Benoît XVI a donc envoyé hier son premier tweet et on envisage au Vatican de dépasser bientôt le cap du million d’abonnés (ndlr. C’est maintenant le cas). Comment ne pas s’en féliciter ? L’Église n’est pas en retard dans l’accès aux nouveaux moyens de communication et on repère même de véritables virtuoses de la formule percutante chez des prêtres qui réagissent au quart de tour pour définir leur position dans le débat ou l’événement du jour. Il faut évidemment continuer dans le même sens, d’autant que des résultats concrets ont été obtenus grâce à cette communication performante. Un hebdomadaire très engagé en faveur du mariage gay s’inquiétait récemment de la campagne d’opinion qui est en train de faire bouger les lignes.
De fait, les sondages rendent compte du trouble désormais sensible d’une population qui commence à percevoir les véritables enjeux d’une réforme du mariage. C’est donc que la communication en cours va au-delà des slogans, qu’elle s’adresse au jugement des personnes en leur ouvrant un champ de réflexion qu’elle n’avait pas encore exploré. La cause homosexuelle suscitait jusqu’alors la compassion et on pensait que l’accès au mariage dit pour tous assurerait une normalisation à l’encontre des persécutions qui avaient provoqué toute une révolte depuis les années soixante. Aujourd’hui, on comprend que le mariage est l’institution qui assure la continuité généalogique et assure la sûreté des liens de filiation. Avec l’accès possible à la procréation médicalement assistée (PMA) se profile la menace d’une fabrique des enfants en dehors des liens d’une paternité et d’une maternité normatives.
Oui, on a bien raison de perfectionner ce système où notre voix singulière doit se faire entendre dans un concert qui, sans nous, risquerait de tourner à la cacophonie. Que le Saint-Père ajoute sa voix à ce concert, c’est un atout de plus, car on pressent que les formules qu’il lancera auront une densité qui portera à la concentration intérieure. Mais attention, la communication n’est pas tout. Les liens de proximité, le face à face n’ont rien perdu de leur nécessité. Il faudra toujours ces paroisses dont le seul nom ravissait Charles Péguy. Et à l’heure où nous célébrons le 850e anniversaire de notre merveilleuse cathédrale Notre-Dame de Paris, nous savons qu’un tel lieu habité nous aide à vivre. Notre-Dame est un lieu miraculeux où nous refaisons nos forces dans la contemplation de la beauté et la certitude presque physique, comme le disait Claudel, de la présence du surnaturel.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 13 décembre 2012.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Quand le virtuel se rebelle contre le réel, l’irrationnel détruit l’humanité
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.
- Édouard de Castelnau
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918