Bien commun et mal peu commun - France Catholique
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La justice de Dieu
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Bien commun et mal peu commun

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Ces derniers temps, j’ai beaucoup entendu parler de « bien commun » mais pas beaucoup de « mal commun «. Le bien commun ne signifie pas qu’il existe une formule fixée que nous essayons de concrétiser pour améliorer nos relations les uns avec les autres. Une telle idée est responsable d’un mal important dans le monde moderne.

En vérité, le bien commun signifie cet ordonnancement par lequel les personnes et les groupes de personnes, unis par un projet commun, peuvent prospérer par leurs propres raison, habitudes et liberté. Ça ne veut pas dire que chacun fait les mêmes choses ou a les mêmes tâches, talents, récompenses ou fardeaux. Bien au contraire. Alors une large variété de richesses peut surgir sans contrainte dans tous les domaines.

La spécialisation de Platon requiert que nous reconnaissions que nous ne pouvons pas tout faire nous mêmes. Si nous essayions de le faire, nous serions tous plus pauvres. L’homme, comme animal politique, doit établir un ordre au sein duquel les biens particuliers de chacun sont obtenus par son travail et des échanges équitables avec les autres. L’état en lui même n’est pas un bien commun ou une réalité importante, mais un ordonnancement au sein duquel, moyennant une activité, des marchandises peuvent être créées et distribuées par des êtres humains raisonnables. Le processus n’est pas magique.

Mais, « le mal commun » ? Dans la définition traditionnelle, le mal est l’absence d’un bien qui devrait normalement être là. Par conséquent, le mal n’est pas la présence d’une chose mais son absence au sein de quelque chose de bon. Sur le plan moral, le mal désigne le manque délibéré à donner la bonne mesure à nos paroles et actions librement choisies. Le mal ne peut exister qu’au sein d’un bien.

Par conséquent, quand nous sortons un « bien » d’un « mal », nous ne rendons pas bon ce qui est mauvais. C’est plutôt que nous prenons ce qui a toujours été bon dans des choses qui ont fait du mal et que nous développons ce bien. C’est le sens de la repentance, qui admet que le bon originel était effectivement bon. Aussi bien, le bien ne peut devenir mal pas plus que le mal ne peut devenir bien.

Cependant, comme chrétiens, nous percevons que quelque chose de plus doit être dit. Le mal est davantage qu’un concept philosophique de manque, bien qu’il soit aussi cela. Le mal semble personnifié. Quelqu’un veut dialoguer avec nous et nous convaincre que le mal est bien.

Le pape François a dit que le Démon nous hait. Il ne mâche pas ses mots. Il ne parle pas d’un manque neutre. Il parle d’une haine formelle du bien parce qu’il est le bien. Seules des personnes peuvent haïr. Lucifer est un ange qui a rejeté Dieu en appelant le mal « bien », en convainquant d’autres créatures rationnelles de transformer le bien en mal.

L’étique classique et la philosophie morale nous donnent un catalogue des vertus et des vices. Habituellement, il y a deux vices pour chaque vertu, ce qui est à la fois trop et trop peu. Nous trouvons dans les écrits de Platon le sentiment que nos vices ne sont pas seulement des faiblesses ou des erreurs mais des objets passibles de jugement. C’est à bon droit que Platon se désole si le monde est créé soumis à l’injustice et si les vices ne sont pas finalement punis. Cette considération l’amène à postuler l’immortalité de l’âme comme garantie que personne ne puisse être quitte de faire le mal, quand bien même il mourrait couvert de gloire humaine mais chargé de péchés.

Le christianisme apporte une explication plus profonde du péché, même si pas forcément en désaccord avec Platon. Le Christ affirme que le royaume du Démon ne peut tenir s’il est divisé. Cette indication, telle que je la comprends, signifie que nous trouvons un enchaînement logique des troubles et écarts du bien, comme le sous-entend Aristote, et une présence active. Cette logique agit par des humains prédisposés qui consentent pas à pas à des écarts par rapport au bien, chacun étant pire que le précédent.

Ceux qui sont familiarisés avec la littérature spirituelle se rappelleront que les Pères de l’Eglise avertissaient les moines que le péché commençait avec des choses très légèrement déviantes. Cependant, rien ne reste immuable. Ou le mal est reconnu et combattu, ou un nouveau pas est effectué. En définitive, cela conduit à appeler le mal « bien », toujours au nom de la poursuite du bien, mais d’une façon contraire à la raison ou aux commandements.

Ce que je considère comme « mal commun » existe à ce jour dans notre ordre public sous la forme d’une haine du bien lorsqu’il s’incarne dans une vie humaine innocente par la procréation. Il semble clair que la haine finale sera pour l’innocent en état de faiblesse. Quand nous regardons les étapes qui justifient cette position, nous ne pouvons éviter de voir un modèle constant de pervertissement qui conduit les politiques, les juges, les experts les professeurs et les gens ordinaires.

Pour terminer, ils se justifient en se mentant à eux-mêmes, prétextant qu’ils travaillent pour le bien commun, alors qu’en fait ils promeuvent sans limites un mal « peu commun ».


Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/common-gooduncommon-evil.html

Photo : « Je me suis fait avorter !  » Appeler bien un mal…