Le lundi 20 octobre, 19h, au Théâtre Laboratoire Elizabeth Czerczuk, place de la Nation à Paris, aura lieu une représentation unique – celle de la pièce d’un auteur bien vivant quoique trop méconnu, Gérard Lavayssière. Cette pièce s’intitule Bons baisers de Laponie, et raconte la déchéance d’un Père Noël aigri, traînant de scène en scène son vieil humour et son amertume, devant une fête qu’il crut jadis inventer, mais qui ne ressemble plus guère à ses rêves premiers. Le Père Noël est triste, mais son humour demeure – sorte de « politesse du désespoir », comme disait si bien Baudelaire. Et il se peut que le désespoir de ce « bisounours débonnaire », comme l’appellent ses employeurs peu scrupuleux, soit l’évènement propice pour une nouvelle espérance, c’est-à-dire un renouveau du sens de la fête, qu’il n’a au fond de lui jamais perdu !
Et qui donnera à ce Papa Noël dépressif, rompu à l’ingratitude des bambins qu’il ne sait plus aimer… qui lui donnera le nouveau « feu sacré » (expression prisée par l’auteur de la pièce) ? De quelle nouvelle étincelle jaillira-t-il ? « On meurt de ne pas savoir aimer », confesse-t-il.
La pièce aurait pu s’intituler Les Confessions du Père Noël, tant la sincérité de son discours final perce enfin toute ironie, toute tentative de diversion, d’esquive. C’est un pauvre homme que nous voyons finalement pleurer sur lui-même devant Dieu. Prions pour le Père Noël, ce cher païen, ami mal-aimé de notre civilisation plus païenne encore que lui-même ; prions pour que cet avatar des rêves occidentaux de fin d’année retrouve en Dieu même sa libéralité légendaire ; prions pour qu’il se fasse missionnaire du Christ : philanthrope, ami des hommes, et pas seulement des riches, pas seulement des « comités d’entreprise » ni des « grandes surfaces ». Prions pour qu’il devienne, ainsi que le suggère une légende russe relatée par Michel Tournier, le « quatrième roi mage », car notre foi ne doit jamais renoncer à voir le paganisme faire des merveilles – à condition qu’il admette son insuffisance essentielle et qu’il se laisse perfectionner par la Grâce ! Le christianisme n’a probablement rien fait d’autre dans nos cultures séculaires que de transfigurer le paganisme de notre condition première. Alors, le Père Noël, pourquoi pas ?
La troupe, dénommée « Troupe Maïti Girtanner » en hommage à cette grande résistante qui en fut longtemps, jusqu’à sa très récente disparition, la marraine, et à laquelle Gérard Lavayssière a d’ailleurs consacré une pièce biographique, cette troupe est composée d’élèves du lycée Saint-Jacques-de-Compostelle de Dax, encadrée par la présence active de certains enseignants (dont Gérard Lavayssière lui-même – metteur en scène), anciens enseignants et surveillants de l’établissement. Cette troupe existe depuis une trentaine d’années, à travers quelques « générations » d’élèves motivés. Cette création à Paris représente pour eux, aujourd’hui, une consécration de leurs efforts. Aussi seront-ils plus qu’heureux de transmettre aux spectateurs parisiens et aux visiteurs de passage, leur joie d’incarner la vie du Père Noël et ses à-côtés insoupçonnés. Venez découvrir la vie cachée de cet emblème méconnu. Vous ne le regretterez pas !
Marc CONTURIE
(professeur de philosophie au lycée Saint-Jacques-de-Compostelle de Dax,
membre de la troupe « Maïti Girtaner »)
Informations et réservations :
Théâtre Laboratoire. 20 rue Marsoulan. 75012. Paris. 01.43.40.79.53. Site :
www.theatrelaboratoire.com.
Plein tarif : 12€ ; tarif réduit : 8€.