Il se passe dans notre société actuelle bien des événements qui laissent pantois un individu normal. Tellement, en fait, que le plus simple serait parfois de laisser tomber et poursuivre comme si de rien n’était. Il semble en être ainsi du récent discours (26 avril 2013) prononcé par le Président Obama devant le Planning familial, discours révoltant — premier discours du genre prononcé par un Président en exercice dans l’histoire de l’Amérique. Il ne faut ni laisser passer, ni oublier. Pas un seul instant.
Ce précédent historique n’est pas seul à mettre en exergue, aussi grave soit-il dans un pays profondément divisé au sujet de l’avortement. Notons la manière dont le Président des États-Unis s’est appliqué à parler de tous ces Américains — plus de la moitié de la population, si on en croit les sondages — qui se déclarent pro-vie et agissent selon leurs convictions comme « menaçant les droits fondamentaux à la santé pour les femmes. » Il a tenu le même genre de langage à de nombreuses occasions à propos de la couverture obligatoire du système de santé « Obamacare ». 1
Le Président peut bien ne pas les considérer comme « s’opposant aux forces du mal », ce qu’il déclare avoir en horreur. Il y a quelque temps, alors que les dirigeants de l’Université Notre-Dame étaient encore assez naïfs pour inviter Obama et lui remettre un diplôme honoris causa — avant donc que l’université se joigne à d’autres établissements, catholiques et non catholiques, pour se défendre devant les tribunaux contre le système « Obamacare » — il déclarait:
« Rendons hommages à la conscience de ceux qui rejettent l’avortement, et trouvons une clause de conscience sensée… il est de fait qu’à certains niveaux les positions des deux camps sont irréconciliables. Chaque camp poursuivra sa démarche devant le public avec passion et conviction. Mais il est certain que l’on peut s’opposer sans tomber dans la caricature. »
C’était agréable à entendre, mais je n’y croyais alors pas trop. Et maintenant, c’est bien plus net. Une fraction du peuple américain considère les autres comme comme tenants d’une sorte de Ku Klux Klan. Qui d’autre envisagerait de refuser à autrui des « droits fondamentaux » ? Avec ce genre de langage incendiaire et cherchant à enfoncer le clou — Obama et autres traitent de même la question du « mariage gay » — il peut gagner quelques points d’estime en certains endroits, mais il sème la discorde dans le monde politique. Où est le bon vieux temps quand il n’y avait pas des « États rouges » et des « États bleus », mais seulement des États Unis ? 2
Les évêques catholiques, comme quiconque soucieux de liberté religieuse ne devraient pas prendre à la légère ce dernier développement. On peut vivre avec quelqu’un dont on croit qu’il se trompe sur certains sujets pourvu qu’il soit plein de bonne volonté. Mais on ne peut tolérer le Ku Klux Klan.
Si vous vous sentez en état de digérer ce discours de bas étage, vous découvrirez d’autres surprises dans le texte livré au Planning familial. Comme d’habitude, les doux mensonges, subtils et bien tournés concernant les activités réelles du Planning familial.
Selon le discours présidentiel, il semble qu’une horde d’individus à l’esprit dérangé (présents en nombre au Parti Républicain) sont hostiles au Planning familial parce qu’ils veulent refuser aux femmes l’accès à certains soins de santé comme les mammographies. On ne voit pas très bien pourquoi ces cinglés veulent supprimer certains soins de santé, mais c’est sans doute pour remonter le temps et priver les femmes des progrès, bref, sans doute une guerre de domination des femmes par les hommes.
Il y a bien longtemps, on aurait pu attendre d’un journaliste courageux qu’il interpelle l’administration pour comprendre comment on peut tolérer des gens aussi pervers pour mener une telle guerre. Mais si on laisse libre cours à cette mentalité, on peut bien voir comment certains groupes, dont l’Église catholique, l’Église épiscopalienne, les juifs orthodoxes, les musulmans traditionnels, et même de simples citoyens laïques, seront considérés dans un proche avenir par les « Citoyens Authentiquement Véridiques ».
Alors, lisons la suite:
« Quarante ans après le verdict de la Cour Suprême reconnaissant le droit constitutionnel des femmes à la personnalité intime, y-compris au « libre choix », nous ne devrions pas avoir besoin de rappeler qu’en ce qui concerne la santé des femmes aucun politicien ne devrait se mêler de décider ce qui est le mieux pour vous. Aucun assureur ne devrait décider à quel genre de prestation vous pouvez prétendre. La seule personne apte à prendre des décisions pour votre santé, c’est vous (applaudissements). C’est pourquoi nous avons tant lutté pour que la réforme du système de santé devienne une réalité (applaudissements).»
Vous savez quoi ? Avant même que la réforme soit votée, nombreuses étaient les objections sur des pans entiers du système Obamacare qui, d’évidence, impliqueraient le gouvernement dans des procédures moralement répréhensibles. Et on nous a dit — parfois même des dirigeants religieux — que ces questions pourraient être atténuées tandis qu’on cherchait à établir un système de santé plus équitable pour tous. (Note personnelle : attention aux discours sur les systèmes et programmes à venir.) Et maintenant, le Président en personne nous dit que c’est le « droit de choisir » qui a été le plus dur dans le combat pour que la réforme du système de santé devienne réalité.
Comme d’habitude, tout l’exercice s’est résumé à une plaidoirie de politique toute nue : les braves gens du Planning familial, et leurs associés, leurs amis, leurs relations, leurs garagistes, leurs dentistes, leurs teinturiers, et leurs coiffeurs pour chats se rassemblent avec le président pour expliquer combien merveilleux est le système « Obamacare ». Le président n’a guère pu vendre sa marchandise et ses mérites, il y a déjà des remous avec les décrets d’application que même des membres de son parti commencent à dire en public plutôt gênants.
Mais le pire peut arriver lorsque « Obamacare » sera mis en service. Il nous a dit pourquoi il a lutté si fort pour ce projet. Même s’il comptait par ce discours sur un avantage politique, ne nous étonnons pas si ceux d’entre nous qui le réfutent seront bientôt considérés comme politiquement indésirables.
Robert Royal.
NDT: commentaire publié sur le site www.cnsnews.com à propos du discours du président Obama au Planning familial : « pendant le discours, d’une durée de 12 minutes, 7,6 avortements ont été pratiqués par le Planning familial. »
http://www.cnsnews.com/news/article/obama-12-minute-speech-planned-parenthood-time-76-abortions-planned-parenthood
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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/coming-soon-the-kkkatholic-church.html
- NDT: obligation pour les employeurs de contracter une assurance-santé couvrant la contraception, la stérilisation, l’avortement.
- NDT: rouges, à majorité de Républicains – bleus, à majorité de Démocrates.
Pour aller plus loin :
- INTRUSION DE LA THEORIE DU GENRE A L’ECOLE ET DANS LA SOCIETE
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Quand le virtuel se rebelle contre le réel, l’irrationnel détruit l’humanité
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Jean-Paul Hyvernat