Mgr Georges Pontier, président de la Conférence des évêques de France a prononcé hier un discours d’introduction à l’Assemblée plénière de printemps qui se tient à Lourdes cette semaine. On lira ce texte avec intérêt, notamment sur le site de la Conférence. Les commentateurs politiques se saisiront de la partie qui concerne les échéances électorales. On y retrouvera certaines inflexions propres au pape François, notamment sur le pouvoir de l’argent et la pauvreté : « Le rapport à l’argent peut aveugler et empêcher de percevoir le drame profond que vivent ceux qui n’ont pas accès au travail, à un logement digne, à la culture. » Je note aussi un point important et peut-être inédit : « Notre société apparaît bien divisée. Faut-il s’en accommoder ? C’est à cette réflexion que nous invitera M. Pierre Manent jeudi. Nous la poursuivrons en échangeant sur notre ministère de communion dans nos diocèses et au sein de nos presbyterium devenus de plus en plus divers. »
Personnellement, je me félicite de cette réflexion à propos de la diversité et de l’unité, ayant marqué plusieurs fois mon inquiétude à propos de l’éloignement d’une partie importante de la population par rapport aux positions de l’Église. Il s’agit notamment de ce qu’on appelle la France périphérique, celle qui est la plus éloignée des pôles de croissance en phase avec la mondialisation. Cette France périphérique correspond d’ailleurs aux zones où le maillage ecclésial s’est trouvé le plus affaibli. L’idée de recourir à l’expertise de Pierre Manent est vraiment excellente, car c’est un politologue de premier ordre, autant par la profondeur de sa culture que par le regard aigu qu’il projette sur l’évolution de nos sociétés. Catholique sans complexe, c’est aussi un esprit indépendant qui a le don de faire saisir la complexité d’une situation avec ses coordonnées inattendues. À ceux qui désireraient s’initier à sa pensée, je recommanderais la lecture de son article paru dans le dernier numéro de la revue Commentaire sous le titre « La tragédie de la République ». Attention, l’auteur ne veut pas répandre la peur, mais retrouver le sens des responsabilités et l’audace de la décision. Tout un programme.