pour le 22 mai prochain.
Logement
Le décret instituant un délégué général pour la coordination de l’hébergement et de l’accès au logement des sans-abri ou mal-logés a été publié le 29 avril au Journal officiel.
Banlieues
La secrétaire d’Etat à la ville, Fadela Amara, a lancé le 28 avril son « contrat d’autonomie », mesure phare de son plan banlieue ; objectif : accompagner vers l’emploi d’ici à trois ans 45 000 jeunes des cités âgés de 16 à 25 ans.
Ecole
Le ministre Xavier Darcos a présenté le 29 avril les nouveaux programmes de l’école primaire qui mettent l’accent sur le français et les mathématiques. Il a demandé à ses services d’amplifier l’expérimentation du service minimum d’accueil (SMA) dans les écoles primaires à l’occasion de la grève du 15 mai.
Un collégien de Mayzieu (Rhône) âgé de 15 ans qui avait poignardé trois de ses camarades de classe le 21 avril avait prémédité son geste : il comptait frapper 7 ou 8 élèves qu’il considérait comme ses ennemis.
Un sondage publié à l’occasion du congrès des parents d’élèves des écoles publiques (PEEP) le 3 mai souligne l’insatisfaction générale des parents ; rares sont ceux qui ont constaté des améliorations dans l’apprentissage des matières fondamentales depuis la rentrée 2007 ; près de la moitié des sondés déplorent des non-remplacements de professeurs absents ; ils souhaitent des réformes efficaces.
Environnement
Les deux textes baptisés « Grenelle un et deux » vont être examinés par les députés avant l’été ; le premier texte est une loi d’orientation de 47 articles qui reprend les conclusions du « Grenelle de l’environnement » d’octobre 2007 ; le second, actuellement examiné par le Conseil d’Etat, regroupe les mesures d’application.
Théâtre
La 22ème nuit des Molières qui s’est tenue le 28 avril aux Folies bergères à Paris a notamment été marquée par le triomphe du spectacle musical du « Roi Lion » et le couronnement de Michel Galabru pour son rôle dans « Les chaussettes – Opus 124 ».
Immatriculations
L’opposition à la réforme des plaques d’immatriculation s’organise, les modèles devant entrer en vigueur au 1er janvier prochain ne comportant plus de référence aux départements.
Social
Les négociations sur l’assurance-chômage ont débuté le 6 mai ; elles concernent la situation des régimes d’indemnisation, l’emploi des seniors et la formation ; le gouvernement entend réduire les cotisations chômage pour augmenter les cotisations vieillesse et mettre en place un dispositif visant à sanctionner les chômeurs refusant deux offres « raisonnables » d’emploi.
Religion
Dénonçant les critères de représentativité adoptés, la Mosquée de Paris a annoncé le 3 mai qu’elle ne participerait pas aux prochaines élections du Conseil français du culte musulman.
Monde
Tunisie
Le Président de la République française a effectué les 28 et 29 avril une visite d’Etat en Tunisie ; au centre des débats, le projet d’Union de la Méditerranée dont le secrétariat pourrait être installé à Tunis. Malgré les critiques des ONG et de l’opposition sur le problème des droits de l’homme, le Président a préféré saluer les progrès accomplis par la Tunisie en matière de liberté et de tolérance.
Vatican
Le Vatican a détaillé le 28 avril le programme de la visite du pape Benoît XVI en France du 12 au 15 septembre prochains ; le Pape prononcera le vendredi 12 une conférence à l’adresse du monde de la culture au collège des Bernardins à Paris et célébrera les vêpres à Notre-Dame ; le samedi 13, après avoir présidé une messe sur l’esplanade des Invalides, il se rendra à Lourdes ; il présidera le lendemain une messe solennelle et rencontrera la Conférence des évêques de France ; il regagnera Rome le lundi 15 septembre.
Serbie
Après des mois d’hésitation, les représentants des 27 pays membres de l’Union européenne ont signé le 29 avril avec Belgrade un accord de rapprochement qui préfigure l’adhésion de la Serbie à l’Union.
