Article « Bernanos et les bien-pensants » paru dans Libération.
Dans sa Semaine de l’écrivain (Libération du 23 août), l’éditeur Jean-Paul Enthoven cite, après tant d’autres, une expression attribuée à Georges Bernanos : «Hitler a déshonoré l’antisémitisme.» Il la prend naturellement de haut, du haut sans doute de la propreté morale et du talent chic qu’il s’accorde, suggérant que l’écrivain le plus honnête et le moins calculateur de sa génération a voulu «se démarquer d’une postérité trop zélée» : en résumé, qu’il a cherché à blanchir, comme un malin, son vieil antisémitisme. Georges Bernanos est ainsi non seulement dégradé mais, une fois de plus, au détour d’une phrase, engagé dans l’emploi de bonne à tout faire de l’antisémitisme.
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