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Nous avons tous vu hier soir les images de Berlin en fête pour le vingtième anniversaire de la chute du mur. Images fortes marquées par la présence de nombreuses figures et en particulier de deux hommes que l’on peut vraiment qualifier d’historiques : Lech Walesa et Mikhail Gorbachev. Nous avons vu le premier enclencher le mouvement d’effondrement symbolique d’un mur reconstitué. Nous avons vu le Polonais et le Russe, entourer Angela Merkel, lors de la traversée du fameux pont où se faisait jadis l’échange des prisonniers entre l’est et l’ouest. Rien ne semblait indiquer un différend entre Walesa et Gorbatchev. Et pourtant, nous savons que l’ancien dirigeant de Solidarnösc a voulu faire une mise au point très directe à propos de l’effondrement global du système communiste. Il a nié fermement que Gorbatchev y fut pour quelque chose. J’avoue que là je ne suis pas complètement d’accord avec lui. Notre ami Vladimir Fédérovski, qui était l’invité de Radio Notre-Dame il n’y a pas si longtemps, a pu expliquer comment le dernier dirigeant de l’Union Soviétique avait évité la catastrophe. Sans sa volonté tenace d’éviter le bain de sang, les choses auraient pu tourner tout autrement à Berlin en 1989. En revanche, je ne puis qu’appuyer Lech Walesa lorsqu’il rappelle que c’est au pape polonais que l’on doit l’impulsion initiale qui a permis le processus qui a mené jusqu’au 9 novembre 1989. Walesa est catégorique : c’est à 50% qu’il faut évaluer le rôle de Jean-Paul II.
Heureusement que l’ancien ouvrier de l’usine de Dansk est revenu mettre les pendules à l’heure. Combien de comptes rendus ou de rappels des événements d’il y a 20 ans et plus ont proprement passé sous silence le rôle du pape dans cette période. Cette façon de réécrire l’histoire rappelle les méthodes soviétiques où l’on faisait disparaître des documents photographiques les figures devenues indésirables en dépit du rôle essentiel qu’elles avaient joué dans les premières années de la révolution bolchévique. Il est quand même inimaginable que les médias oublient de rappeler quel ébranlement pour le monde entier fut, en 1978, l’élection du pape venu de Cracovie. Il faudrait par exemple relire l’excellent livre de Bernard Lecomte intitulé « La vérité l’emportera toujours sur le mensonge » et qui montre comment Jean-Paul II a changé l’histoire. Il faut rappeler la date du 2 juin 1979 où pour la première fois le pape polonais regagne sa patrie. Il est à Varsovie sur la grande place de la Victoire où il célèbre la messe devant 300 000 personnes. Et il martèle en ce lieu dévolu aux grandes manifestation du communisme athée: « Nul ne peut exclure le Christ de l’histoire de l’homme en quelque partie du globe. Exclure le Christ de l’histoire est un acte contre l’homme. » Le message fulgurant traverse toute la Pologne, rassemble d’immenses foules, fait surgir Solidarnösc. Le système communiste est ébranlé et il ne pourra venir à bout d’une contestation dont le dirigeant visible est le vicaire de Pierre. Merci à Lech Walesa de nous avoir rappelé l’immense mémoire de l’homme qui a changé le monde.
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