On rapporte que le pape François aurait dit à un homosexuel, « Dieu t’a fait comme cela, et Il t’aime. » Ces six derniers mois, je me suis occupé de la fausse couche de trois bébés de 3 mois, du décès soudain par rupture d’anévrisme d’une infirmière en soins palliatifs, et d’un diagnostic de fin de vie pour un époux et père dans la force de l’âge. Dans ces situations, j’ai insisté continuellement sur l’amour de Dieu et la providence, et je n’ai jamais dit que c’était provoqué par Dieu.
Un des traits les plus étonnants du récit biblique de la création, est que le cosmos est déclaré « très bon ». Cela défie l’expérience humaine. En fait, dans beaucoup de cultures, le mythe de la création contient que le bien et le mal sont des éléments inhérents à la nature humaine et à l’ordre du monde. C’est ainsi que les choses sont faites.
La Genèse corrige cette erreur en révélant que le mal n’est pas enraciné dans la création, mais dans la décision abusive de l’humanité de se détourner mutuellement de Dieu et de l’ordre créé par Dieu, par le péché. En même temps, le récit de la chute d’Adam et Eve se déroule dans le contexte de l’amour continuel de Dieu et le soin de sa providence, face au péché et aux maux qu’il déchaîne.
Les écritures racontent l’histoire de Dieu qui ouvre un chemin de salut et nous délivre des effets du péché personnel et des maux qui nous adviennent pour que nous puissions partager pleinement Sa vie divine dans l’union nuptiale avec le Christ. En Jésus, nous découvrons que Dieu a annoncé cette union salvatrice quand Il a créé la race humaine en personnes sexuellement différenciées, unies dans un mariage indissoluble. (Mt XIX 56 – Gen II 24 – Is LXII 5 – Eph V 31-32)
Aussi, en dépit de la nature blessée de la race humaine et du cosmos, nous pouvons toujours affirmer que Dieu nous a créés et nous aime. Mais nous ne pouvons pas dire simplement : « C’est ainsi que Dieu m’a fait ». Si « ainsi » se rapporte à l’image et à la ressemblance de la Trinité et à l’appel à devenir membre du Christ et son épouse, alors cette définition est vraie. Si « ainsi » se rapporte aux effets mauvais du monde désorganisé ou de notre péché personnel, alors la définition est fausse.
Dieu aime les pécheurs, les handicapés, les malades, les malades mentaux, les prisonniers, les esclaves, les victimes d’abus, ceux qui ont faim, qui doutent, qui souffrent, qui meurent, etc… Dans certains cas, ces personnes ont contribué à leur situation, dans d’autres non. Dieu les aime tous, mais il ne les a pas faits ainsi.
On peut dire en vérité que Dieu tolère ces situations puisque, à l’évidence, Il choisit de ne pas entrer dans l’histoire pour empêcher ces maux particuliers de survenir. La nature de cette tolérance toutefois, justifie une grande attention de notre part. Ce n’est ni indifférence, ni acceptation, ni accueil. C’est « porter avec » (en latin toleratio) ou « souffrir avec » (en latin, compassio).
La pleine révélation de la tolérance compatissante de Dieu envers le péché et les effets du mal se trouve dans la passion, la mort et la glorification de Jésus. Précisément parce que Jésus nous aime de l’amour du Père. Il a porté dans son humanité le fardeau de tout le mal que nous faisons et que nous supportons. Ce faisant, Il a fait de nos souffrances, innocentes ou coupables, un lieu de rencontre avec Dieu et Son Amour, c’est-à-dire un lieu de conversion, de guérison et de communion.
Dieu nous apporte le salut, le « bien-être » (en latin : salus) non pas en évitant, niant ou éradiquant le mal à chaque instant, mais en changeant fondamentalement notre relation au mal à travers notre union au Christ. Il nous permet ainsi de porter et de supporter toute forme de mal qui nous afflige nous et les autres, sans entrer plus avant dans le péché.
Voilà la Bonne nouvelle que nous avons été envoyés pour vivre et proclamer : « Dieu ne nous a pas faits comme nous sommes, et Il nous aime. Voilà pourquoi Il a porté le fardeau des péchés et des maux qui déforment nos vies et nous invite à porter le fardeau avec Lui. Il souhaite nous unir à Lui pour que nous puissions partager sa vie divine maintenant et pour toujours. Et je vous aime assez pour vous dire cela. »
Faire l’expérience de l’attrait pour le même sexe, être divorcé de son conjoint, éprouver une compulsion pour abuser d’autrui, avoir une addiction, et les myriades d’autres troubles du corps, du psychisme, et de l’âme auxquels nous faisons face comme membres de l’humanité blessée ne sont pas améliorés parce qu’on les déclare l’œuvre de Dieu. Cela n’aide pas non plus de les traiter comme des péchés, si on ne les a pas voulus délibérément, ou si l’on s’est repenti du péché qui les a produits.
Ce qui est une aide, en fait la seule chose qui en fin de compte soit capable de nous soutenir, c’est la vérité à propos de notre condition d’êtres tombés et parfois de pécheurs, et l’union au Christ que Dieu nous propose. Cette union nécessite, comme l’a dit Jésus, que nous prenions notre croix chaque jour. Nous le faisons en reconnaissant nos péchés, nos désirs tordus, le poids du mal dans nos vies et dans les vies de ceux que nous aimons, et en les portant avec le Christ qui les a d’abord portés pour nous. A cause de cette union, nous pouvons porter ces fardeaux sans céder au péché.
L’Evangile, c’est cela. Ce n’est pas quelque chose qu’on cache ou dont on s’évade. Nous sommes appelés à l’annoncer au monde sans ambiguïté. En conséquence, quand notre témoignage pour Jésus est mal compris, nous sommes obligés de faire un pas raisonnable pour proposer une correction.
Si un prêtre était cité à tort à propos de l’Evangile dans le journal local ou par un paroissien qui raconterait publiquement une rencontre privée, le prêtre aurait le devoir de porter remède à cette erreur. J’ai moi-même dû faire face à cette situation.
La solution est simple, et n’entraine ni accusation, ni tromperie, ni violation de confidence. Un prêtre n’a pas besoin de dire autre chose que : « la position qu’on m’a attribuée est erronée. Cela change le caractère de l’Evangile du Christ que je professe (ou le contredit). Je regrette tout malentendu, et suis heureux de clarifier ce sujet ».
En faire moins ferait du mal à ceux qui auraient été induits en erreur par ce rapport. De plus, mon frère, un prêtre, devrait insister dessus, avec charité, mais aussi fermeté.