L’information diffusée hier à la première heure par Radio Notre-Dame, annonçant l’assassinat de M. Shahbaz Bhatti, est d’une extrême gravité. Le ministre pakistanais des minorités religieuses, lui-même chrétien, a été tué dans un contexte extrêmement tendu pour ses coreligionnaires à qui est refusée le droit minimum à la liberté de conscience et à la liberté religieuse.
Dans la législation du Pakistan, a été réintroduit et aggravé dans les années 1980 un interdit du blasphème, lourd de menace pour ceux qui n’appartiennent pas à la confession musulmane et même pour les musulmans. Une chrétienne, Asia Bibi est emprisonnée depuis des mois sous la fausse accusation d’avoir insulté le Prophète. Le gouverneur du Penjab, Salman Taseer, a été assassiné le 4 janvier dernier par son propre garde du corps… depuis célébré comme un héros par les partisans de cette loi sur le blasphème.
S’il y avait une première leçon à tirer de tout cela, c’est le bien fondé de la reconnaissance dans le droit des nations de la liberté religieuse. Ceux qui ont contesté le concile Vatican II, à propos de sa déclaration sur ce sujet, n’ont pas compris qu’il n’était nullement question d’ériger en principe le relativisme philosophique et religieux. Il est bien stipulé dans ce texte l’obligation impérative de rechercher la vérité. Mais celle-ci ne saurait s’imposer par des moyens coercitifs qui aliéneraient le sens du vrai et du bien. La doctrine constante du christianisme stipule la liberté radicale de l’acte de foi.
D’où la nécessité de garantir l’exercice de cette liberté dans le droit des États. Les chrétiens du Pakistan sont amenés à réclamer un changement de législation, sans compter qu’ils devraient disposer de la sécurité qui est inscrite en tête des déclarations des droits de l’homme.
Heureusement en France, nous disposons de cette sécurité et de la possibilité de vivre librement notre foi. Cela n’empêche pas que certaines personnes sont menacées, tels certains convertis au christianisme, telles des communautés accueillant des postulants au baptême et des catéchumènes. Un Joseph Fadelle, Irakien converti au christianisme et réfugié en France, ne peut pas apparaître visage nu à la télévision française sans mettre en péril sa vie.
Il y a donc urgence d’un consensus international pour protéger les libertés les plus fondamentales. Ce qui se passe actuellement dans le monde arabe, espérons-le du moins, pourrait y aider.
Chronique lue le 3 mars à Radio Notre-Dame
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GENEVE, 2 mars 2011 (AFP) – Pakistan: l’ONU appelle à réformer la loi sur le blasphème après la tragédie
Pour aller plus loin :
- SHAHBAZ BHATTI, QAMAR DAVID, martyrs chrétiens du Pakistan
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- « Asia Bibi n’a jamais perdu la foi »
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
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