Interview parue dans le journal PRESENCE, édité par le CNEAP
(enseignement agricole catholique)
Rencontre
Brunor, illustrateur
Le « père » de Super Castor
Derrière Super Castor se cache un illustrateur qui a plus d’une corde à son arc : Brunor est aussi peintre, compositeur et animateur de groupes de jeunes chrétiens.
Cela fait maintenant une quinzaine d’années que Super Castor s’est invité dans les pages de Présence. La « mascotte » du journal, cette bestiole débonnaire avec ses faux airs de Gaston La Gaffe, a déjà accompagné plusieurs cohortes de lycéens et d’étudiants au fils de leurs pérégrinations dans les établissements du CNEAP. Toujours sur le qui-vive, il butine de sujets en sujets apportant toujours sa touche constructive. Un autre regard, un peu décalé, porté sur les articles… Son pelage n’a pas pris une ride, ses répliques non plus. Son secret ? Le talent de son « père », Brunor qui signe les aventures de son anti-héros.
Super Castor n’est d’ailleurs qu’un des « enfants » de l’illustrateur qui collabore également toutes les semaines à La Croix et répond à de multiples sollicitations de journaux, magazines et autres ouvrages, depuis une vingtaine d’années.
La jeunesse source d’interrogations
Ce quinqua, qui sait traverser les modes et le temps sans une seule égratignure, tire sa force de sa capacité à être resté en contact avec la jeunesse à laquelle il consacre bon nombre de ses activités. C’est elle qu’il accompagne sur les chemins tortueux de la foi sous différentes formes : compositeur, il n’hésite pas à trimballer sa guitare et ses chansons pour animer des groupes de jeunes. De concerts en concerts, il séduit l’auditoire avec ses textes interprétés à la guitare électro-acoustique. Auteur de BD, il part du questionnement des adolescents pour bâtir ses livres. « Le premier, www.Jesus qui ?, l’ enquête historique, est né d’interrogations de jeunes qui me demandaient si l’histoire de Jésus était crédible », raconte-t-il. Chaque indice recensé vient alimenter le récit qui se déroule de page en page.
Une même préoccupation pédagogique est à l’œuvre dans son deuxième ouvrage L’univers imprévisible qui tente, toujours sous forme de BD, de démontrer en quoi la bible est cohérente et compatible avec le monde réel. Le tout sans préchi-précha. Car Brunor n’est pas un missionnaire. Son projet : « Rendre accessibles les informations autour du christianisme », explique-t-il. En utilisant le crayon, bien entendu !
Traiter avec humour des sujets compliqués
« Trop de personnes ont quitté l’Eglise à cause de malentendus, c’est dommage ! ». Rendre le christianisme compréhensible à ceux qui en sont loin, c’est ce qui l’intéresse – « Dans mes chansons, il n’y a pas d’Alléluias qui font fuir les non-croyants », lance-t-il –c’est d’ailleurs une aventure à laquelle il s’est attelé il y a plus de vingt ans. « A l’époque, avant de faire un passage à Tintin, je suis devenu journaliste pour le magazine de la Fondation des orphelins d’Auteuil, créée par l’abée Roussel. Or les abonnées ne sont pas forcément des croyants. Il m’a fallu trouver les mots justes pour leur expliquer des choses de la foi. Cette recherche m’a appris à aiguiser les mots pour être accessible à tous », souligne Brunor qui est également revenu au dessin grâce auquel il avait fait ses premiers pas dans le monde du travail après une licence en arts plastiques. « Je souhaitais devenir prof de dessin. J’ai toujours aimé dessiner mais je ne pensais pas pouvoir gagner ma vie avec cette activité », se souvient-il. Grâce à ce moyen d’expression, il entend trouver la manière « de traiter avec humour des sujets compliqués. Je fais en réalité des livres que j’aurais bien aimé trouver », précise-t-il. Notamment au cours des années de doute où il s’est écarté de ses origines catholiques avant de renouer avec la foi, à l’âge de 21 ans.
Ces histoires rencontrent d’ailleurs un succès croissant auprès d’un vaste public en France comme à l’étranger et ont valu à leur auteur plusieurs récompenses, notamment au festival de la BD d’Angoulême où il expose régulièrement. Aux côtés des « créateurs » les plus célèbres. Aujourd’hui, en tenue de travail – pull et baskets « qui tiennent chaud aux pieds » – c’est dans son appartement parisien qu’il met la dernière main à son prochain ouvrage La Question interdite, qui sortira le 8 décembre prochain. Un livre de théologie sous forme de BD, un projet ambitieux qui suscite bien des curiosités. Les lecteurs de l’hebdomadaire France catholique ont déjà eu la primeur de lire les premières pages. Les autres peuvent également aller sur le site de l’illustrateur pour découvrir les « bonnes feuilles ». Et se rendre compte de la diversité de la palette utilisé par Brunor : outre ses activités de compositeur et d’auteur de BD, il est également peintre. Du moins quand son emploi du temps et ses nombreux enfants, Super Castor en tête, lui en laisse le temps…
Laurence Estival