Chine
Les premières condamnations prononcées le 29 avril à la suite des émeutes du Tibet de mars dernier, au nombre de 30, vont de trois ans à la perpétuité. Des émissaires du dalaï-lama se sont néanmoins rendus en Chine le 3 mai ; les discussions ont débuté le lendemain dans la ville de Shenzhen, au sud du pays.
Le ministre de la Santé a lancé le 3 mai une alerte sanitaire après la mort de 22 enfants victimes d’un virus intestinal qui semble se propager rapidement.
Italie
Le candidat de la droite à la mairie de Rome, l’ancien néo-fasciste Giovanni Alemanno, a nettement remporté le 28 avril le second tour de l’élection municipale, après 15 ans de gouvernement de gauche.
Cinq alpinistes français ont trouvé la mort le 1er mai dans le parc du Grand Paradis après avoir été balayés par une avalanche ; une erreur d’itinéraire pourrait expliquer le drame.
Amérique latine
Le ministre Bernard Kouchner en tournée en Amérique latine pour tenter d’obtenir la libération d’Ingrid Betancourt n’a pas réussi jusqu’ici à trouver un terrain d’entente entre les Présidents de Colombie et du Venezuela.
Tchad
Un humanitaire français, Pascal Marlinge, a été tué le 1er mai à l’est du pays par des « coupeurs de route » ; les militaires de la force européenne Eufor participent à la recherche des assassins.
Russie
Mille soldats russes supplémentaires vont « protéger » la région séparatiste d’Abkhazie contre les intentions belliqueuses que Moscou prête à la Géorgie soutenue par l’Otan.
Grande-Bretagne
Les élections municipales en Angleterre et au Pays de Galles du 2 mai ont été marquées par une déroute du parti travailliste qui a perdu environ 330 sièges de conseillers municipaux ; la victoire du conservateur Boris Johnson à la mairie de Londres n’est pas de bon augure pour le Premier ministre Gordon Brown.
Allemagne
La Chancelière A. Merkel a reçu le 1er mai le Prix Charlemagne 2008 à Aix-la-Chapelle ; ce prix récompense l’action en faveur de la cause européenne ; le Président Sarkozy a rendu un hommage appuyé à la Chancelière.
Zimbabwe
Les résultats électoraux ont finalement confirmé la victoire électorale de l’opposition, mais faute de majorité absolue un second tour sera nécessaire.
Etats-Unis
En visite à Washington le 2 mai, le Premier ministre français, François Fillon, a jugé préoccupantes les répercussions en Europe de la crise économique américaine ; il a rappelé que les échanges entre les Etats-Unis et l’Europe représentaient 40% du commerce mondial.
Au moins sept personnes ont été tuées le 2 mai dans l’Arkansas où une vingtaine de tornades se sont abattues, causant d’importants dégâts.
Palestine
L’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens a suspendu la 4 mai ses distributions d’aide alimentaire dans la bande de Gaza faute de carburant pour ses véhicules.
Birmanie
La tempête tropicale « Nargis » qui s’est abattue depuis le 2 mai sur la côte ouest de Birmanie a ravagé cinq régions, notamment celle de Rangoun, et fait au moins 350 victimes et des dizaines de milliers de sans – abri.
Sports
Football : le PSG toujours reléguable
Le PSG est toujours reléguable après son match nul face à Toulouse (0 à 0), à l’issue de la 36ème journée du championnat de Ligue 1. De son côté, Lyon reste toujours en tête de classement, malgré le nul concédé à Nice (0 à 0), tandis que Bordeaux s’est fait battre par 3 à 2 à Marseille.
Rugby : Clermont toujours en tête du Top 14
Les rugbymen de Clermont restent toujours en tête du Top 14, malgré leur défaite (28 à 35) devant Castres. De son côté, le Stade toulousain a battu Auch, lanterne rouge du classement, par 73 à 12 à Monte-Carlo.