Big Brother vous surveille - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Big Brother vous surveille

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Big Brother menace-t-il le vieux continent ? Non, il ne s’agit pas d’un fantasme exploité par un auteur de science fiction. C’est le très sérieux éditorialiste du Monde qui agitait la menace hier, tandis que le grand titre de une était catégorique : « Surveillance électronique : comment Washington espionne les Européens ». C’est d’ailleurs un véritable feuilleton qui s’écrit ou se déroule dans nos médias, avec un espion qui se cache à Hong-Kong après avoir sonné l’alerte contre son propre pays, les États-Unis, où il a déclenché une sacré pagaille. Héros ou traitre, la question est désormais posée, alors que démocrates et républicains réclament des poursuites judiciaires contre ce Snowden qui chercherait un asile diplomatique. Marine le Pen a été la première à demander que la France accueille l’homme qu’elle remercie « d’avoir eu le courage et l’immense mérite de révéler à l’humanité une menace très grave contre la démocratie et nos libertés publiques ».

Il est plus que vraisemblable que l’on n’en restera pas là et qu’un débat acharné va se poursuivre à l’échelle internationale. Les États-Unis qui sont pourtant, depuis leur fondation, si vigilants en matière de libertés individuelles, ont une bonne raison pour développer leur système de surveillance à l’échelle mondiale, c’est la menace terroriste. Et à l’heure où la révolution technologique a étendu à la planète entière ses réseaux de communication, la cyber surveillance est devenue un système institutionnel. Les pays européens pratiquent néanmoins encore certaines formes de résistance afin de protéger leurs ressortissants. Mais il y a une sorte de logique infernale de la technique, surtout la plus sophistiquée, qui mène à la surveillance universelle.

C’est, dira-t-on, l’envers d’une nouvelle civilisation dont le plus grand nombre tire de fieffés avantages. Qui, d’ailleurs, voudrait se priver de son téléphone portable et de tous les instruments qui encadrent nos vies de citoyens évolués ? Et puis il y a un dogme du progrès fatal, inéluctable, contre lequel ne se dresseraient que les réactionnaires nostalgiques de l’âge de pierre. J’exagère bien sûr, parce qu’une réflexion sérieuse s’impose. Le progrès peut être une machine qui échappe aux apprentis sorciers que nous sommes peu ou prou. Malheureusement, les penseurs qui ont été les prophètes de l’ambiguïté de la technique ne sont pas bien en cour. Günther Anders, Jacques Ellul, vous connaissez ? Non ? C’est bien dommage !

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 12 juin 2103.