Bioéthique et pensée unique - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Bioéthique et pensée unique

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Éditorial comminatoire dans Le Monde d’hier ! Notre pays deviendrait le plus retardataire d’Europe concernant les lois bioéthiques. En un mot, notre législation serait corsetée par le conservatisme. Horreur… Pour les bourgeois éclairés qui rédigent notre quotidien de référence ( ?), nous serions en pleine régression.

Faut-il comprendre qu’il n’y aurait de légitime que la seule voie dite progressiste, celle qui n’hésite pas à transgresser joyeusement tous les interdits et à s’adapter résolument à ce qu’on appelle les évolutions de société ? Oui, il le semble bien. Notre éditorialiste cache à peine sa colère : « Trois ans d’intenses débats, des États généraux organisés à grand frais dans tout le pays, des avis consultatifs rendus par toutes les instances de réflexion sur l’éthique pour, finalement, décider de ne rien changer. »

Pardon, mais c’est un peu vite dit. Est-ce parce que la réflexion déployée lors des états-généraux n’a pas correspondu aux vœux, voir aux diktats d’un certain courant, qu’il faut la considérer comme non avenue. N’y aurait-il qu’une seule voie d’autorisée, les autres étant condamnées pour non conformité aux canons d’un certain progressisme, scientiste, eugéniste, voir financier ?

Faut-il donc invalider par principe les convictions de ceux qui se réclament de la foi chrétienne ? C’est aussi ce que j’ai entendu de la bouche du professeur Friedman présent hier sur toutes les chaînes de télévision, et y affirmant que tout ce qui ne se rangeait pas sous la bannière de la laïcité, telle qu’il l’entend, relevait en somme du fondamentalisme et de l’obscurantisme.

Force est de constater que nous sommes en climat idéologique totalitaire, où la seule expression d’un désaccord est mal venue. Peu importe que les chrétiens s’expriment sur le terrain de la bioéthique dans un langage commun, accessible à tous, ils sont interdits de parole par définition. Que dire alors d’un Jacques Tertart qui, depuis très longtemps, s’est signalé par son refus argumenté d’un nouvel eugénisme ? Que dire du grand philosophe allemand Jürgen Habermas, qui, ces dernières années, s’est opposé de front aux dérives bioéthiques au nom de son humanisme, par ailleurs ouvert à la révélation biblique ?

Décidément, il faut presque de l’héroïsme aujourd’hui pour contrer les pesanteurs de la pensée unique, celle qui n’admet aucune dérogation à sa toute puissance. Espérons que nos parlementaires sauront résister, ne serait-ce qu’au nom de la liberté et de la dignité humaine.

Chronique lue le 9 février à Radio Notre-Dame